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transat © charlotte_henard (flickr)

5 façons d’aider la biodiversité depuis son transat (ou presque)

Sciences participatives

 

Vous avez un peu de temps durant les vacances et un bout jardin ? Profitez-en pour faire des sciences participatives. 5 protocoles vous attendent !

Les vacances d’été sont le moment idéal pour s’adonner à l’observation de la biodiversité. Pour cela, nul besoin d’enfiler ses chaussures de randonnée ou un masque de plongée, encore moins de traverser la planète. D’autres milieux plus accessibles sont en ce moment le théâtre d’une explosion de vie : notre jardin, notre quartier, les alentours immédiats !

Quel plaisir en effet d’observer, au-dessus des fleurs, une frénésie de gros bourdons flanqués de sacs de pollen. Et celui de mettre un nom sur une plante soudainement apparue au pied du lampadaire de notre rue. Là, devant chez nous, la nature est à notre porte. À nos pieds ! Encore faut-il s’y attarder un peu.

Le dernier rapport de l’IPBES nous le rappelle : la biodiversité dégringole sévèrement et à tous les niveaux. Un quart des 100.000 espèces évaluées est déjà menacé d’extinction.

Mais le plus inquiétant portent sur celles qu’on appelle, peut-être improprement désormais, les espèces « communes » ou « ordinaires » : insectes, oiseaux, plantes sauvages… Si on ne parle pas (encore) d’extinction, on sait que les populations se réduisent comme peau de chagrin.

Face à ce déclin plus discret, les chercheurs ont besoin de données massives pour affiner le diagnostic et mettre en évidence les causes précises du mal. La perte des habitats ? Les pollutions ? Le réchauffement climatique ? Les espèces exotiques envahissantes ? Il est évidemment impossible de placer un chercheur dans chaque quartier, chaque jardin ou square public, c’est pourquoi nous faisons appel à vous.

À tout âge, faire avancer la connaissance

Depuis plus de dix ans des milliers de contributeurs bénévoles ont intégré le programme Vigie-Nature du Muséum national d’Histoire naturelle. Ces derniers nous font parvenir quotidiennement de précieuses informations sur un grand nombre d’espèces aux quatre coins de la France.

Preuve que ces sciences participatives sont avant tout des sciences, nous affichons plus d’une centaine de publications scientifiques parues dans des revues internationales. Parmi les résultats acquis grâce aux participants : 50 % de papillons en moins dans un jardin utilisant des pesticides ; un changement massif des communautés de plantes à l’échelle du pays face au réchauffement climatiques ; 1/3 des populations d’oiseaux en moins dans les campagnes françaises en 25 ans…

Nous devons maintenir nos efforts. Vos observations sont nécessaires pour avancer dans nos recherches, produire des indicateurs, élaborer des statistiques indispensables à la mise en œuvre de politiques vertueuses.

Tous, de 7 à 77 ans, avec ou sans connaissances, vous pouvez donc apporter votre pierre à l’édifice tout en faisant connaissance avec le vivant qui vous entoure. D’une pierre deux coups. Voici 5 façons d’y contribuer pendant les vacances.

1. Photographiez les insectes pollinisateurs

Amateur de photo nature, le spipoll (suivi photographique des insectes pollinisateurs) est pour vous ! Placez-vous devant quelques fleurs de la même espèce. Dégainez votre appareil et tentez de prendre en photo tous les insectes qui viennent les visiter pendant 20 minutes.

Il faut faire vite, être attentif, car les pollinisateurs ne sont pas du genre à prendre la pose… Une fois que tout ce petit monde se trouve dans la boîte, à vous de les identifier. Une clé de détermination accessible sur le site vous permettra, après examen de quelques caractères, de donner un nom à vos abeilles, bourdons, mouches et autres insectes floricoles du jardin. 600 espèces à découvrir, un monde insoupçonné à votre porte !

Les « spipolliens » – comme s’appellent entre eux les participants – vous aideront en ligne avant que vous-mêmes n’aidiez les futurs participants. Côté chercheur, les collections de photos visent à étudier les réseaux de pollinisation, c’est-à-dire les interactions complexes entre plantes et insectes.

2. Comptez les papillons

C’est le plus simple à réaliser. Dès que vous apercevez un papillon dans votre jardin, identifiez-le grâce aux fiches pédagogiques disponibles sur le site : 28 espèces ou groupes d’espèces vous attendent. Il s’agit pour vous d’évaluer pour chaque espèce identifiée le nombre d’individus présents simultanément dans votre jardin (ou une partie du jardin public pas loin de chez vous, ou de votre maison de vacances).


Renouvelez ces comptages chaque semaine si vous le souhaitez. L’Opération papillon peut se pratiquer en jardinant, en prenant l’apéritif en terrasse et même en lisant un livre sur votre transat… Il suffit parfois d’une ombre sur l’herbe, sur votre page, d’un simple battement d’ail qui vous interpelle pour découvrir un papillon jusque-là inconnu. Les comptages commencent quand vous êtes dans votre jardin et s’arrêtent quand vous n’y êtes plus. Quoi de plus simple ?

En participant vous apportez des informations sur l’abondance des papillons de jour. Vous aidez aussi les scientifiques à comprendre l’impact de l’urbanisation, du climat ou encore des pratiques de jardinage sur ces espèces. Et surtout, votre jardin ne sera plus jamais comme avant, égaillé de petite tortue, vulcain et autre tabac d’Espagne.

3. Comptez les oiseaux

Même principe que précédemment, le référencement portant cette fois sur les oiseaux. Le but du jeu ? Choisissez une durée d’observation – 20 minutes, 30 minutes, une heure —, installez-vous sur votre table de jardin et comptez les espèces qui se présentent. Leur diversité impressionne.

Sur les vingt espèces très fréquentes, combien serez-vous capable de reconnaître ? Si on vous dit troglodyte mignon, fauvette à tête noire, pouillot véloce ? Pourtant, il y a de fortes chances que certains se soient déjà aventurés chez vous… Une fois le comptage effectué, saisissez ensuite, comme toujours, vos données sur le site de l’observatoire.

Ces informations permettent aux chercheurs de suivre, dans le temps, les populations d’oiseaux partout en France. Et de répondre à des questions fondamentales : quand et pourquoi les oiseaux visitent les jardins ? Quels sont les effets du climat, de l’urbanisation et de l’agriculture sur cette biodiversité ?

4. Identifiez les plantes sauvages

Depuis l’arrêt des produits phytosanitaires sur les voies publiques, la flore sauvage reprend ses droits dans les villes de France. Sauvages de ma rue vous propose de partir à leur découverte et de les démasquer.

Car si nous passons tous les jours devant, que savons-nous de ces petites fleurs qui jalonnent nos trottoirs ? Choisissez une rue ou une portion de rue et identifiez toutes les plantes que vous croisez. Pas de panique, vous disposez d’un outil magique : la clé d’identification.

Forme des feuilles, couleur des pétales… en répondant correctement à quelques questions vous obtiendrez rapidement le nom de l’espèce, accompagnée de croustillantes anecdotes sur ses vertus médicales ou gustatives, son écologie et sa biologie.

Grâce à vous les chercheurs parviennent petit à petit à référencer les plantes sauvages de l’hexagone. Reste à percer plusieurs secrets de cette flore des trottoirs : comment évoluent-elles avec le changement climatique ? Lesquelles apparaissent et disparaissent ?

5. Explorez la laisse de mer

Les chanceux qui se trouvent sur le littoral peuvent aussi mettre la main à la pâte. Plages-vivantes propose une immersion dans la laisse de mer. Cette bande d’algue qui s’étend le long des plages mêle toutes sortes de débris apportés par les flots : algues, coquillages, déchets liés aux activités humaines…

Un écosystème très riche qui contribue à l’équilibre naturel des plages. Afin de comprendre cet habitat peu connu et menacé (ramassage des débris, pollution…), les scientifiques vous mettent au défi : parcourez une laisse de mer sur 25 mètres et tentez d’identifier les algues grâce à une clé d’identification.

Les espèces d’algues diffèrent-elles d’une plage à l’autre ? À plus grande échelle, les chercheurs vont suivre leur distribution spatiale au cours du temps sur l’ensemble du littoral. Il semblerait que le réchauffement de l’océan entraîne un glissement vers le nord de certaines espèces. Mais quelles espèces sont concernées ? À quelle vitesse se déplacent-elles ?

À vous de jouer !

 

Hugo Struna et Romain Julliard, Professeur d’écologie, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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