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EN DIRECT DE VOS JARDINS #3- Pour faire son nid, tout est permis !

Sciences participatives

 

Un participant nous a transmis une photo pour  le moins troublante : une Mésange bleue transportant... des poils de chat. L'occasion de revenir sur la fascinante période de nidification des oiseaux que nous pouvons apprécier en ce moment.

 

nidification © Fredo la Lune

Une Mésange bleue photographiée par Frédéric, prise en flagrant déli...

Alors que nous sommes toujours confinés, les oiseaux n’ont jamais été aussi actifs. Il n’est pas rare, en ce moment, de les voir transporter un tas de choses dans leur bec : vers de terre, insectes divers. Parfois, ce sont des brindilles, des feuilles, toutes sortes de petits ustensiles qui à l’évidence ne termineront pas au fond du gosier. La période de reproduction dans laquelle entrent la plupart des espèces de notre jardin correspond à la construction des nids, à la fois lieu de ponte et d'élevage des oisillons.

Papier, brindille et poil de chien

L'emplacement du nid et les matériaux de constructions sont très variables selon l’espèce et les caractéristiques du milieu. De nombreux oiseaux comme les mésanges ou les sittelles choisissent des cavités déjà existantes comme les arbres creux, les trous de pics ou les nichoirs artificiels. Si les gros oiseaux, la Pie bavarde par exemple, préfèrent les hauteurs d’arbres, les petits passereaux comme le rougegorge, iront plutôt se planquer dans la végétation d’un buisson ou d’une haie. D'autres enfin préfèreront le rebord du toît ou le calme du grenier. Ces choix répondent à deux mots d’ordre : la tranquillité et la sécurité (à l’abris des prédateurs).

Une fois le lieu ad hoc identifié, reste à confectionner une pouponnière. Commence alors un long chantier qui peut durer une dizaine de jours pour une mésange, deux jours pour un rougegorge, trois semaines pour un merle ! C’est la femelle qui s’attèle à cette tâche généralement, le père préfèrera nourrir les jeunes une fois nés. Plusieurs milliers d’aller-venues seront nécessaires pour acheminer les composants du nid. Tout ce qui se trouve à portée de bec peut faire l’affaire : brindille, mousse, lichen, petites branches etc. Le pinson et la Mésange à longue queue consolident l’édifice avec des toiles d’araignée, les martinets avec leur salive. Les sittelles et hirondelles, véritables maçonnes, travaillent avec de la boue, qui, une fois séchée, servira, pour les premières à réduire l’entrée de leur cavité, pour les secondes à façonner les parois. Il arrive aussi à nos bâtisseurs d’avoir recours à quelques déchets humains : fils, morceaux de plastique, papier. Plus encore en milieu urbain, ou les possibilités sont plus réduites…

Comme en témoigne la photo de Frédéric, la mésange bleue et d’autres espèces sont très friandes des poils d'animaux, de chats en l’occurrence. « Chaque saison j'en mets au bout d'un petit cordon sur les arbres du refuge » nous raconte-t-il. « Une super idée ! » selon Grégoire Loïs, co-directeur de Vigie-Nature. « Les poils sont très doux en plus d’être un formidable isolant. » Un bon moyen de recycler les pertes de votre compagnon en période de mue.

Certains n'hésitent pas à se servir directement à la source...

Nid nuptial

La période de reproduction se termine à la fin de l’été. Les espèces migratrices (hirondelles, coucou…) un peu plus tard, juste avant de repartir au début de l’hiver. Entre temps, se déroule l’accouplement, dans le nid ou ailleurs. Cela ne mérite pas un dessin, mais quelques informations néanmoins. Dépourvus de pénis, la plupart des oiseaux mâles possèdent comme unique organe un orifice qui sert aussi bien à la reproduction qu’à l’évacuation des fientes et de l’urine… : le cloac. C’est via cet orifice que monsieur, transmettra ses spermatozoïdes à travers celui de la femelle, cloac contre cloac, au cours d’un coït extrêmement rapide. Quelques jours plus tard, la femelle pondra dans le nid nuptial entre quatre et six œufs selon les espèces. Et au bout d’un mois, les jeunes quitteront la maisonnée, en revenant pour se nourrir avant de couper les ponts définitivement au bout de six semaines.

Les petits oiseaux font souvent plus d’une couvée, le nid pourra alors servir plusieurs fois dans la saison, avec un entretien permanent. Il sera ensuite abandonné. Si quelques grosses espèces de rapaces retrouvent le même nid d’une année sur l’autre, la plupart du temps il est renouvelé chaque printemps.

nidification © OlivierCecillon (flickr)

Nid de Merle noir après la ponte

 

Nidification sous co-vid19

Quid de la nidification pendant le confinement ? Ce qui est sûr, c’est que nous gêneront moins les oiseaux qu’à l’accoutumée, que ce soit pour communiquer, s’accoupler, et nicher. Il est aussi possible que le déconfinement balayent ces espérances. En effet, comme de nombreux espaces habituellement perturbés sont à présent disponibles, les oiseaux ne vont pas hésiter à les occuper. Voire à y nicher.  « Peut-être que certains oiseaux vont faire des nids dans des endroits improbables, qui seront réutilisés par l'homme après retour à la normal, explique Grégoire Loïs. Dans les vehicules non utilisés par exemple, au creux des petits espaces du moteur... » 

« Mais je suis dubitatif : cela arrive tout le temps. Et puis ce genre « d’erreur » est surtout le fait de jeunes oiseaux, nés le printemps précèdent, qui restent très inexpérimentés. » Même si la nidification est innée, il semblerait en effet que les oiseaux se perfectionnent tout au long de leur vie. Les petits, plus casse-cou, opteraient pour des choix insensés qui ne viendraient pas à l’idée de leurs ainés. Outres ces accidents juvéniles en perspective, il est tout de même probable que le succès reproducteur soit meilleur cette année. Mais les scientifiques n’osent pas encore se prononcer tant les facteurs impliqués sont multiples.

 

Quoi qu’il en soit, vous pouvez aider les oiseaux pendant la nidification :

-En fournissant des poils de vos animaux domestique (à accrocher dans un arbre ou dans la végétation)

-En évitant de tailler en ce moment les haies et d’élaguer les arbres

-En laissant les cavités accessibles : bois mort, mur avec interstices, nichoirs artificiels…

 

Et bien-sûr, envoyez-nous vos observations !

Avec la mission Confiné mais au aguets, l’observatoire Oiseaux des jardins vous propose d’observer tous les jours un oiseau. Et pour les naturalistes, l’EPOC vous propose un recensement plus précis
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