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Les films Disney ne sont plus ce qu'ils étaient !

Sciences participatives

Depuis qu'Anne-Caroline Prévot, chercheuse dans notre centre d'écologie et des sciences de la Conservation (CESCO) du Muséum national d'Histoire naturelle, m'a parlé de ses recherches sur l’«amnésie environnementale générationnelle», je ne regarde plus les dessins animés cinématographiques de la même façon : je scrute les paysages et le nombre d'espèces animales et végétales présentes tout au long du film. Il n'existe cependant encore aucun protocole standardisé au sein de Vigie-Nature pour suivre cette biodiversité !

Quelle drôle d'idée ?

Anne-Caroline et ses collègues, Susan Clayton et Romain Julliard, ont en effet démontré que de 1937, année de la sortie de Blanche-neige et les sept nains, à 2010 avec la sortie de Raiponce, le nombre d'espèces animales diminue dans les films de la célèbre compagnie cinématographique américaine Walt Disney. La ribambelle d'animaux entourant Blanche-neige n'est plus au goût du jour dans les films récents...

Adieu cabanes dans les arbres, aventures rampantes dans les hautes herbes....

Pourtant, il n'est pas question de montrer du doigt les concepteurs des films. Ils seraient seulement sujets à une perte d'expérience avec la nature. En jouant de moins en moins leurs aventures dans les forêts, les prairies, les jardins, les bambins ne se construiraient plus de la même façon. De plus en plus déconnectés de la nature, leur imaginaire à l'âge adulte ferait de moins en moins référence à leurs exploits, leurs malheurs ou leurs petits bonheurs « sauvages ». Un concept né aux USA. Ce concept s'est énormément développé aux Etats-Unis, grâce à Richard Louv, auteur du best seller Last child in the Woods. Dans son ouvrage (qui n'est pas encore traduit en français), Richard Louv décrit un phénomène qu'il appelle le « nature-deficit disorder ». Pour en savoir un peu plus, vous pouvez lire ici une interview de Richard Louv en français sur un site canadien. 

© Cherus | Wikimedia

Ce qu'a fait Anne-Caroline

L'hypothèse d'Anne-Caroline était que si les adultes des générations qui se succèdent sont de moins en « connectés » avec la nature, leur représentation mentale de l’environnement naturel est aussi de moins en moins riche et précise. Le tout était ensuite de trouver « un mode d'expression » culturel qui s'étale sur une période assez longue pour « suivre la biodiversité » représentée. Merci Walt Disney ! 60 longs-métrages sortis en salle entre 1937 et 2010 ont donc été visionnés sous l'angle de la représentation de la nature, soit plus de 90 heures de dessin animés.

Le temps passé dans la nature diminue

Dans les années 1940, la durée des scènes dans des paysages naturels (présentant au moins un arbre, une plante) représente environ 80% des scènes en extérieur mais dans les années 2000, ce chiffre passe à 50%. Plus précisément, les années 1980 ont vu l’apparition de films où les scènes d’extérieur n’incluaient plus du tout de nature. C'est le cas d'Oliver et Cie (1988), Aladin (1992), le Bossu de Notre Dame (1996), Monstres et Compagnie (2001), Ratatouille (2007).

Vigie-Ciné

Dans ce Vigie-Nature d'un genre nouveau, l'indicateur de la biodiversité était le nombre d’« espèces » d’animaux, de formes différentes, présentés dans les décors à l’exclusion des animaux-personnages, qui parlent ou qui ont un rôle dans l’action du film. Mais le constat est sans appel, des 22 espèces dans Blanche-Neige et les sept nains en 1937 et des 26 dans Pinocchio en 1940, six sont comptabilisés dans Mulan (1998), zéro dans Chicken Little (2004), une dans Indestructible (2004). La diversité des espèces peut parfois rebondir comme en 2003 dans Le monde de Némo avec 20 espèces et Frère des ours, avec 17 espèces.

© www.wallfizz.net

Pour conclure, il semble que les dessinateurs des films de Walt Disney aient bien représenté la nature de moins en moins souvent et d’une façon de plus en plus simple révélant l’existence d’une extinction de l’expérience de nature. Et pourtant, dans de nombreux films les discours sont axés sur sa protection....

Avez-vous vu Le Lorax (2012), très militant, mais où les arbres ne sont représentés que par des pompons ?

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Lisa Garnier, le lundi 12 mai 2014

Pour s’abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr

 

--> Le résumé en anglais de l'article de Anne-Caroline Prévot, Romain Julliard et Susan Clayton est à lire ici.

--> Vous pouvez lire dans Regards et débats sur la biodiversité de la Société Française d'Ecologie, le point de vue d'Anne-Caroline ici.

Des NEWS des autres observatoires

Une formation Vigie-Flore en Charente est prévue le 31 mai 2014. Renseignements ici. Inscriptions là.Le 27 juin prochain, le Conservatoire d’Espaces Naturels du Nord Pas de Calais et la Maison de la Nature de Mont-Bernanchon (Géotopia), proposent une soirée d’initiation à l’enquête Insectes et Ciel Étoilé. Contact  : Nathalie Devezeaux. Lire aussi Chti'Vigie ici.

 

APPELS à contributeurs : la beauté des paysages sous-marins est-elle liée à la biodiversité ?

Une étudiante de l'Institut des Sciences de l’Évolution de Montpellier (ISEM) et d'Andromède Océanologie réalise une étude sur ce que nous trouvons beau sous l'eau. A vous de juger en répondant à ce questionnaire

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