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INPN Espèces : « Nous avons dépassé nos attentes »

Sciences participatives

 

 

 

Alors que l’application participative de l’INPN fête sa première année, les coordinateurs Sarah Figuet et Mathias Laville dressent un premier bilan. Tout sourire.

 

Conçue en 2016 pour découvrir la faune et de la flore autour de chez soi, leurs caractéristiques, répartition ou encore leurs statuts de conservation, l’application INPN Espèces devient participative en 2018. Le principe ? Il suffit d’envoyer avec son smartphone une photo d’un spécimen rencontré dans son jardin, sur son chemin, lors d’une balade – partout ! -, afin qu’un expert puisse l’identifier et vous renvoyer le nom de l’espèce. Il ne s’agît pas de comptage ni de suivis à la différence de ce que nous proposons à Vigie-Nature mais bien de compléter, entre autres, l’inventaire national du patrimoine naturel ou celui de votre commune. L’exercice est donc complémentaire. Rien de tel, de votre côté, pour devenir incollable sur les noms d’oiseaux, d’insectes, de plantes... Et comme on n’est jamais aussi motivé que lorsqu’il y a challenge, vous pouvez cumuler des points et gravir des échelons selon la qualité de la photo et la préciosité de la capture.

 

Vous avez organisé début septembre la toute première journée de rencontre avec une vingtaine d’utilisateurs de l’application à la Maison du Parc Régional du Volcan d’Auvergne. Qu’en avez-vous retenu ?

Sarah Figuet : L’idée était de rassembler quelques utilisateurs d’INPN Espèces et les experts autour de notre équipe durant une journée. Se rencontrer et échanger nous semblait important un an après l‘ouverture de l’application au grand public. Nous avons d’abord été surpris par la variété des profils : se mélangeaient retraités, enseignants, quelques très jeunes dont un collégien et même un tout petit qui accompagnait ses parents. Si certains montraient de vraies connaissances naturalistes, d’autres venaient pour la découverte. Après une matinée de présentation du bilan et de la plateforme Determin’Obs [le support numérique de validation des photos par les experts], nous sommes sortis sur le terrain, smartphone en main, pour quelques observations.  

Mathias Laville : Ce qui m’a marqué ce sont les échanges spontanés entre participants pendant les temps libres, ou sur le terrain. Ils partageaient leurs expériences, comparaient leurs photos avec celles des autres. Un vrai enthousiasme ! On leur avait également demandé de nous faire part de leurs suggestions à travers un formulaire. Il en est ressorti plusieurs propositions intéressantes, que nous avons pris en compte et même planifié dans notre feuille de route. Par exemple, la possibilité de pouvoir modifier ses données une fois la photo partagée (localisation, nom de l’espèce…), ou encore celle de pouvoir trier ses observations par groupe (oiseaux, plantes etc.) et de manière chronologique. Les utilisateurs ont aussi demandé à ce que nous leur envoyions le nom vernaculaire de l’espèce, alors que jusqu’à présent seul le nom scientifique était transmis.

 © INPN Espèces

Les participants et l'équipe d'INPN Espèces lors de la première journée de rencontre

 

Quel bilan faites-vous un an après l’intégration des utilisateurs dans l’application ? Vos attentes de départ sont-elles satisfaites ?

Sarah : Nous avons dépassé nos attentes concernant le nombre de téléchargements, idem pour celui des observations qui atteignent les 75 000 ! Nous nous attendions par contre à davantage de participants. On a affaire en réalité à un petit pool de 2200 contributeurs, tous très dynamiques. Sans compter ceux qui qui consultent simplement l'inventaire. Un autre point positif concerne la couverture spatiale. Les données sont réparties sur 6750 communes dans tous les départements métropolitains et d’outre-mer. Bref, le succès est au rendez-vous. Le premier bilan positif. Et plus encore depuis le printemps dernier, avec la mise en place de Determin’Obs. Cette plateforme, accessible sur internet, permet d’apprécier toutes les espèces découvertes sur de belles cartes interactives. On y retrouve aussi ses propres photos, les validations, l’historique, mais aussi le nombre de points remportés. La petite compétition que nous avons mise en place avec des scores attribués pour chaque observation n’y est certainement pas pour rien dans cet engouement.

Mathias : Concernant les espèces, on reçoit en majorité des photos d’insectes, araignées, plantes, mousses, fougères. Mais il arrive qu’on nous transmette des spécimens plus spectaculaires, comme ce requin baleine immortalisé récemment par un plongeur. Sans compter les quelques observations inédites, c’est-à-dire des espèces rencontrées pour la première fois dans un département ou une commune. Un coléoptère, par exemple, n’avait pas été vu dans le Jura depuis 1950. Ces « premières observations » pour les départements concernent tout de même 6% des données. Même il s’agît, en général, de zones géographiques ou de taxons qui présentent moins d’intérêt pour les naturalistes.

Sarah : Mais pas pour nous ! Toutes les données que nous recevons servent à compléter les cartes de répartition de l’inventaire national du patrimoine naturel. Nous avons réussi à combler certaines lacunes géographiques grâce aux citoyens. Les données participent aussi à la surveillance des espèces exotiques envahissantes, permettent d’étudier la phénologie des espèces, et peut-être à termes de constater des changements d’aire de répartition en lien avec le changement climatique.

Justement quelle est la suite des opérations, l’application est-elle amenée à évoluer dans l’avenir ?

Sarah : La grande nouveauté de l’année prochaine c’est la version 3 de l’application. Nous allons proposer des « quêtes » aux participants, c’est-à-dire des missions visant à collecter des informations dans des milieux précis et à des moments particuliers pour le besoin des chercheurs, associations etc. Plusieurs partenaires ont déjà adhéré comme le parc naturel régional de Brière en Loire Atlantique. Les habitants des communes du parc sont invités à venir réaliser ponctuellement des inventaires avec l’application. Nous allons également renouveler les rencontres nationales, la réussite de cette grande première nous donne envie de continuer.

Mathias : La validation des données est un autre chantier qui nous attend. On a déjà recruté 90 experts de différentes structures qui fournissent un gros travail d’identification des photos, et nous en cherchons toujours de nouveaux. Etant donné que les utilisateurs restent très attachés à la validation par les experts, on est en train de réfléchir à des moyens de conserver les avantages de ce système tout en le fluidifiant avec des apports venant des utilisateurs eux-mêmes.

Sarah : A travers cet outil nous avons vraiment la sensation de reconnecter les participants à leur patrimoine naturel. Et chacun en tire différents bénéfices. Un de nos utilisateurs fait remonter ses résultats à sa commune pour pousser les élus à préserver le patrimoine local. Il y a à la fois de la découverte mais aussi de l’investissement dans la connaissance. Cette sensation d’utilité est fondamentale. Beaucoup s’en servent aussi pour sensibiliser les enfants, comme ce couple rencontré pendant la journée de rencontre qui au départ cherchait une application pour leur fils. Un cas qui n’est pas isolé : récemment 7 nouveaux collèges à Lyon l’ont adoptée. Les enfants ont l’impression de participer à une chasse au trésor !

Plus d'information sur le site de l'INPN

Voir le bilan d'INPN Espèces 

 

INPN Espèces

 

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