Il est rare que je colle à l’actualité mais aujourd’hui c’est la journée mondiale de l’environnement alors j’ai choisi de vous présenter la réussite d’une reconnexion avec la nature dans certaines communes du département des Deux-Sèvres.
Les facteurs d’un succès
« J’étais partie étudier l’effet d’une participation à un programme scientifique et je suis revenue impressionnée par l’engagement des personnes. Je ne m’attendais pas à ce que le changement soit si important » m’a confié Aurélie Tshibangu, qui a étudié les facteurs de succès d’un projet de sciences citoyennes, Mon village espace de biodiversité, pour le Muséum national d’Histoire naturelle.
© ProgrammeVillage
Des sciences pour être accompagné vers la biodiversité
Mon village espace de biodiversité, c’est un projet du Centre d’études biologiques de Chizé. Il a démarré en 2012 grâce à l’investissement de l’ingénieur d’études, Sylvie Houte. Son idée était d’accompagner les personnes vers l’observation de la biodiversité ordinaire, celle côtoyée chaque jour : abeilles solitaires, petits mammifères, crapauds, papillons... et d’en comprendre l’intérêt en tant que bien commun.
Hérisson © Gilles Rebiere | Flickr
Générer une dynamique citoyenne
Quatre ans plus tard, l’investissement auprès des communes – 23 à ce jour – a porté ses fruits. Habitants des villages, élus, agents de collectivités, enseignants et élèves ont pu participer à différentes actions d’animation et d’accompagnement : programme pédagogique pour les scolaires, pose de 22 ruchers communaux, distribution de 1 500 abris à insectes, 60 fêtes municipales, 38 université populaires.
© ProgrammeVillage
Apprendre, nouer des liens, contempler…
« Les participants ont eu un déclic » m’a raconté Aurélie. « En observant, ils n’ont plus vu la nature sous le même angle, ils se sont sentis connectés à un tout, et surtout aux autres. Ils ne se sentaient pas seuls dans leur changement ».
S’engager, comprendre et transmettre
« Cela a été particulièrement vrai pour les deux collectifs de citoyens qui ont été accompagnés dans la réalisation d’un plan d’action pour préserver la biodiversité à l’échelle de leur commune, à Marigny et à Aiffres. »
Abeille solitaire non identifiée (mâle de Colletes sp. ou Andrena ?) © Dan Johansson | Flickr
Regarder la nature autrement
Jugez plutôt. D’après une étude réalisée par Alice Bousseyroux en stage au centre de Chizé, 67 % des personnes interrogées disent avoir modifié leur regard sur la nature grâce aux animations qui leur ont fait prendre conscience des services qu’elle fournit (décomposition des déchets organiques, contrôle biologique, pollinisation, etc.).
Modifier ses pratiques
56 % des personnes ont déclaré avoir changé la façon dont elles s’occupent de leur jardin. Aurélie qui est allée rencontrer ces personnes m’a indiqué qu’en premier lieu, elles ont arrêté d’utiliser des produits chimiques, insecticides et pesticides.
Accueillir et partager un espace
La seconde modification de pratique a été la diminution du rythme des tontes et la gestion différenciée à l’échelle du jardin pour augmenter les espaces naturels. La troisième action a été la plantation de fleurs mellifères et enfin l’installation de nichoirs, d’abris pour les animaux.
Groupe citoyen rucher de Périgné © ProgrammeVillage
Fédérer
Mais il semble que l’élément le plus fédérateur a été la distribution d’abris à abeilles solitaires couplée avec la création d’un rucher communal : l’observation de la nature était rendue possible chez soi et dans l’espace commun. L’entretien du rucher est devenu l’occasion de rencontre entre les apiculteurs amateurs, les agents communaux, les habitants et les scolaires.
Sylvie Houte m'a également expliqué que "c’est un chantier d’insertion qui a permis la construction des abris à insectes. Un beau projet ! Aussi enrichissant pour les participants que pour moi".
Des projets comme ça, il en faudrait tous les jours, non ?
Pour en savoir plus sur la démarche, le blog de Mon village espace de biodiversité est là. Quant au rapport d’Aurélie Le déploiement des sciences participatives multi-acteurs sur un territoire, quels facteurs de succès pour les projets locaux de sciences participatives ? il est ici !
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Lisa Garnier, le lundi 5 juin 2017
Contact : lisa.garnier@mnhn.fr