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Des oiseaux dans les mains

Sciences participatives

Amateurs d'insectes, ne passez pas votre chemin ! Certes, ce post ne vous apprendra rien sur le réveil printanier des paons du jour mais que connaissez-vous des bagueurs d'oiseaux ?

Dans le Jardin des Plantes

Il y a quelques semaines, alors que « l'hiver » (vous noterez les guillemets) battait son plein, je suis allée rendre visite à mon collègue Romain Provost, qui avait disposé ses filets en plein centre de Paris, dans le jardin écologique du Jardin des Plantes. Romain participait alors à une sorte de « compet à la mangeoire » pour public très averti : le SPOL mangeoire, un observatoire des oiseaux des jardins en hiver.

Sans stress

Dans un sous-bois touffus (oui, au beau milieu de Paris), deux filets étaient tendus pour accueillir les oiseaux. Mésanges, pinsons, merles... tous peuvent s'y trouver piéger. Mais c'est avec une main experte, que l'ami bagueur dégage l'animal. En un rien de temps, il se retrouve au fond d'un sac en tissu. « Il vaut mieux que l'oiseau soit dans l'obscurité » m'a expliqué plus tard Romain. « Là, il ne stresse pas ».

Romain Provost

Comment vous appelez-vous ?

Vient ensuite les formalités administratives. Tout y passe : espèce, âge, sexe, longueur de l’aile pliée, poids, adiposité. À chaque catégorie sa devinette. « Voyons. Vous avez déjà réalisé votre mue juvénile ?  Hum, embarrassant, votre blancheur sur la troisième rémige ». Romain se munit alors de son livre de référence qui lui permet d'identifier les caractéristiques morphologiques des âges des différentes espèces d''oiseau. À cette époque, où il n'y a pas de reproduction, il est vraiment difficile de distinguer les mâles des femelles chez certaines espèces mais au printemps, un « truc » est de souffler sur le ventre des oiseaux capturés pour mettre à découvert la plaque incubatrice des femelles ou la protubérance cloacale des mâles… Bien qu’il existe des exceptions. Les mâles peuvent aussi couver les œufs !

La bague

Bref, vous aurez compris qu'en fonction de la saison, les bagueurs ne vont pas noter les mêmes informations pour les oiseaux capturés. La quantité de graisse accumulée dans la fosse claviculaire (sur le poitrail de l'oiseau) est plus importante avant les grandes migrations, par exemple. Dès l'identification de l'espèce, c'est la pose de la bague : unique, elle nomme l'oiseau pour la vie.

Le suivi scientifique des populations d'oiseaux

Romain, comme tous les autres bagueurs, « marquent » les oiseaux pour répondre à des questions scientifiques. « Le Suivi Temporel des Oiseaux Communs par Capture, observatoire de Vigie-Nature, est le programme phare pour le suivi des oiseaux en reproduction, mais il existe 12 autres programmes nationaux, avec des objectifs complémentaires, auxquels les bagueurs peuvent participer » m'a-t-il indiqué. C'est selon les possibilités, les choix de chacun. Sur le site internet du Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d'Oiseaux (CRBPO), localisé au Muséum dans notre laboratoire, sont répertoriés les programmes nationaux de recherche sur les oiseaux (PNRO) auxquels les bagueurs peuvent s'inscrire.

Devenir bagueur

On ne devient pas bagueur du jour au lendemain... Il faut être motivé. La formation continue peut prendre trois ans ou plus. « Chaque bagueur possède un tuteur qui le guide sur le terrain » souligne Romain.« Au cours de la formation, chaque apprenti doit remplir un carnet où sont répertoriés ses sessions de baguage. Chaque module du carnet doit être validé par au moins deux personnes. On apprend à connaître le matériel de capture, la manipulation, la prise de mesure sur les oiseaux et le suivi des protocoles : les démailler sans les blesser, prendre des mesures sur les ailes. Poser la bague. Jusqu'au moment où l’apprenti devient capable de gérer seul une station de baguage ! » Il est alors temps de s’inscrire au stage de qualification qui consiste en une série d’épreuves en salle et sur le terrain. C’est à l’issue de cet examen que Romain est devenu « bagueur agréé », en 2013.

Martin pêcheur © Romain Provost | MNHN

Des oiseaux voyageurs

Romain a déjà bagué une centaine d'espèces. « Tu comprends les oiseaux autrement lorsque tu as la possibilité de les avoir en main, les marquer et les recapturer plus tard dans leur vie ». Petite boule de plume ultra-légère ou bec crochu des perruches à colliers.... l'activité ne manque pas de diversité. Mais le must du bagueur est évidemment de capturer un oiseau déjà bagué. Et s'il est étranger, c’est une dose de rêve de voyageur au long cours qui s’empare du bagueur. « En découvrant une bague norvégienne, russe ou suédoise, tu sais que l'oiseau a fait des milliers de kilomètres pour arriver jusqu'à toi... »

Mais il est temps de relâcher notre jeune pinson au beau milieu du jardin des Plantes. Avec un peu de chance, Romain, le capturera l'année prochaine...

ou peut-être recevra-t-il de ses nouvelles via l'un de ses collègues bagueurs situés à plus de 2000 kilomètres plus au nord....

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Lisa Garnier, le lundi 17 mars 2014

Pour s’abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr

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--> Compet à la mangeoire c'est terminé ! N'oubliez pas d'envoyer vos données ici. Un grand Merci !

 

 Liens :

le Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d'Oiseaux (CRBPO)le Suivi Temporel des Oiseaux Communs

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