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Participer pendant le confinement : « Ce sont des expériences inédites ! »

Sciences participatives

 

SPIPOLL, Oiseaux des jardins, Opération papillons et Observatoire des bourdons pour le grand public ; Vigie-Chiro et EPOC (Estimation des oiseaux communs) pour naturalistes : de nombreux protocoles de sciences participatives vous proposent de suivre la biodiversité, à domicile, pendant le confinement. Outre l’opportunité de s’immerger dans la nature – et nous en avons besoin ! -, vous participerez à une aventure scientifique inédite. Selon notre nouveau Directeur scientifique Colin Fontaine, chercheur au Muséum national d’histoire naturelle, nous sommes peut-être en train de documenter des changements d’ampleur, alors que personne n’est encore capable de savoir comment la biodiversité va réagir aux covid-19.

 

Colin_Fontaine

 

Dans notre jardin, sur notre balcon, le confinement est propice à l’observation de la biodiversité qui nous entoure. Pourquoi la participation est-elle importante en ce moment ?

Contrairement à d’habitude nous pouvons peut-être plus facilement prendre le temps de nous arrêter pour observer, s’émerveiller devant la nature en pleine effervescence en ce printemps précoce. Il y a quelque chose de sensible, d’esthétique, de relationnel, presque, à se voir entouré d’insectes butinant, d’oiseaux chantant, de fleurs épanouies. Les sciences participatives sont un excellent moyen de découvrir cette biodiversité souvent ignorée dans notre quotidien. Pour ceux qui ont la chance d’avoir un bout de jardin, cela permet de prendre l’air, de se vider la tête, de faire des pauses indispensables dans nos activités professionnelles. La seconde raison est plus scientifique : outre ces bénéfices individuels, nous aimerions aussi récolter des données d’observation en cette période étrange.

Que peuvent nous apprendre ces données ?

Notre occupation de l’espace, notre utilisation de l’environnement a été drastiquement modifiée : les rues, comme beaucoup de lieux urbanisés, sont devenues désertes, silencieuses. D’un autre côté, les jardins privés vont connaître une plus forte occupation. Par conséquent ces changements vont sans doute engendrer des modifications de comportement des espèces. Des études ont déjà montré que les oiseaux adaptent leur fréquence de chant à leur environnement sonore. Pour se faire entendre malgré le bruit ambiant, certaines espèces urbaines baissent leur fréquence. Le silence régnant désormais partout, qui sait si les oiseaux ne vont pas se mettre à chanter différemment ? On peut aussi s’attendre à des changements de distribution dans l’espace. En temps normal, lorsque les parcs sont bondés, en particulier le weekend, les oiseaux qui s’accommodent bien de la présence humaine dominent, comme le moineau ou le pigeon. Pendant ce temps-là, les autres espèces plus « sauvages » préfèrent se mettent à l’écart. Les parcs étant maintenant fermés, les pigeons vont peut-être devoir partager l’espace et les ressources… Selon mes collègues spécialistes des chauves-souris, celles-ci pourraient aussi profiter de la diminution de la pollution sonore et lumineuse. Nous verrons grâce à vous et aux chercheurs déjà en train de procéder de leur côté à des suivis, si ces hypothèses se confirment. Et si des effets inattendus se produisent.

Moineaux © miguel_discart (flickr)

Qui sait si les oiseaux ne vont pas se mettre à chanter différemment ?

 

C’est un grand saut dans l’inconnu pour les écologues ?

Ce sont des expériences inédites, grandeur réelle, que l’on n’aurait jamais pu réaliser en temps normal. C’est ce qui rend ces expériences incroyables ! Vous êtes à certains égards des pionniers. Les conséquences sur la biodiversité vont sans doute se limiter à la durée du confinement. Mais on peut assister potentiellement à une cascade d’effets sur des écosystèmes entiers. Je vous livre un scénario tout à fait plausible. En subissant moins de piétinement qu’à accoutumée, les plantes des trottoirs vont sortir du sol, de même que le ralentissement de la gestion des espaces verts favorisera l’apparition d’herbes hautes. Comme dirait ma collègue botaniste Nathalie Mâchon, ça va jaillir en feu d'artifice, surtout s'il se met à pleuvoir un peu. Résultat ? Par effet de ricochet, les insectes pollinisateurs, mon objet d’étude, devraient profiter de nouvelles ressources florales. Si cela se réalise, les photos des participants au SPIPOLL en témoigneront sûrement dans les prochaines semaines.

Vous avez été récemment désigné Directeur scientifique de Vigie-Nature. Quelles seront vos responsabilités, vos contributions au programme ?

Mon rôle sera de veiller à la cohérence scientifique des différents observatoires de Vigie-Nature, de favoriser leur déploiement ainsi que leur utilisation et peut-être faire du lien entre eux. Les observatoires comme l’OAB et le STOC par exemple sont très complémentaires, tous deux suivent des espèces différentes dans des milieux agricoles. Combiner des données multitaxons pour étudier un milieu ou des pratiques s’avère très prometteur. Et puis il y a cette nouvelle option qui nous est tombée dessus brutalement : comment la biodiversité va réagir au confinement ? Je pense que Vigie-Nature a un rôle majeur à jouer tant social que scientifique dans cet évènement inédit.

 

 

 

 

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