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# Post de l'été - Midi, l’heure du pique-nique, l’heure des corneilles !

Sciences participatives

Au Jardin des Plantes de Paris, c’est à midi que les corneilles déboulent. Plus précisément entre 12 et 13 heures. Elles semblent avoir bien compris que c’est « the place to be » concernant leur déjeuner. Cependant, d’où viennent-elles ces corneilles ? Vivent-elles dans le jardin tout en restant discrètes jusqu’à l’heure du repas ? Ou nichent-elles ailleurs ?

Corneille noire baguée © Frédéric Jiguet | MNHN

Des corneilles baguées

Depuis que Frédéric Jiguet, professeur au Muséum national d’Histoire naturelle dans notre laboratoire Cesco a commencé de baguer les corneilles noires en juillet 2015, (ici le post qui explique le baguage), il est devenu plus facile de comprendre leurs déplacements au sein de l’agglomération parisienne.

Faire disparaître les corneilles dans un parc en particulier est-il efficace ?

« Y’en a trop dans les parcs et jardins » était - et est toujours - la question récurrente de certains services municipaux et de particuliers. Considérées comme espèce nuisible, les corneilles peuvent en effet faire l’objet d’un plan de régulation dans certains parcs. Mais tuer des corneilles dans un parc diminue-t-il efficacement la population de ces oiseaux ? Il semble que non.

Des corneilles qui utilisent leurs ailes

Avec plus de mille observations des 90 corneilles baguées à Paris, l’étudiante Romane Nespoulet a étudié leurs déplacements et montré que les corneilles peuvent se déplacer d’un parc à un autre avec des horaires plus ou moins fixes.

Lieux où on été observés l'une des 90 corneilles baguées dans le Jardin des Plantes © F. Jiguet | MNHN

Dodo, boulot

Pour le moment, les principaux déplacements de Corneilles identifiés ont lieu entre le Jardin des Tuileries et le Jardin des Plantes. Parmi les corneilles qui dorment au Jardin des Plantes, certaines vont passer la journée aux Tuileries, au milieu des touristes, dès 10 h du matin, et reviennent au Jardin des Plantes en fin d’après-midi, pour y passer la nuit.

Le regard des visiteurs des parcs et jardins sur les corneilles noires

Sans nul doute, depuis leur entrée dans la capitale dans les années 1970, les corneilles, avant tout rurales, se sont donc adaptées aux rythmes des citadins. Mais eux-mêmes qu’en pensent-ils ? C’est là qu’intervient le travail d’une autre étudiante, en géographie de l’environnement, Camille Thiaudière, co-encadrée par Laurent Simon, Alizée Berthier et Richard Raymond du laboratoire Dynamiques sociales et recomposition des espaces. Elle a questionné les visiteurs du Jardin des Plantes et a réalisé des comptages de corneilles, baguées ou non, à différentes heures de la journée, durant presque trois mois.

© Laurent Geslin | Natureparif

Je t’aime, un peu, beaucoup

Dans son rapport (ici), on apprend que « les usagers du parc interagissent différemment avec les Corneilles. Certains les nourrissent occasionnellement lors d’un déjeuner, d’autres viennent exclusivement pour les nourrir, certains les rejettent (par coups de pied), d’autres les prennent en photo ».

© Camille Thiaudière

Non nuisibles mais pas particulièrement appréciées

37% des personnes n’apprécient pas la Corneille noire. Cependant, plus de la moitié (56%) ne la pensent pas nuisible. « En troupeau, elles font peur », voilà ce qui dérange. Un point troublant est qu’une grande partie des enquêtés n’a jamais entendu parler de cette espèce. Près de 80% ne cite pas la Corneille parmi les oiseaux aperçus en ville. Et puis, est-elle vraiment sauvage ? Ce n’est pas évident pour tout le monde.

Plus l’été approche, moins il y a de corneilles dans le Jardin des Plantes

Frédéric note que le nombre de Corneilles observées diminue en fonction de la saison. Plus l’été approche, moins il y a de Corneilles dans le Jardin. De plus, « la météo n’agit pas sur le nombre de corneilles observées. »

Commencer à observer, c'est commencer à apprendre à reconnaître

« Ce qui est intéressant, c’est que, comme tout observateur, Camille s'est petit à petit améliorée dans l'observation des corneilles. Au début de ses comptages, elle était en phase d’apprentissage. Puis, au fil de son travail elle a mieux maîtrisé leur observation ». Ainsi l’exclamation très souvent entendue « Il y en a plus qu’avant ! » ne reflète-t-elle pas tout simplement un biais d’observateur, une attention plus soutenue pour ces oiseaux qui génère une plus grande capacité à les « trouver »  ?

© Frédéric Jiguet | MNHN

A méditer. Lors d’une pause déjeuner?

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Lisa Garnier, le lundi 11 juillet 2016

Pour s'abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr

 

 → La Corneille noire fait partie de l’observatoire Oiseaux des jardins ! C'est ici pour participer. Les résultats des comptages du week-end du mois de mai 2016 sont là

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