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QUE DEVIENNENT LES DONNÉES DES SPIPOLLIENS ?

Sciences participatives

 

Pour continuer dans la présentation du Spipoll, Nicolas va aujourd'hui nous parler de ce que deviennent les données saisies par les Spipolliens ! Si vous avez manqué le premier épisode, c'est ICI !

 

Quelles données obtient-on par le Spipoll ?

A la fin de la première saison du Spipoll, pendant l’hiver 2010-2011, est venu le temps de la validation des identifications des photos de plantes et d’insectes, par des botanistes du Muséum National d’Histoire Naturelle et des entomologistes de l’Opie. Grâce à eux et aux nombreuses collections effectuées par les Spipolliens en 2010, des analyses fort intéressantes ont été menées. Ces analyses reposent sur plus de 12000 photos réparties dans environ 2100 collections dans toute la France .

A quelle question va-t-on répondre ?

Jusqu’à présent, une majorité des études scientifiques s’intéressait à l’effet de la dégradation des habitats (l’urbanisation, l’intensification agricole ou la fragmentation des habitats naturels par exemple) sur la diversité des pollinisateurs. Bien souvent, urbanisation et intensification agricole diminuent la diversité des groupes de pollinisateurs étudiés (abeilles, syrphes ou papillons selon l’étude).

Afin de compléter ces études, plutôt que de s’intéresser à l’effet de la qualité des habitats au sein des différents milieux, nous répondons à la question : dans quel grand type de milieux (urbains, agricoles ou naturels) trouve-ton les insectes floricoles en France ? En effet, l’affinité (la préférence) des insectes floricoles envers les grands types de milieux (urbains, agricoles et naturels) demeure peu connue. Il apparait indispensable d’en savoir plus à ce sujet afin d’informer les décideurs sur les milieux préférés des pollinisateurs afin de concentrer les efforts de conservation sur ces milieux.

 

Quels résultats ?

« Les abeilles se plaisent en ville, non ? » entend-on souvent. Le raccourci vers « les pollinisateurs se plaisent en ville. » est tentant… mais attention : si c’est peut-être le cas pour l’abeille domestique (vivant en colonies, dans des ruches) et certaines abeilles solitaires, c’est loin d’être la règle générale pour l’ensemble des insectes floricoles et pollinisateurs.

La figure ci-dessous représente le degré de préférence moyen des insectes pollinisateurs pour les milieux urbains, agricoles et naturels en distinguant entre les pollinisateurs communs et peu fréquents (les barres verticales sont un indice de confiance).

 

spipoll_résultats

 

Affinité moyenne des taxons envers les milieux urbains, agricoles et naturels. Les points noirs représentent les affinités moyennes des taxons communs et les points blancs, celles des taxons peu fréquents. Les barres représentent les erreurs standard des affinités.

 

 

La préférence pour les milieux urbains est clairement négative, ce qui signifie que la majorité des insectes pollinisateurs évitent la ville et leur diversité est moins grande dans ces milieux.

À l’inverse, les milieux agricoles et naturels sont propices à la majorité des insectes pollinisateurs. En effet, « milieux agricoles » n’est pas toujours égal à « pesticides & compagnie ». Il y a une grande variété de milieux agricoles et certains peuvent être très riches en insectes floricoles qui sont favorisés par certaines pratiques qui leurs sont bénéfiques. Parce qu’environ 40% de la surface de la France est occupée par les milieux agricoles, c’est là que se situent l’un des principaux enjeux de conservation de ces insectes.

Les insectes pollinisateurs semblent tout autant préférer les milieux naturels et en particulier les pollinisateurs peu fréquents. Ces milieux sont donc complémentaires des milieux agricoles et méritent une attention particulière pour la conservation de ces insectes. Ceci est d’autant plus nécessaire que ces pollinisateurs évitent encore plus les milieux urbains que les pollinisateurs communs.

Quelle est la suite ?

Une inconnue demeure : comment varie dans le temps la diversité des pollinisateurs de ces différents milieux ? Est-ce qu’elle diminue en milieux urbains et reste stable dans les milieux agricoles ? Est-ce qu’elle décline partout ? En effet, on peut envisager qu’une diversité plus faible en milieu urbain est stable, alors que les milieux agricoles conserveraient une diversité encore importante, mais qui serait en diminution.

Pour l’instant, nous ne pouvons pas répondre à ces questions. C’est pourquoi le Spipoll est un suivi de longue durée : c’est en analysant les données années après années que nous pourrons mesurer des variations temporelles de diversité en insectes floricoles.

Il nous tarde de répondre à ces questions ! Grâce aux Spipolliens, nous pourrons « bientôt » (à l’échelle de la recherche, cela signifie encore une ou deux saisons de Spipoll :) ) apporter des réponses à ces interrogations… Patience donc ! En attendant, d’autres analyses spatiales sont possibles :) !

Merci encore à Nicolas pour ces deux articles ! Et si vous voulez participer au Spipoll, c'est par ICI !

 

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