Back to top
Garden_Hen@Nigel wedge.jpg

La suite des aventures de la famille Stereotipus modernicus

Sciences participatives

Pour ceux qui auraient manqué le premier épisode (faut-il interagir avec la nature pour en prendre soin ?), la famille Stereotipus modernicus est composée de deux enfants et vit en ville. D'après les travaux d'Hélène Cheval, docteur en Ecologie, cette famille est plus encline à consommer des produits bio si monsieur et madame possèdent plusieurs diplômes. Cependant, le fait même de vivre en ville fait que cette famille moins au contact de la nature consomme moins de laits et de yaourts biologiques (pour comprendre pourquoi, je vous recommande vivement la lecture du premier épisode. Oui, j'insiste).

Les témoins

OK. Mais est-elle déconnectée de toute nature ordinaire ? Peut-être que la famille cultive des tomates dans un jardin partagé ? Peut-être fait-elle partie d'une association de protection de la nature ? Pour en savoir plus, Hélène et ses collègues Alix Cosquer, Anne-Caroline Prévot-Julliard et Richard Raymond,  ont questionné 735 personnes résidant en Île-de-France. Parmi ces personnes, elle en a choisi 216 n'ayant a priori pas de relation régulière avec la biodiversité. Elle leur a donné l'étiquette de Témoin.  

Les connectés et jardi-connectés à la nature

Parmi les autres personnes interrogées, 245 appartenaient à une association naturaliste, de protection de la biodiversité ou participaient à des programmes de Vigie-Nature ! Ces gens-là étaient sans ambiguïté en relation avec la nature ordinaire ; je les appellerai donc les « connectés ». Enfin, les 274 personnes restantes étaient implicitement liées à la nature ordinaire par leurs actions au sein d'un jardin partagé ou ouvrier, ou provenant d'une Association pour le maintien d'une agriculture paysanne (AMAP). Je les appellerai les « jardi-connectés ». Ces personnes se savent liées à la biodiversité par leur alimentation. Comme l'ont écrit Robert Barbault et Jacques Weber, « Manger nous relie au Monde ».

A vos stylos !

Toutes ces personnes ont planché devant un long questionnaire qui permettait d’évaluer leurs connaissances théoriques et pratiques du fonctionnement des écosystèmes et des interdépendances existant entre les populations humaines et la biodiversité. Par exemple, lorsqu'il s'agissait d'évaluer les connaissances théoriques et pratiques sur ce qu'est la production primaire, il y avait l'affirmation « les plantes utilisent du carbone et de l’eau pour se développer » (savoir théorique) et « une plante d’appartement a uniquement besoin d’eau pour vivre » (savoir pratique). Aux personnes interrogées de dire s'ils étaient plutôt d'accord ou non. Sur les interdépendances qui existent entre les hommes et la nature, le questionnaire présentait par exemple les affirmations suivantes « la biodiversité joue un grand rôle dans la purification de l’eau » (savoir théorique), « en France, l’épuration des eaux usées est entièrement assurée par la technologie » (savoir pratique). Pour vous tester, téléchargez le questionnaire ici.

Consommez-vous des fraises en hiver ?

En plus de cette « évaluation des connaissances », Hélène et ses collègues ont souhaité connaître leur comportement individuel quotidien lié à la conservation de la biodiversité comme l'utilisation d'un compost, la pose de nichoirs, ou le respect de la saisonnalité des fruits et légumes (du type « Mangez-vous des fraises en hiver? »).

Alors ?

Puis est venue « l'exploitation des données », la plongée dans la compréhension de ce qui se trame entre connaissances et comportements chez les témoins, connectés et jardi-connectés. Question connaissances sur la biodiversité, témoins et jardi-connectés se valent.

En revanche, quand il s'agit des comportements à adopter pour sa conservation, les jardi-connectés font aussi bien que les connectés. De plus, si on compare les différentes connaissances, on observe que ce sont davantage les connaissances pratiques, concrètes acquises personnellement qui s’accompagne de plus forts comportements dits de conservation de la nature. Enfin, plus on se sait interdépendant avec la biodiversité, plus on adopte ces comportements.

« Merci la plante ! »

Hélène reconnaît que ses travaux sont exploratoires, elle ajoute que « la connaissance est très loin de tout expliquer du comportement des gens... ». Mais quand sa nièce de 2 ans et demi s’exclame en cueillant une tomate : « Merci la plante ! (Pause) Ben oui, c’est elle qui a produit la tomate ». Elle pense qu'il faut aller dans cette voie : pas besoin d'avoir des savoirs encyclopédiques sur la biodiversité, pour comprendre qu'on lui est liée et qu'il faut la protéger!

________________________________________________________________________________

Lisa Garnier, le lundi 13 janvier 2014

Pour s’abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr

NEWS des autres programmes :

→ Les graines de cymbalaires continuent d'arriver par la Poste au Muséum. Nathalie Machon compte les semer au mois de février. Plus d'informations sur l'opération cymbalaires graines avec Tela Botanica ici.

→ La douceur hivernale a diminué la présence des oiseaux dans les jardins, ce qui signifie que la compétition n'est pas très intense aux mangeoires. Cela ne rend pas les comptages moins intéressants : au contraire ! Plus de 6000 personnes ont pris connaissance du protocole : faites partie des 100 premiers à envoyer leurs données à Compet à la mangeoire! Une première vidéo ici

_______________________________________________________________________________

-->  Hélène a travaillé en étroite collaboration avec Alix Cosquer (ancienne doctorante du CESCO), les chercheurs Anne-Caroline Julliard du laboratoire CESCO du Muséum national d'Histoire Naturelle et Richard Raymond du LADYSS de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

--> La thèse de Hélène Cheval peut être consultée ici.

--> Pour vous tester, voici le questionnaire à remplir de la thèse d'Hélène : ici.

A lire aussi :

La vie , quelle entreprise ! Pour une révolution écologique de l'économie, Seuil, 2010, Robert Barbault, Jacques Weber.

Vous aimerez aussi

Sciences participatives
flock-of-birds-15182789291gt.jpg
21 Mars 2024

Quand la température monte

Sciences participatives
Lise_Bartholus.png
8 Février 2024

Les tendances à la mode

Fond de carte