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INDICATEUR D’IMPACT DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

Une analyse des taux de croissance de 71 espèces sur 17 ans en France à partir des données STOC (Jiguet et al. 2007, Global Change Biology) a confirmé que les espèces spécialistes sont en déclin, et a montré un lien entre déclin et une mesure de la niche climatique que ces espèces occupent en Europe. En effet, les espèces qui nichent à des températures maximales moins élevées sont plus en déclin. Pour simplifier, les espèces septentrionales sont plus en déclin que les autres en France.

Cette analyse s’est basée sur l’estimation du maximum thermique des espèces en Europe, à partir des données de température moyenne des mois de mars à août sur toutes les cases de l’atlas européen des oiseaux nicheurs (Hagemeijer & Blair 1997) où une espèce niche en Europe. En considérant les 5% des cases aux températures moyennes les plus élevées, on obtient le maximum thermique d’une espèce en Europe, à savoir les températures maximales sous lesquelles une espèce niche en Europe.

Si l’on considère ensuite les 15 espèces qui présentent le maximum thermique le plus faible, qui nichent en France et qui sont suivies par le STOC, on peut construire un indicateur qui synthétisera le devenir de ces espèces sensibles au réchauffement climatique. Cet indicateur est présenté sur la graphe ci-dessous, et atteste d’une diminution très importante de ces espèces, de l’ordre de 40%, ce qui est bien au-delà de ce que l’on constate pour les espèces spécialistes (que l’on retrouve en grande partie dans ce groupe d’espèces septentrionales). Les 15 espèces concernées ici sont : Pigeon colombin, Pipit farlouse, Pipit des arbres, Fauvette des jardins, Pouillot fitis, Pouillot siffleur, Roitelet huppé, Accenteur mouchet, Tarier des prés, Corbeau freux, Mésange huppée, Mésange nonnette, Mésange boréale, Bouvreuil pivoine et Bruant jaune.

De la même manière, l’indicateur des espèces nichant aux températures les plus chaudes a été calculé (pour les 15 espèces avec les valeurs les plus élevées de maximum thermique). Ces espèces sont : Fauvette mélanocéphale, Bruant zizi, Pouillot de Bonelli, Rossignol philomèle, Perdrix rouge, Tarier pâtre, Hypolaïs polyglotte, Bruant proyer, Serin cini, Huppe fasciée, Grimpereau des jardins, Alouette lulu, Tourterelle des bois, Chardonneret élégant, Linotte mélodieuse.

Comme ces deux groupes comportent des espèces spécialistes d’habitat (11 pour le premier, 14 pour le second), qui sont connues pour être particulièrement en déclin, on ne peut attribuer le déclin au seul réchauffement climatique. Une manière de mesurer l’impact de ce réchauffement est donc de regarder la différence entre les deux indicateurs construits : c’est la courbe verte sur la Figure 1. Cette différence augmente d’en moyenne 0.85% par an depuis 1989 : les espèces répondent au réchauffement climatique en fonction de leur capacité à se reproduire sous des températures élevées.

Fig. 1 : Indicateur d’impact du réchauffement climatique

 

Un autre indicateur de réponse des oiseaux nicheurs a été développé au niveau européen, avec la participation denotre équipe ’STOC. Les résultats de cette autre approche ont été publiés dans la revue PLoS ONE, et sont accessibles avec le lien suivant :

An Indicator of the Impact of Climatic Change on European Bird Populations by Richard D. Gregory, Stephen G. Willis, Frédéric Jiguet, Petr Voříšek, Alena Klvaňová, Arco van Strien, Brian Huntley, Yvonne C. Collingham, Denis Couvet, Rhys E. Green, in Public Library of Science ONE, on 04 March 2009

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