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L’esquisse d’une flore en mouvement

Sciences participatives

Il y a déjà deux ans – le temps passe vite ! – je vous présentais la tendance de la flore d’Île-de-France à se différencier dans les milieux agricoles (ici).

Une diversité qui diminue

A l’époque, le résultat était étonnant puisqu’il était à l’opposé de la tendance générale qui se dessine actuellement : l’homogénéisation des milieux par l’augmentation d’un petit nombre d’espèces, toutes identiques, des généralistes, par exemple, capables de pousser n'importe où. « Le résultat que nous avions mis en évidence en 2014 semble être confirmé par une étude qui vient d’être publiée » m’a dit Gabrielle Martin, notre spécialiste de l’observatoire Vigie-flore.

Le cas particulier des milieux agricoles

« De 1970 à 2000, des terres agricoles du département de la Côte d’Or ont montré une chute de près de 50 % de la diversité des plantes sauvages. Mais cette perte à l’échelle du champ s’est accompagnée à l’échelle régionale d’une augmentation de 15 % des différences en espèces entre les champs. Cette diminution de la richesse en espèces par champ a conduit à une plus grande différenciation des communautés des plantes sauvages ».

Champ de colza © Myrabella | Wikimedia Commons 

Vigie-flore sous les projecteurs

Conclusion : l’observatoire Vigie-flore a permis de mettre en évidence une situation particulière où la perte de la diversité des plantes s’accompagne d’une augmentation de la variabilité des espèces trouvées dans les champs ! « Ce cas est vraiment spécifique aux milieux agricoles, déjà assez pauvres en espèces » m’a quand même précisé Emmanuelle Porcher, professeur au Muséum national d’Histoire naturelle.

Du cas particulier à la généralité

Mais que se passe-t-il à l’échelle de la France entière ? Vigie-flore peut-il être capable de mettre en évidence la tendance générale ? La fameuse homogénéisation des espèces végétales ? C’est à cette question que s’est attaquée Gabrielle en septembre 2016 à l’aide de modèles statistiques compliqués.

7 ans de relevés

Commençons par faire le point sur sept ans d’observations botaniques. 294 personnes ont réalisé des relevés de la flore sauvage répartis sur 554 zones d'observation (dite mailles) d’un kilomètre carré. Parmi ces mailles, notons que 381 d’entre elles ont été suivies par des observateurs bénévoles, 46 par des structures publiques tels que des Parcs naturels régionaux et des réserves naturelles….

Carte des relevés de Vigie-flore depuis 2009 © Gabrielle Martin | MNHN 

Quelle flore ?

Toujours dans ce laps de temps, 2 370 espèces de plantes ont pu être identifiées. Soit près de 40 % de la flore métropolitaine, qui en compte environ 6 000. Dans le top dix des espèces comptées en France, on inscrit le Ray-grass (Lolium perenne), le Lierre (Hedera helix), la Ronce (Rubus fruticosus), le Dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), le Plantain lancéolé (Plantago lanceolata), le Gaillet gratteron (Galium aparine), le Liseron des champs (Convolvulus arvensis), le Trèfle rampant (Trifolium repens), le Frêne commun (Fraxinus excelsior) et la Renouée des oiseaux (Polygonum aviculare).

Gaillet gratteron, le Liseron des champs, le Trèfle rampant, le Frêne commun et la Renouée des oiseaux 

Une flore variée

« Ce qui est vraiment intéressant » souligne Gabrielle, « c’est que toutes ces espèces appartenant au top 10 des plus recensées présentent une diversité de stratégies dans leur système de reproduction : il y a des plantes pollinisées par le vent et les insectes, des plantes à floraison hivernale - comme le lierre - et estivale, des plantes capables de reproduction végétative ou asexuée, comme la ronce, certaines dispersent leurs graines par le vent, d’autres par les animaux… et puis on distingue des arbres, des herbacées, des lianes, des annuelles et des pérennes …. »

Plantain lancéolé  © Angelo Marchetti | Flickr

Alors ? Cette généralité ?

Ces espèces ont elles un rôle à jouer dans l’homogénéisation des communautés végétales  ? « Peut-être. Nous allons explorer cette éventualité » m’a répondu Gabrielle. Mais ce qui est très probable, c’est que l’observatoire rende compte de l’homogénéisation : « j’observe en effet que la flore du nord de la France échantillonnée dans tous les milieux (forêts, prairies, agricoles, etc.) s’homogénéise légèrement plus rapidement que celle du sud ».

Le résultat est certes malheureux mais il prouve combien l’observatoire a du potentiel pour suivre les populations végétales dans l’avenir ! Merci à tous les botanistes amateurs participants !

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Lisa Garnier, le lundi 05 décembre 2016

Contact : lgarnier@mnhn.fr

Gabrielle Martin a réalisé un film pour le programme Les Chercheurs Font Leur Cinéma. Elle a obtenu le coup de coeur du jury !

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