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L'incontournable lierre

Sciences participatives

Il y a quelques jours, j'observais encore un bourdon butiner sur les fleurs de lierre de mon jardin. C'est alors que je suis tombée par hasard sur cet article scientifique publié en 2014 Ivy: an underappreciated key resource to flower-visiting insects in autumn écrit par Mihail Garbuzov et Francis Ratniek de l'Université du Sussex en Grande Bretagne.

La plante qui nourrit du monde

L'étude n'a rien de révolutionnaire ; la plante est connue pour ses propriétés mellifères. Cependant elle a le mérite de chiffrer la diversité des groupes d'insectes venus butiner sur ces inflorescences en boule. Dans le Sussex aux abords de Brighton, ville située juste en face de Dieppe, les fleurs de lierre nourrissent une large communauté d'insectes constituée pour presque un tiers de mouches, 27% de syrphes, 21 % d'abeilles domestiques, 13 % de guêpes (Vespula vulgaris), enfin de bourdons (3%), de papillons (4%) et des Abeilles du lierre (Colletes hederae, 3%).

Vive les mouches !

On remarque ainsi que les mouches sont de grandes pollinisatrices. D'ailleurs, Colin Fontaine du laboratoire CESCO a participé à une recherche montrant qu'en altitude, la pollinisation des fleurs serait surtout réalisée par des « mouches » de la famille des Empidinae (c'est ici). Voilà qui revalorise les mouches ! Nos honneurs, mesdames !

La plante qui inspire les photographes

Mais revenons à notre étude. Les groupes d'espèces y sont en tout point semblables à ceux qu'immortalisent les paparazzis des insectes pollinisateurs en France avec le Spipoll. Mathieu De Flores de l'Opie m'a indiqué que le record absolu de la diversité d'insectes photographiés sur une plante revenait au lierre.

Lechene a ainsi photographié plus d'une centaine de groupes d'insectes différents sur un seul pied !

Le lierre a été pris comme cible photographique 249 fois, ce qui a généré 5775 photos !!!

Après analyse, il s'avère qu'en France, les diptères (mouches et syrphes) soient les grandes stars qui s'affichent sur les fleurs de lierre. Viennent ensuite les Abeilles mellifères, puis les collettes du lierre, les papillons, et enfin les bourdons et les guêpes Vespula.

 

Une collection de Lechene © Lechene | Participant au Spipoll

 

La plante qui a donné son nom à une abeille

J'ai aussi été étonnée d'apprendre que les Abeilles du lierre n'ont été localisées en Grande-Bretagne qu'en 2001 et que ce n'est qu'en 1993, que ces abeilles solitaires ont été élevées au rang d'espèce (avant elles n'étaient identifiées que comme sous-espèces : soit de Colletes halophilus, soit de C. succintus).

 

Leur particularité est de se nourrir presque exclusivement de la production des fleurs de la plante grimpante. 

On reconnaît facilement les Collettes à l'automne : ce sont de jolies petites abeilles rayées très régulièrement et nettement de noir et de jaune © jfcth | Participant au Spipoll

La plante énergétique des insectes

Les chercheurs de Grande-Bretagne ont également montré que le nectar des fleurs de lierre est constitué pour moitié de sucre et que parfois le sucre se cristallise sur les fleurs ! Pas étonnant alors que les futures reines des frelons et des guêpes viennent s'y nourrir avant l'hiver. « Elles ont en effet besoin de réserves pour passer la mauvaise saison» m'a indiqué Mathieu. D'ailleurs les données du Spipoll montrent que de septembre à novembre, le lierre attire deux fois plus de groupes d'insectes différents que les autres plantes. 

La plante qui protège de la pollution les bâtiments

Faut-il alors se débarrasser de l'idée que le lierre est mauvais pour les murs et le réhabiliter pour les insectes dans les villes ? Heather Viles et ses collègues ont publié un article dans le Journal of Architectural Conservation en 2011 (ici) indiquant que le lierre protège des variations de températures et filtre les particules liées à la pollution sans abîmer le mur si celui-ci n'est pas déjà fissuré.....

En pratique, il décore parfaitement les tables de fêtes hivernales ! Joyeuses fêtes !

Retour du post le lundi 12 janvier.

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Lisa Garnier, le lundi 22 décembre 2014

Pour s’abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr

 

→ En allant chercher ou photographier du lierre, observez bien les vieux murs pour découvrir des cymbalaires séchées  : l'équipe de Sauvages de ma Rue a besoin de graines pour comprendre leur stratégie de floraison en ville ! C'est ici pour savoir comment faire.

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