La semaine dernière, Romain Provost du CRBPO a bagué deux éperviers dans le jardin écologique du Jardin des Plantes.
Oui. Au milieu de Paris.
Des bagues aux pattes
Romain participe en effet au programme appelé SPOL mangeoire, une sorte de BirdLab pour ornithologue averti. Il installe des filets dans le jardin écologique et bague tous les oiseaux qui s'y trouvent piégés. Ce sont des mésanges, des pinsons, des perruches à collier. Pour la première fois, il a bagué deux rapaces à quelque jours d'intervalles. Il faut dire que ce printemps, il y avait un nid d'épervier au sein du Jardin des Plantes. Ce qui a suscité de nombreuses visites de la part des amateurs d'oiseaux.
De l'électronique en vol
Si le baguage des oiseaux permet de suivre leurs déplacements et de comprendre la dynamique de leurs populations (lire aussi « Des oiseaux dans les mains »), d'autres méthodes plus sophistiquées sont utilisées. Il y a les puces GPS et les balises Argos. Cependant, il semble qu'à notre époque, ces programmes de suivis peuvent parfois s'avérer nuisibles pour les oiseaux équipés parfois pris pour des espions ou des terroristes. Deux articles anglo-saxons relatent de macabres événements de ce type (ici et là). La version française du quotidien Métro ici.
Epervier © Camila Andrade | MNHN
D'où viennent les perruches et les bulbuls de La Réunion ?
Et puis, il y a les méthodes liées à la génétique. Ce sont celles qu'a utilisé Ariane Legros, docteur du laboratoire CESCO pour étudier la provenance des perruches à collier parisiennes et les bulbuls orphée de l'Ile de La Réunion. En effet, ces deux espèces introduites se sont rapidement multipliées et leurs populations présentent des caractéristiques morphologiques différentes, notamment au niveau de leur bec.
A Paris, on distingue ainsi les perruches situées au nord (Roissy) et au sud (Massy Palaiseau). A La Réunion, les bulbuls sont différents entre la côte Est et la côte Ouest. Importé en 1972 au sud de l'île, les individus l'ont progressivement colonisé vers le nord tout en ne pouvant se mélanger puisque la chaîne volcanique sépare l'île en son milieu. Ariane a donc cherché à savoir d'où venaient ces oiseaux introduits. C'est ce que l'on appelle de la phyllogéographie.
Suivre les oiseaux grâce à leurs gènes
Elle a capturé des individus à La Réunion et à Maurice, où l'espèce a aussi été introduite dans les années 1970, et étudié leurs gènes. Par comparaison de leurs séquences génétiques, elle a pu reconstruire leur « histoire ». Les oiseaux de Maurice et de La Réunion ont la même origine : l'Est de l'Inde. En revanche, les populations de l'Est et de l'Ouest ne présentent pas la même structure génétique (je ne m'attarde pas sur la méthode, ce serait trop long). Ce qui veut dire qu'il y aurait probablement eu une seconde introduction de bulbul au nord de la côte est de La Réunion. L'individu (ou les individus) se serait petit à petit mélangé avec les autres oiseaux issus de l'introduction par le sud.
Les perruches
Pour ce qui concerne les perruches, Ariane a pu déterminer qu'elles proviennent toutes d'Asie, alors qu'elles auraient pu aussi venir d'Afrique. Capturées dans de nombreuses forêts, les perruches introduites sont très différentes génétiquement, ce qui ne permet pas de savoir précisément leur région d'origine ni pour la population du nord, ni pour la population du sud.
Perruche à collier © JayDadal5 | wikimedia commons
Allez on finit par le plus beau : une animation qui permet de suivre le voyage de deux bondrées apivores des Pays-Bas équipées de GPS. Bon voyage !
NETHERLANDS FROM ABOVE - Migration of Honey Buzzards from 422 South on Vimeo.
________________________________________________________________________________
Lisa Garnier, le lundi 15 décembre 2014
Pour s’abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr
→ Le Muséum national d’Histoire naturelle et ses partenaires, Noé Conservation, GAE Asterella, l'Opie, Tela Botanica et la LPO lancent une enquête sur les sciences participatives. En tant que lecteurs du blog, je vous invite donc à répondre à ce questionnaire qui ne vous demandera que quelques minutes ici. Merci sincèrement pour votre collaboration !