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Les Strepsiptères, une famille d’insectes trop « mimi »

Sciences participatives

Grégoire Loïs, co-directeur de Vigie-Nature et fervent amateur du suivi photographique des insectes pollinisateurs (Spipoll) nous a fait découvrir une étrange famille.

Quand on trouve ce que l’on ne cherche pas

En analysant une collection Spipoll, Grégoire remarque cela :

 

 

 

Guêpe Poliste © Grégoire Loïs | Spipoll

Perplexe, il recherche sur internet ce que peuvent être ces protubérances noires dépassant entre les plaques abdominales de cette guêpe poliste. Il se doute que ce sont des parasites mais il est alors loin d’imaginer qu’elles appartiennent à une famille qui gagnerait à participer au concours de la plus « cute », « kawaii » voire « trop mignonnes » espèce du règne animal.

Le portrait du mâle

Des yeux de trilobite, des antennes lamellées et des pièces buccales absentes. C’est le portrait singulier de ces messieurs. Mais attention, la séance photo ne peut durer plus de six heures, durée qui représente leur espérance de vie. A peine nés, ils déploient donc leurs ailes « tordues », leurs antennes sophistiquées spécialisées dans la détection des phéromones (la formule chimique est ici) et volent à la recherche de gentes demoiselles cachées dans un corps de guêpe.

Ces dames

Mesdames se présentent sous la forme d’un vers plat, dont on observe un bout du thorax : ce sont les points noirs observés par Grégoire. Elles attendent leur prince charmant qui va les féconder en un endroit bien précis : entre la tête et le céphalothorax.

Très rapidement, les petits en croissance se nourrissent directement de la chair de leur maman qui est morte dès leur naissance (le tout dans le corps d'une guêpe toujours vivante)… C'est l'alien du film de Ridley Scott. (Vous trouverez là un article scientifique avec résumé en français sur les amours chez les Strepsiptères).  

Une famille répandue dans le monde entier

Environ 600 espèces de Strepsiptères ont été décrites dans le monde. Toutes sont des parasites stricts d’insectes. Leur position dans l’arbre de l’évolution des insectes a été un grand sujet de discussions et de débats parmi les scientifiques. Il semblerait que la famille soit très proche de celle des coléoptères (ici un article en anglais de 2014).  

Le Strepsiptère qui valait trois milliards 

Si leur cycle de vie et leur dimorphisme sexuel ne sont pas banals, les yeux des mâles sont des prodiges. Chacun d’eux regroupe plusieurs yeux miniatures accolés les uns aux autres qui leur offrent une puissance visuelle bien supérieure aux autres insectes (lire ). Chaque mini œil voit comme celui d’un humain. A tel point que des chercheurs ont conçu une nouvelle caméra inspirée de la vision des Strepsiptères (ici le résumé en anglais).

Les strepsiptères manipulent le comportement des guêpes

Pour ce qui concerne les relations entre l’hôte et le parasite, la chercheuse italienne Laura Beani a montré que les femelles strepsiptères sont des manipulatrices (ici et ). Il semble, par exemple, que les guêpes parasitées hivernent plus longtemps que leurs consœurs non parasitées. Pour la chercheuse, ce serait pour que les larves en croissance puissent atteindre leur maturité.  

Les « strepsi » du Spipoll

Mais revenons à la découverte de Grégoire. Fort de tous ces éclairages scientifiques, il a recherché le nombre de photographies de polistes dans toutes les collections du Spipoll. Il en a trouvé 1 622. Parmi lesquelles 159 ne permettaient pas d’observer l’abdomen. En revanche, 108 étaient porteuses de strepsiptères !

 Autre découverte : l’année 2013 était une année noire pour les parasites !

Après les fourmis (lire ici) et les araignées (là), le Spipoll ouvre donc la porte à l’étude des parasites des pollinisateurs. Grégoire n’en revient toujours pas de sa trouvaille fortuite !

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Lisa Garnier, le lundi 09 mai 2016

Pour s'abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr 

→ Deux articles qui complètent le mien ici et → Sur les parasites, je vous conseille la lecture de « La vie rêvée des Morpions et autres histoires de parasites » de Marc Giraud et Roland Garrigue, éditions Delachaux et Niestlé.

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