Les premières fleurs sauvages des villes font leur apparition : véroniques, pâquerettes, pissenlits... D'ici un mois, le colza, de son nom latin, Brassica napus, commencera sa floraison ensoleillée.
Champ de colza © Feggy Art | Flickr
Un prince charmant, le navet ?
Son cousin, le navet sauvage, Brassica rapa, est lui en début de floraison. S’il ne cache pas de prince charmant comme le navet du film Le château ambulant de Hayao Miyazaki, il brille par un 6e sens.
Il est capable de « reconnaître » celui qui s’attaque à lui ! Pour une plante, sans yeux, sans oreilles et sans nez, c’est plutôt fortiche, non ?
Un SOS odorant
Le navet fait partie de ces plantes qui émettent des molécules odorantes lorsque des herbivores les grignotent. En signaux de détresse, elles avertissent les prédateurs de leurs ennemis. Pour qu'ils viennent à la rescousse ! En langage humain, ça donne : « Venez pondre sur les chenilles qui me dévorent ! »
Mais chez le navet, on a découvert que le bouquet d'odeurs dépend de l'ennemi en question.
Grande loche (Arion rufus) © Christian Godreuil | Flickr
Des prédateurs de toutes les tailles, de toutes les formes
Les chercheurs ayant réalisé l'étude (ici) ont étudié toutes les molécules émises par les plantes lorsque celles-ci sont mastiquées (chenilles, limace) ou ponctionnées pour atteindre la sève (pucerons). Les dix espèces prédatrices étaient soient spécialisées dans le chou, soit généralistes (la limace grande loche, par exemple). Certaines étaient exotiques comme la chenille du papillon de nuit américain, Mamestra configurata.
Intelligent, le navet ?
Eh bien, sans exception, les herbivores généralistes ont induit une production d'odeurs plus importante que les spécialistes. Pour les chercheurs, il n’y a donc aucun doute : le navet sait les différentier.
La tentrède de la rave © Sandra-Photographie | Flickr
Les super pouvoirs du navet
Plus surprenant, ils ont trouvé que deux espèces de chenilles, la noctuelle de la betterave (Spodoptera exigua) et la fausse-arpenteuse du chou (Trichoplusia ni), communes dans les serres hollandaises où elles survivent en hiver et où l’étude a eu lieu, sont des espèces exotiques. Alors qu’il subsistait encore un doute sur leur naturalisation en Europe tempérée.
Les odeurs émises lorsqu'elles grignotent les feuilles de navet ne laissent aucun doute : elles ressemblent à celles libérées par d’autres insectes exotiques !
Sacré navet !
Comparé à son cousin le colza, il est une rareté parmi les plantes de Sauvages de ma rue (ici pour participer)…. Une bonne raison pour parcourir les trottoirs des campagnes afin de le débusquer ;-)
________________________________________________________________________________Lisa Garnier, le lundi 27 mars 2017
Contact : lisa.garnier@mnhn.fr
AGENDA !
--> Vigie-Nature sera au rendez-vous de la Fête de la Nature 2017 dont le thème porte sur les super pouvoirs de la nature. Le navet est un exemple tout trouvé !
--> La journée nationale des relais de Sauvages de ma rue aura lieu le 3 juin 2017 à Villeurbanne.
--> La rencontre nationale des sciences citoyennes sur la flore aura lieu les 4 et 5 juillet 2017. Tous les programmes de sciences participatives sur la thématique flore seront mis à l'honneur dont Sauvage de ma rue !
--> Vigie-Nature sera présent tout le mois d'avril 2017 au Parc Zoologique de Paris. Tenter l'expérience des sciences participatives en devenant un apprenti explorateur !
MERCI !
Merci à Toni Arch pour sa photographie d'ouverture ! Son site est à découvrir là.