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5 choses étonnantes à savoir sur le Pinson du Nord

Sciences participatives

 

On fait connaissance avec ce magnifique oiseau qui déferle depuis le mois de novembre sur nos mangeoires.

 

BirdLab © Laetitia_Rougerie

Le Pinson du Nord sur toutes les mangeoires cette hiver (Photo : Laetitia Rougerie)

 

C’est le phénomène de ce début de saison BirdLab. Le pinson du Nord, magnifique oiseau au plumage orangé, habituellement pas si facile à observer, déferle depuis le mois de novembre sur nos mangeoires. Présent dans le Nord et le Nord-Ouest dès le mois de novembre, le passereau originaire des forêts boréales occupe tout l’Ouest et le Sud-Ouest de la France au mois de décembre. Ce mois-là, sur 26 parties dans le Pays Basque, près de la moitié d’entre elles (10) signalent le Pinson du Nord.

« C’est un phénomène inhabituel. Cela fait penser à l’invasion de Gros-Bec Casse noyaux que nous avons connue en 2017-2018 » explique le chercheur Romain Lorrillière qui a vite repéré les chiffres spectaculaires dans la base de donnée. Ces deux dernières semaines, leur nombre a plus que doublé par rapport à l’année dernière ! S’il est toujours délicat d’avancer des hypothèses explicatives, le chercheur invoque de suite l’opportunisme : « C’est toujours pareil : il y a trop d’individus par rapport aux ressources alimentaires locales. Ce qui pousse les oiseaux à partir explorer d’autres territoires. »

Bien malin qui peut savoir ce que nous réservent les prochains mois. Mais cette année semble bien être une année à Pinson du Nord. Ne boudons pas notre plaisir : c’est l’un des plus stylés de nos passereaux hivernaux. Pour vous familiariser avec l’oiseau orange venu du Nord, voici 5 choses étonnantes à savoir.

 

1 - Tous migrent… enfin presque

 

Le Pinson du Nord est un passereau nomade originaire des forêts boréales de l’Europe et de l’Asie septentrionales (des pays scandinaves à la Russie). En automne, le froid s’installant et les ressources diminuant, il quitte ses contrées pour hiverner dans des régions plus clémentes. Des milliers d’individus rejoignent alors la France. Certains y restent pour hiverner, d’autres poursuivent le voyage jusqu’à la péninsule Ibérique. Voire l’Afrique du Nord. Les oiseaux partant des régions plus à l’Est, comme la Russie, rejoindront plutôt le Moyen-Orient et la Chine. Il n’y a qu’au sud de la Suède et de la Norvège, à 1000 kilomètres de Lille, que le Pinson est sédentaire.

Nb : Les pinsons des arbres provenant du Nord et de l’Est de l’Europe migrent également et se mélangent à leurs cousins en hiver. Les Pinson des arbres européens sont migrateurs partiels, certains migrent plus au Sud, d’autres restent, notamment en France, toute l’année.

 

2 - Leurs rassemblements sont spectaculaires

 

Le pinson du Nord voyage en groupe. Et pas des moindres. Certains convois peuvent contenir plusieurs milliers, voire des millions d’individus, parfois accompagnés de Pinsons des arbres. Lors des haltes migratoires, il est possible de les rencontrer dans des bois dits dortoirs, où ils se reposent ensemble entre deux vols. Les scientifiques expliquent cette grégarité de plusieurs façons : protection contre les prédateurs, thermorégulation, échange d’informations quant aux ressources alimentaires. Le rassemblement record a été observé en Suisse en 1951, estimé à 72 millions d’individus.

 

Pinson_Nord © Jonn Leffmann(CC)

Au moment de la migration les Pisons du Nord se rassemblent pour descendre vers le Sud de l'Europe

 

3 – Ils modifient leur régime alimentaire en cours de route

 

Dans leurs forêts d’été de conifères ou de bouleaux, les pinsons se nourrissent essentiellement d’insectes. Mais en hiver, au cours de leur migration, leur régime change. Les faines de hêtres, riches en calories, les semences de conifères ainsi que les graines ou les baies font partie de leurs mets favoris sous nos latitudes. Lorsqu’ils ne sont pas dans les champs, ils n’hésitent pas à s’aventurer dans les jardins des birdlabeurs pour y dérober quelques graines. La variation de ces ressources, comme la fructification des hêtres, peut expliquer les variations d’abondance des pinsons d’une année sur l’autre.

 

4 - Ils changent de couleur avant de repartir

 

Au moment où il arrive sur nos mangeoires, à partir du mois d’octobre selon les années, l’oiseau arbore un plumage inter-nuptial, c’est-à-dire un peu plus sobre qu’en période de reproduction au printemps. Le mâle n’en reste pas moins très éclatant, avec sa poitrine orangée et ses ailes rayées blanches et noires. Il se confond tout à fait avec les sols hivernaux, tapissés de feuilles mortes et de neige. Il ressemble alors à la femelle. Difficile de les différencier…

Ce n’est qu’en fin de saison de BirdLab, fin février-début mars, qu’on peut déjà observer l’apparition de la belle capuche noire de jais du mâle. Sa tête et son bec prennent une teinte plus foncée. Les bandes noires de son manteau s’accentuent.  Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le plumage ne change pas. L’extrémité des plumes subissent un phénomène d’abrasion comme chez d’autres espèces d’oiseaux. Le Pison vêtu de sa nouvelle tenue est alors prêt pour rentrer se reproduire, chez lui, dans les forêts de ses contrées nordiques. Lors de la parade nuptiale il déploie son poitrail orange et abaisse ses ailes pour exhiber son croupion tout blanc.

 

5 - Ils passent de grégaires a « chacun pour soi »

 

Il est intéressant de constater que s’il est extrêmement grégaire lors des migrations, le Pinson du Nord est plutôt solitaire et territorial en période de reproduction. Il est également monogame, mais pas forcément fidèle. Ce qui semble être le cas de nombreux passereaux et en particulier des fringillidés. Des chercheurs allemands ont même repéré un gène de l’infidélité transmis du père à la fille, baptisé le "gène de Casanova". 

Que nous disent les données SHOC ? Sans surprise, le phénomène saute aux yeux, même si ce n’est pas aussi flagrant que sur les données BirdLab. Sur les chiffres de décembre, on a 30% de carrés avec des Pinsons du Nord (8% l'année passée, 28% en 2017), avec une moyenne de 4.2 pinsons par carré (0.3 l'année passée, 3.2 en 2017).

 

Participez à BirdLab jusqu'au 27 mars 2022

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