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BirdLab : ce que dévoilent les commentaires des joueurs

Sciences participatives

 

Les commentaires publiés dans l'application ont été analysés pour la première fois. Par leurs remarques, les joueurs révèlent le caractère pédagogique du jeu.

 

Nous avons déjà présenté ici le travail d’Ana Christina, qui avait relevé la surprenante diversité des commentaires accompagnant les collections de photos du SPIPOLL. Ceux-ci témoignaient notamment de la progression des participants, leur propension à dépasser le cadre du protocole pour s’investir davantage. La chercheuse a cette fois proposé à sa stagiaire Anaïs Erny de se plonger dans les commentaires de BirdLab, notre application permettant d’étudier les comportements des oiseaux aux mangeoires. Contrairement au SPIPOLL, les joueurs de BirdLab ne peuvent pas voir les commentaires des autres participants et donc d'interagir. Lors de chaque partie, il est tout de même possible d’envoyer des messages aux administrateurs. Ainsi depuis 5 saisons des commentaires s’accumulent dans nos bases de données. Ils font pour la première fois l’objet d’une analyse d’ensemble.

Diversité des messages

La méthode d’Anaïs a consisté dans un premier temps à classer en grandes catégories de thématiques les 3916 commentaires reçus. Il en ressort que la plupart des réactions (55%) concernent bien « l’identification » des oiseaux, le but-même du jeu. Un exemple typique : « Je suppose que cette espèce est un pinson. Il a une grande taille, gros bec, verdâtre avec au bord de ses ailes des plumes jaunes. ». Un autre sujet qui agite également la communauté (37%) est le « comportement des oiseaux », comme l’illustre cette description de scène de repas : « Une mésange bleue s’est retrouvée sur le dos pour se défendre du verdier mais c’est lui-même qui s’est envolé le premier. Il a repris sa place dès qu’elle a été libre. »

Plus à la marge, 11% des commentaires traitent de questions environnementales. Arrivent ensuite les remarques sur le protocole (5%), l’application (4%), le ressenti des joueurs (4%). Les commentaires à destination des administrateurs (animateurs/chercheurs) (2,6%) et les réflexions écologiques (2,6%) occupent le bas du tableau.

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De l’espèce à l’écosystème

Ce que montre avant tout cette catégorisation, c’est la diversité des sujets abordés. Ainsi les joueurs ne se contentent pas d’identifier les oiseaux, une base importante du protocole : ils vont bien plus loin. Et cela en fonction de son niveau que chaque participant doit préciser avant de se lancer dans une partie. En effet si « novice » et « amateurs » parlent principalement d’identification, les observateurs « confirmés » et « experts » insistent davantage sur les comportements des oiseaux. « Par la pratique de BirdLab, les joueurs paraissent donc développer leur sens de l’observation » souligne Anaïs, révélant ici un véritable phénomène d’apprentissage.

Au fil de la progression, les participants passent moins de temps à déterminer les noms des espèces, ce qui les pousse à se poser de nouvelles questions. Ils finissent par dépasser la mangeoire en se demandant quels éléments de l’environnement pourraient agir sur les résultats du jeu. « Cela peut aller d’une réflexion sur le lien entre les comportements des oiseaux et la météo à de véritables réflexion écologiques». Et Anaïs d’illustrer son propos par ce questionnement d’initié : « Encore une partie pauvre en nombre d'oiseaux et en espèces !? inquiétant cette année par rapport aux 4 sessions de ma participation ! » Environ 90% des commentaires contenant des informations sur l’environnement et l’écologie proviennent des « amateurs » et « experts ».

Méthode scientifique

Autre phénomène observé : dans 2,7% des commentaires, les participants déclarent leurs erreurs. Cela peut paraître surprenant, mais ces derniers sont majoritairement issus des joueurs… « confirmés » et « experts » ! Interprétation d’Anaïs : « Cela peut signifier que ce sont les joueurs avancés dans leur apprentissage de l’identification qui sont les plus enclins à se rendre compte d’une erreur commise et à vouloir la corriger en déposant un commentaire. Cela paraît également manifester une certaine compréhension du caractère rigoureux de la démarche scientifique, dans la mesure où ils trouvent important de signifier leurs erreurs. » Il a déjà été montré, en effet, que la science participative aiguise l’esprit scientifique. Elle pousse à la rigueur méthodologique. Un phénomène également corroboré par tous les commentaires de participants confirmés transmettant des suggestions sur le protocole, complétant leur partie d’informations dont ils savent qu’elles seront utiles aux chercheurs.

BirdLab © Sylvia Fredriksson (Flickr)

Les commentaires de BirdLab révèlent un véritable phénomène d’apprentissage.

 

Expérience de nature

Ce travail inédit sur les commentaires met en évidence le rôle pédagogique de l'application : « BirdLab permet aux participants de développer des connaissances sur les oiseaux dans un certain contexte environnemental et méthodologique, et paraît les sensibiliser aux enjeux de conservation de la biodiversité » admet Anaïs. Si l'on en croit une publication anglaise (1), apprendre à identifier les oiseaux augmenterait même notre bien-être.

Au delà de l’apprentissage, certains messages nous rappellent aussi qu’observer des oiseaux dans son jardin peut nous faire vivre des expériences de nature uniques, dont les bénéfices sont incommensurables : « Je domine les mangeoires depuis l'étage, ces 5 min me font voir le lever du soleil sur les branches du cerisier, jamais on prend ce temps... quelle quiétude ! ».

 

Attention, ces résultats n'ont pas fait l'objet de publication scientifique, ils ne peuvent donc pas faire l'objet de reprise en tant que résultats scientifiques à proprement parler.

 

(1) Likeability of Garden Birds: Importance of Species Knowledge & Richness in Connecting People to Nature. Daniel T. C. Cox , Kevin J. Gaston. Published: November 11, 2015 https://doi.org/10.1371/journal.pone.0141505

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