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BirdLab et la recherche scientifique : le point 5 ans après le démarrage

Sciences participatives

 

Après chaque partie, les données sont envoyées puis stockées dans une base avant d’être analysées par nos chercheurs d’AgroParisTech et du Muséum national d’Histoire naturelle (CESCO). Aujourd’hui, après plusieurs hivers de participation, des joueurs de plus en plus nombreux, BirdLab devient un véritable outil de recherche scientifique. Un premier article scientifique la perruche à collier (voir ci-dessous) a été publié en 2020. Et cela ne fait que commencer.

 

Les chercheurs François Chiron, Carmen Bessa-Gomez (AgroParisTech) et Romain Lorrillière (MNHN) nous détaillent leurs réflexions par grandes thématiques, illustrées par quelques résultats.

 

Mise en garde : hormis l’étude sur les perruches, les travaux mentionnés sont en cours et n’ont pas (encore) été publiés. Ils ne peuvent donc pas faire l'objet de reprises sans filtre en tant qu‘études scientifiques finalisées.

Quelles interactions entre les espèces ?

« Comprendre les interactions entre différentes espèces fréquentant les mangeoires est un des grands axes de recherche. Existe-t-il des affinités entre-elles ? Certaines espèces entrent-elles en compétition pour l’acquisition des graines ? Avec l’intensification du nourrissage et la raréfaction des ressources naturelles, les oiseaux passeront probablement de plus en plus de temps ensemble. Cette promiscuité nouvelle modifiera-t-elle les interactions au sein des communautés d’oiseaux ? » Romain.

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  1. Résultat : Les perruches à colliers, une concurrence très relative

Depuis l’intégration de la perruche dans notre jeu en 2017, de nombreux participants ont pu signaler la présence de la Perruche à collier et décrire son comportement sur les mangeoires. En analysant les données, les chercheurs sont parvenus à montrer que lorsque la perruche utilise les mangeoires, elle ne semble pas gêner outre mesure le comportement alimentaire des petites espèces. Ni plus ni moins que d’autres oiseaux au gabarit similaire comme la Tourterelle turque ou la Pie bavarde. De quoi apaiser en partie les craintes que suscite cet oiseau exotique.

-En savoir plus : La perruche à collier pose-t-elle problème sur les mangeoires ?

-Lire le communiqué de presse et la publication originale  

 

  1. Résultat : Les oiseaux ont aussi leurs heures de repas !

A quelle heure viennent manger les oiseaux ? Les données BirdLab ont permis de voir que les Mésanges charbonnières et Mésanges bleues se rendent sur les mangeoires à tout moment de la journée. Tandis que les Verdiers d’Europe, Chardonnerets élégants, Pinsons des arbres et Moineaux domestiques préfèrent le milieu de journée. Le Rouge-gorge, lui, privilégie le lever et le coucher du soleil. Pour expliquer ces différences, deux hypothèses : les oiseaux peu territoriaux en hiver comme les pinsons et verdiers évitent les moments où la luminosité est faible, se sachant plus vulnérables face aux prédateurs et sans connaissance systématique des jardins qu’ils fréquentent. Il se pourrait aussi que, contrairement aux espèces grégaires, les espèces solitaires comme le Rouge-gorge préfèrent attendre d’être seul pour venir se nourrir.

-Lire l’article : Les oiseaux aussi ont leurs heures de repas !

 

Quels sont les effets du paysage et de la météo sur les oiseaux aux mangeoires ?

« La mangeoire est un excellent reflet de ce qu’il se passe tout autour. Nous voyons déjà que les mangeoires placées dans des environnements très urbains ou dans des paysages d’agriculture intensive sont appauvries en espèces. Cette tendance s’accentue pendant l’hiver, avec pour hypothèse la diminution progressive de la ressource en nourriture en dehors des jardins et le report des oiseaux dans les paysages leur fournissant une nourriture plus abondante.

Nous espérons aller plus loin. Grâce à BirdLab, nous cherchons à savoir si un environnement difficile, dépourvu de nourriture, pourrait modifier les interactions entre espèces et entre individus, en sélectionnant ou non les oiseaux plus agressifs, plus compétitifs vis-à-vis de la nourriture apportée aux mangeoires. Et si cela est de nature à modifier l’ensemble du réseau d’interaction entre espèces.

A plus long terme encore, nous souhaitons étudier le rôle de la météo locale afin de construire des modèles de l’impact des changements climatiques globaux. Lorsque le temps est mauvais, les oiseaux consomment plus d’énergie et viennent d’avantage se ressourcer sur les mangeoires. Mais combien d’oiseaux supplémentaires ? Quelles espèces en particulier ? Et comment mettre cela en lien avec les variations de température à l’échelle globale ?

Nos résultats révèlent déjà des variations importantes dans la présence de certaines espèces aux mangeoires au cours de l’hiver et entre régions françaises (exemple du gros-bec, voir ci-dessous). » François

tuto BirdLab

 

  1. Résultat : L’urbanisation diminue la fréquentation des oiseaux

Les mangeoires qui se situent dans des zones à forte densité de bâti accueillent globalement moins d’oiseaux et moins d'espèces différentes. Ces espaces très minéralisés laissent peu de place à la végétation et donc à de potentielles ressources alimentaires. Au printemps et en hiver les mangeoires sont parfois le seul recours pour les oiseaux. Nos résultats montrent en revanche que la diversité en oiseaux augmente sensiblement avec la présence d’espaces agricoles proches (dès 5-10% dans un rayon de 2 km), et plus fortement encore dès lors que le tissu urbain s’agrémente de prairies, d’habitats forestiers, de zones humides, etc.  Bien qu’attendus, ces résultats sont nouveaux pour les oiseaux hivernants et prouvent la très bonne qualité des données collectées dans le cadre de BirdLab.

-Lire l’article : Plus d'oiseaux à la mangeoire dans les villes bordées de champs : un début de moisson pour BirdLab

 

Apprentissages et participation à BirdLab

« Les participants des programmes de sciences participatives, à travers leurs comportements et leurs commentaires, nous intéressent de plus en plus. Ils ont un rôle important non seulement dans la collecte de l’information mais aussi dans l’évolution des programmes (questions scientifiques, outils, etc.). Dans BirdLab par exemple, les commentaires de fin de partie nous ont signalé la présence régulière aux mangeoires d’espèces hors liste à rajouter dans les nouvelles versions.

Un travail a été mené sur les commentaires laissés sur l’application par les joueurs de BirdLab. A terme, nous espérons voir à quel point la pratique améliore certaines connaissances, comme semble le suggérer cette première étude (lire ci-dessous), ou encore si elle agît sur les comportements en dehors du jeu, sensibilise aux problématiques environnementales etc. Nous découvrirons peut-être des phénomènes inattendus. » Carmen.

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  1. Résultat : Les commentaires des joueurs révèlent un phénomène d’apprentissage

 

Depuis le début de BirdLab, il est possible d’adresser des commentaires à la fin de la partie. Un doute sur une espèce, un comportement inhabituel, une remarque sur le contexte de la partie… les motivations sont diverses et variées (voir tableau). Ces commentaires ont fait pour la première fois l’objet d’une analyse d’ensemble en 2019. Le travail montre que les sujets abordés varient selon le niveau du joueur, révélant un phénomène d’apprentissage. Au fil de la progression, les participants passent moins de temps à déterminer les noms des espèces et s’interrogent sur les impacts de l’environnement. De quoi conforter le rôle pédagogique de l'application.

 

-Lire l’article : BirdLab : ce que dévoilent les commentaires des joueurs

 

Et des choses inattendues…

Les données des participants ont mis en évidence une abondance exceptionnelle de Gros bec casse-noyaux au début de l’année 2018, une colonisation qui s’est faite en diagonale de Strasbourg à Bordeaux. Dès décembre, l’oiseau est déjà présent dans le Sud-Ouest du pays alors que les autres années il fallait attendre janvier.

-Lire l’article Le « gros-bec » a bien décidé de passer l’hiver chez nous

 

C’est un oiseau qui ne figurait pas dans la liste du jeu. Le choucas des tours a pourtant été mentionné de nombreuses fois en 2020 par l’intermédiaire du « joker » permettant d’envoyer des commentaires après chaque partie. L’année précédente, lors des trois premiers mois de 2019, les chercheurs ont reçu seulement 3 mentions de choucas. Alors qu’en 2020 il y en a eu 10 en janvier, 60 en février et 80 en mars ! Un phénomène inattendu qui a conduit à intégrer l’espèce dans le jeu pour la saison 2020-2021.

-Lire l’article Le choucas des tours, invité surprise des mangeoires

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