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libellule déprimee © christian fischer -MNHN

C’EST L’ÉPOQUE DES LIBELLULES !

Sciences participatives

 

Avec la chaleur des beaux jours, les libellules en vol sont de retour !

La ville filtre les espèces de libellules

En ville, libellules et demoiselles se font cependant beaucoup plus rares. Des auteurs anglais ont en effet passé en revue 79 articles scientifiques publiés à partir d’études réalisées dans les environnements urbains (du Chili au Japon en passant par le Brésil, les USA et l’Europe) et, sans surprise, leur diversité s’appauvrit plus on pénètre au cœur de la fourmilière humaine (l’article très complet est là).  

Qu’est-ce qui cloche ?

Avec leur cycle de vie assez complexe – une vie larvaire aquatique et une vie d’adulte dans les airs – (ici un article de l’Opie sur leur biologie), la ville peut à tout moment briser la vie d’une libellule qu’elle soit adulte ou non… La qualité de l’eau et celle de la végétation bordant les cours d’eau, mares et étangs, la pollution, l’éloignement des cours d’eau les uns des autres, la densité en bâtiments sont autant de facteurs qui agissent sans conteste sur leur biodiversité au sein des villes.

 

Des solutions d’aménagement

J’ai cependant noté qu’il existe des solutions ! Et la première est celle de l’augmentation du nombre d’espèces de plantes aquatiques des cours d’eau ainsi que leur protection pour éviter trop de piétinement. En effet, beaucoup d’études le prouvent : plus de plantes, plus d’odonates ! D’ailleurs elles possèdent un fort pouvoir de séduction (lire Finding Beauty in the Dragon: The Role of Dragonflies in Recreation and Tourism là).  

E. cyathigerum © Martin Jeanmougin | MNHN

 

Les libellules apprécient lumière et espace

« Les libellules sont surtout sensibles à la densité des bâtiments autour des mares, au cœur de Paris évidemment mais aussi à la campagne ! » m’a expliqué Martin Jeanmougin, doctorant au Cesco, ayant réalisé une étude en 2013 (ici l’article complet en anglais). Et oui, il leur faut des coins de verdure pour aller chasser et pour pouvoir se cacher lorsque, après leur émergence de l’eau, elles sont toutes frêles. Une mare cloisonnée par des bâtiments empêchant le soleil d’éclairer le lieu n’est donc pas l’endroit rêvé pour une libellule ! A Paris ou ailleurs…

Anax imperator © Pjt56 | Wikimedia commons

Métaux lourds et pesticides

Pour revenir à notre synthèse, plusieurs études ont montré que l’emploi de pesticides diminue l’activité des libellules. Aussi bien lorsqu’elles vivent sous l’eau qu’ hors de l’eau. Quant aux métaux lourds, ils s’accumulent dans l’exuvie des larves. Malgré tout cela, certaines espèces semblent tolérantes à la vie urbaine. Citons la très commune Ischnura elegans - l’Agrion élégant.

Une bactérie contre les moustiques…

Mais sortons de la ville en partant pour la Camargue, où deux chercheuses Christiane Jakob et Brigitte Poulin de la Tour du Valat ont mis en évidence l’effet d’une bactérie, de son petit nom Bacillus thuringiensis var israelensis ou Bti pour les intimes, sur les libellules. Cette bactérie, considérée comme non toxique pour les êtres vivants, sauf les diptères, est employée pour contrôler les populations de moustiques dans le monde entier (ici un document québécois qui explique comment elle agit).  

Caloperyx splendens © Damiano Violin | Flickr

…qui s’avèrent toucher les libellules

Les deux chercheuses montrent que dans les zones subissant le traitement au Bti le nombre d’espèces de libellules diminue de moitié ainsi que le nombre d’individus (ici l’article). Leur étude complète d’autres travaux sur l’impact de la bactérie sur les populations d’oiseaux et chauves-souris. A lire ici, un avis du conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité à ce sujet.  

Toutes ces recherches vous auront convaincu que suivre les populations de libellules au cours du temps est plus que nécessaire ! Que l’on soit en ville ou au bord d’un étang perdu au milieu d’une forêt ! Ça tombe bien le suivi temporel des libellules entre dans sa quatrième année !  

C’est le moment de les observer en vol !

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Lisa Garnier, le lundi 20 juin 2016

Pour s'abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr

 

Le suivi temporel des libellules ou Steli a pour objectif de concevoir un indicateur national de ces insectes dans le plan national d'actions en faveur des odonates. Il est ouvert à tous ; différents niveaux de compétences sont prévus dans le protocole. Le premier pas ? Lire « la recette » pour participer ici.  

→ 89 espèces de libellules vivent en France métropolitaine, 13 espèces sont menacées d’extinction. Vous trouverez un dossier bien complet ici  

→ Pour en savoir plus sur les libellules et notamment celle d’Outre-Mer, je vous invite à vous offrir le Courrier de la Nature spécial libellules là.  

 

! Le plus !

En rédigeant cet article j’ai appris (ici) que les libellules détectent le dioxyde de carbone par leurs antennes. Ce qui est nouveau. Cela était connu chez les insectes sociaux comme les abeilles et les fourmis ainsi que les moustiques. En revanche, on ne sait pas trop à quoi cela leur sert biologiquement. Au contraire des moustiques : ces derniers repèrent leur proie à leur expiration ! Arrêtez de respirer pour ne pas vous faire piquer !!

Ischnura elegans © Glenn van Windt | Flickr

AGENDA

→ Le 23 juin 2016 aura lieu la nuit de l'agroécologie - Débats citoyens autour de l'agriculture. Pour proposer une rencontre ou participer à une rencontre, rendez-vous sur le site ici

→ Florence Devers de Vigie-Nature sera présente aux Estivales de la permaculture à Montreuil les 25 et 26 juin 2016. Tout le programme est là

→ Retrouvez également Vigie-Nature lors des « 24H pour la biodiversité » en Seine-Saint-Denis. Le week-end des 25 et 26 juin 2016 sera consacré à des animations nature dédiées aux sciences participatives. Demandez le programme ici !

→ Participez à la création de PartiCitaE, l'Observatoire Participatif de l'Environnement Urbain. Comment ? En remplissant d'abord ce questionnaire là. Puis en venant nous rencontrer le 25 juin à 17h aux "24H pour la biodiversité" au parc de la Bergère à Bobigny, le 30 juin aux ateliers d'été de l'agriculture urbaine et le 4 juillet à l'école thématique sur l'environnement urbain sur le campus Jussieu.

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