Depuis le début du confinement les participants à l'Opération papillons ont référencé de nombreuses espèces. Parmi les groupes les plus abondants, ce sont les "piérides blanches" qui dominent. Pourquoi ? Rencontre avec les petites muses ailées.
Piéride du navet (Pieris napi)
Depuis le début du confinement, vous avez été nombreux à nous faire part de vos rencontres avec les papillons. Le confinement a entraîné une véritable déferlante de données dans nos systèmes informatiques.
Il est encore un peu tôt pour vous livrer quelque analyse. Regardons simplement les principaux groupes mentionnés ces dernières semaines. Entre le 16 mars et le 13 avril, ont principalement volé au-dessus de nos cours et jardins des "piérides blanches" suivis des Citrons, Aurores, Lycènes bleus et Tircis. Rien d’étonnant : très abondants partout en France, ces papillons sortent aussi relativement tôt, généralement dès le mois de mars. Le Citron déploie quant à lui ses petites ailes jaunâtres à la fin de l'hiver lors des premières journées ensoleillées.
Mais arrêtons-nous un instant sur celles qui peuplent la plupart des jardins : les "piérides blanches". Par souci de simplicité, nous avons regroupé dans cette catégories de petits papillons blancs plusieurs espèces qui se ressemblent parfois sensiblement. Citons la Piéride du chou, la Piéride du navet ou la Piéride de la rave pour les plus communs. Leurs points communs ? Des ailes blanches avec un ou deux points noirs, une bordure sombre au bout de l’aile avant. Leur dessous est blanc jaunâtre avec des nervures plus ou moins marquées. En 2019, 314 148 "piérides blanches" avaient été recensées, ce qui en faisait le groupe le plus observé par les participants, quand le bel Appolon fermait le banc avec seulement 517 mentions.
Outre que le groupe des "piérides blanches" représente plusieurs espèces distinctes, cette abondance s’explique aussi par leurs exigences écologiques. Alors qu'une espèce comme l’Apollon s’observe surtout en altitude et pond dans les sédums, plantes grasses peu abondantes, les Piérides sont inféodées à des plantes sauvages ou cultivées très communes comme les choux ou le colza.
Les jardiniers savent de quoi nous parlons… Les chenilles - de la Piéride du chou en particulier - se délectent des cultures, qui sont leurs plantes hôtes. Dans l’Antiquité, le naturaliste latin Pline l’ancien recommandait même de planter un crâne de cheval sur un pieu au milieu des cultures pour les éloigner ! Aujourd’hui, la simple présence d’une végétation herbacée autour des plantes attaquées favorise la présence d’insectes prédateurs. Les oiseaux insectivores, et même des araignées capturent également les papillons.
Saviez-vous que leur nom s'inspire de la mythologie grecque ? En l'occurrence des Piérides, les filles du roi Piéros et excellentes chanteuses. Elles se seraient ainsi transformées en oiseaux à la suite d’un concours perdu contre les Muses. Mais le nom piéride est parfois utilisé pour désigner les Muses elles-mêmes.
De votre côté, avez-vous rencontré les muses blanches du jardin ?
Vos données sont sans équivalent pour mesurer à grande échelle et sur le long terme les variations d’abondance des espèces communes, et essayer ainsi de comprendre les menaces qui pèsent sur la biodiversité.
Pour nous aider à alimenter cette rubrique, n’hésitez pas à nous envoyer vos photos des plus belles rencontres faites dans votre jardin.