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En direct de vos jardins #5 – Le choucas des tours, invité surprise des mangeoires

Sciences participatives

 

 

La saison BirdLab à présent terminée, un phénomène saute aux yeux en parcourant la base de donnée : de janvier à mars, un oiseau surprise s'est invité sur les mangeoires.

 

 

Choucas©Jeanne Menjoulet (Flickr)

 

La saison BirdLab à présent terminée, un phénomène saute aux yeux en parcourant la base de donnée : de janvier à mars, un oiseau surprise s'est invité sur les mangeoires. Plumage et bec noirs, comportement grégaire, cri aigu. Il ne figure pas dans la liste du jeu...

Les joueurs ont donc eu recours au "joker" justement prévu pour ce genre de situation. Heureusement, grâce aux commentaires associés, il n’a pas fallu longtemps pour identifier l'espèce mystère. "Une colonie d'une vingtaine de choucas se pose à quelques mètres des mangeoires " témoigne, par exemple, un Birdlaber. 

Des tours aux mangeoires

Il s’agit en effet du Choucas des tours. Ce corvidé aux faux airs de corneille se reconnaît facilement par sa plus petite taille – celle d’un pigeon -, sa silhouette légèrement arrondie et son œil bleu clair qui ressort, même de loin, de son plumage sombre. Historiquement associé aux falaises, le choucas s’est adapté au fil du temps aux milieux anthropisés. Un participant évoque « une colonie [qui] loge dans le clocher (à 300 m) et une maison en ruine (50 m). » Les vieux bâtiments, les façades d’églises, les corps de fermes contenant des cavités pour nicher en hauteur se sont avérés idéaux pour cet adepte des parois minérales. Il en a d'ailleurs tiré son nom : Choucas des tours.

Lorsqu'il ne voltige pas, il n'est pas rare de l'apercevoir sur les pelouses rases, les prairies pâturées comme son cousin de Corbeau freux, à la recherche de vers et d'insectes. Sa proximité avec l'Homme a diversifié son régime alimentaire, n'hésitant pas à grignoter toutes sortes de détritus. Evidemment, les mangeoires font partie de ses lieux de restauration. Cette année tout particulièrement, les corvidés semblent s'être donnés rendez-vous dans les jardins des Birdlabers. « Il n'y a pas eu de telles observations de choucas l'an dernier. Nous n'avions reçu que 3 observations dans les 3 premiers mois de l'année 2019 » s’étonne le chercheur François Chiron, premier surpris par ce phénomène inattendu. Il faut dire que les écarts sont impressionnants : 10 mentions (jokers) en janvier, puis 60 et 80 en mars 2020 !

MYSTÈRES DE L'OUEST

Il est intéressant de noter que cette arrivée remarquée sur les mangeoires coïncide avec une augmentation des dégâts agricoles, surtout observés à l’ouest du pays. De plus en plus considéré comme problématique par le monde agricole, le choucas fait même l'objet de demandes de dérogation pour destruction. En Maine-et-Loire, 500 oiseaux seront abattus cette année, 12 000 dans l’ensemble de la Bretagne.

Il semblerait que ces oiseaux opportunistes trouvent dans ces régions une nourriture facile et abondante toute l’année. La culture du maïs ensilage notamment, servant à nourrir le bétail est une redoutable aubaine. Une fois habitués aux grains, les jeunes délaissent les traditionnels insectes, plus rares, moins accessibles et se ruent sur les semis de maïs. D’où l’ire des cultivateurs.

Or comme l'explique la LPO dans un communiqué les prélèvements de cette espèce protégée par un arrêté ministériel de 1987 et par la directive européenne sur les oiseaux depuis 2009 n'auront probablement pas d'effet sur les effectifs. D'autant que des alternatives existent : "effarouchement, perchoirs à rapaces, protection des bâtiments agricoles, semis propres" etc.

Revenons à nos mangeoires. Seraient-elles le reflet d’une recrudescence des populations des régions agricoles comme la Bretagne ? "Nous n’avons pas encore bien localisés les mangeoires, mais il sera intéressant de voir si les observations ont surtout lieu dans l’ouest et à proximité de ce type de culture" explique François Chiron. En regardant les statistiques de l’observatoire Oiseaux des jardins, on découvre en effet que les deux départements qui mentionnent le plus de choucas sont la Vendée et le Finistère. 

Pour François, son adaptation aux environnements urbains, avec sites de nidification et ressources alimentaires à disposition pourrait aussi expliquer le retour du choucas. "On voit aujourd'hui les choucas, les freux sur les bords de route, sur les pelouses urbaines, même chez moi à Strasbourg !" 

Mais pourquoi cette année particulièrement ? Trop tôt pour le savoir reconnaît le chercheur. Comme nous le confirment les suivis du STOC, les populations de choucas se reconstituent depuis un certain temps déjà, depuis le début des années 2 000, après une période de déclin.

 

choucas©Oric1(flickr)

Le choucas des tours, très observé cette année par les birdlabers...

 

COMPORTEMENT AUX MANGEOIRES

Quoi qu'il en soit, si elle se confirme et se poursuit, l'arrivée du choucas dans le jeu nous permettra probablement d’en savoir plus sur ses comportements. Et de répondre aux craintes de José, participant à Oiseaux des jardins interrogé par Ouest France lors du grand comptage de janvier : "Il y en a plus que l'an dernier. Je crains qu'à cause de lui, on ne voie pas beaucoup de mésanges." 

"Comme pour la perruche, il sera intéressant d'observer leurs interactions avec les autres espèces" annonce Romain Lorrillière, également chercheur sur les données BirdLab. Le corvidé entre-t-il en compétition avec les petits passereaux comme les mésanges ? Est-il un « pilleur de graines » comme le suggère une réputation partagée avec la pie et les autres corvidés ? Les parties nous éclaireront peut-être.

D'ores et déjà quelques commentaires confirment des traits de personnalité connus. En particulier l'approche solitaire de cette espèce - pourtant grégaire -vers les graines, telle que décrite dans ce commentaire : "pratiquement le même individu qui prend exemple sur la mésange, prend une graine puis va la décortiquer sur la tête d'un piquet puis revient". Ce qui est sûr c'est que la colonie, elle, n’est jamais très loin.

Et vous, avez-vous aperçu le Choucas des tours ?

 

Ne ratez pas le lancement de la saison de BirdLab, le 15 novembre 2020. Plus d'information ici. 

 

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Dan com’ mentionnait pas loin église ou chose comme ça. Arrivé oiseau hiver comme corbeau freu qui pert ensuite nord. Colonie

 

 

 

choucas :

 

 

nuisible

 

 

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