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Faut-il envoyer ses données même quand on ne voit rien ?

Sciences participatives

Le week-end dernier, les 24 et 25 mai, c'était le grand comptage des oiseaux des jardins. Une période où les oiseaux se font beaucoup plus discrets dans les feuillages. On entend bien un chant du haut de l'arbre de son voisin, des piaillements d'oisillons sortis du nid mais au risque de posséder un petit jardin, la récolte en nombre d'oiseaux observés « chez soi » peut être maigre. Est-ce à dire qu'il ne faut pas se connecter sur le site Oiseaux des jardins pour y rentrer « rien » ou « presque rien » ?

Ne rien voir sert quand même

Certes, cela n'est pas très drôle de ne pas avoir de données. Cet hiver, lors de Compet' à la mangeoire beaucoup de participants potentiellement motivés m'ont dit « ça sert à quoi puisque les oiseaux ne sont pas là ? » Or, les résultats dans la newsletter ici, montre que même avec peu d'oiseaux visitant les mangeoires, les mésanges charbonnières et bleues semblent se copier l'une et l'autre. Un comportement que l'on ne soupçonnait pas chez des espèces aussi banales et fréquentes dans les jardins.

Ne rien voir équivaut à une information

L'année dernière alors que je recherchais dans les galeries du Suivi photographique des insectes pollinisateurs (SPIPOLL), les pollinisateurs de la cymbalaire, j'ai eu des difficultés à trouver des collections (souvenez-vous de l'Opération cymbalaire ici). Pas étonnant puisqu'il semble que la dite plante ne soit pas beaucoup visitée par les insectes. Les collections des Spipolliens permettent de connaître « en direct » qui est pollinisé par quoi et qui n'est jamais pollinisé. D'où l'importance des collections entrées sur le site du SPIPOLL sans insectes.

Ne rien voir équivaut à apprendre

Parfois, il faut apprendre à bien regarder. « Je te dis que la boite n'est pas dans le placard » « Si regarde bien, cherche encore » « Ah, oui ! Je l'ai trouvé ! » Grand sourire. Cela ne vous rappelle rien ? Dans Sauvages de ma rue, les sagines, de minuscules plantes à fleurs rampantes sont souvent « oubliées » par les participants. Normal, les sagines se fondent dans le paysage de l'asphalte. Petite touche verte, on les prend pour des mousses. Vous êtes tentés pour apprendre à « voir » les sagines? C'est par ici.

Ne rien voir n'équivaut pas à mal faire

Le fait de ne rien voir n'équivaut pas à « mal faire ». En envoyant « presque rien » sur les sites des différents observatoires, les chercheurs ne se disent pas « ah bah, cette donnée ne sert à rien ! » Au contraire, si beaucoup d'enseignants participant à Vigie-Nature École ne trouvent aucun escargot ni aucune limace, ou très peu, sous leur planche dans leur protocole de l'Opération escargots, on aura plutôt tendance à prendre l'information très au sérieux. Quand les espèces disparaissent, c'est bien parce qu'on ne les voit plus qu'on le sait !

Ne rien observer est finalement une donnée d’absence et non pas une absence de donnée !

Etoile filante lors des Perséides ©Jared Tennant | Wikimedia Commons

Ne rien voir pour un jour Voir

Enfin, plus loin et plus haut dans le ciel existe des planètes dont nous soupçonnions l'existence mais que nous ne voyions pas. Ces planètes situées hors de notre système solaire n'auraient jamais été officiellement déclarées si de nombreux astronomes amateurs n'avaient pas aidé les scientifiques. Planet hunter (en anglais), qui recherche ces exoplanètes, fait ainsi plus confiance à l'observation collective des humains qu'aux algorithmes calculés par les ordinateurs. Les scientifiques font donc confiance à tous les participants ! 

Alors faut-il envoyer ses données même lorsqu'elles sont soi-disant « pauvres » ? Vous aurez compris que OUI, c'est important pour qu'un jour, cela permette de « voir », même avec des chiffres, des tendances que l'on soupçonnait ou que l'on n'imaginait même pas.

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Lisa Garnier, le lundi 2 juin 2014

Pour s’abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr

Des NEWS des autres observatoires

→ Les graines de cymbalaires envoyés par les participants ont germé. Les plantules ont grandi et sont devenus de belles plantes adultes qui fleurissent ! Les mesures des pétales sont en cours. Retrouvez les explications de l'Opération cymbalaire graines ici

→ les 24 heures de la biodiversité, ce sont les 14 et 15 juin 2014. Découvrez le Suivi photographique des insectes pollinisateurs (SPIPOLL), le Suivi temporel des libellules (STELI), Oiseaux des jardins et Vigie-Chiro ! Plus d'info ici

→ La 4ème édition des inventaires éclairs, évènement organisé par Natureparif, se tiendra le week-end du 21 et 22 juin sur les communes de Nonville et de Treuzy-Levelay en Ile-de-France. Le programme est ici, les inscriptions se font là.

Liens :

Oiseaux des jardins, un observatoire du Muséum national d'Histoire naturelle et de la Ligue pour la Protection des OiseauxLe Suivi photographique des insectes pollinisateurs (SPIPOLL), un observatoire du Muséum national et de l'Office pour la protection des insectes et de leur environnement (OPIE)Opération escargot est un observatoire du Muséum national d'Histoire naturelle et de Noé ConservationSauvages de ma rue, un observatoire du Muséum national d'Histoire naturelle et Tela Botanica.

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