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Un guide pratique venu d'Outre-Manche

Sciences participatives

Cette semaine, je vous fait traverser la Manche pour partir à la rencontre de Michael Pocock chercheur au Center for Ecology & Hydrology localisé près d'Oxford. Outre le fait qu'il ait animé une session sur les sciences participatives lors de la grande messe des écologues du monde entier, Intecol, en août dernier, Michael Pocock s'est lancé avec plusieurs de ses collègues dans l'exploration « du paysage des sciences participatives » en recensant et triant près de 450 projets répartis dans le monde entier.

Le paysage des sciences participatives

Pour Michael, ce terme va au delà de la définition des sciences participatives à laquelle tout le monde s'interroge dans le cercle fermé de la recherche scientifique. Il s'agit de décrire, « ranger » sous des noms différents, comme on peut le faire pour classer la diversité du vivant, des projets où les citoyens d'horizons divers se trouvent impliqués. L'idée de Michael est toute simple : ouvrir les yeux des chercheurs sur d'autres façons de pratiquer les sciences participatives en fonction de leurs besoins, de leurs questionnements. Certains projets réunissant 30 personnes peuvent être un succès, tandis que d'autres regroupant 3000 volontaires peuvent se révéler trop faible par rapport aux territoires envisagés. Les expériences étant nombreuses, il est aussi possible de suivre comment les sciences participatives ont évolué au cours de ces vingt dernières années. Seulement, voilà, je ne pourrai pas vous transmettre en avant première cette fameuse étude, encore au stade de la soumission scientifique. Il vous faudra attendre un prochain post !

Michael Pocock

Un guide pratique en anglais

Heureusement que Michael a conduit, avant de se lancer dans ce projet, une étude de moindre envergure regroupant plus de 200 projets liés au suivi de la biodiversité et de l'environnement en Grande-Bretagne. Elle a donné lieu à la rédaction d'un guide gratuit, téléchargeable et disponible en anglais pour tout ceux souhaitant lancer des projets de sciences participatives. « Nous étions plusieurs à vouloir partager nos expériences que ce soit au Center for Ecology & Hydrology ou au Natural history museum. Comment faire ? Quelles sont les questions, les méthodes, comment collecter les données, etc. sont autant de points que nous abordons dans le guide. Nous avons été surpris de son accueil très positif. Il semble que nous ayons répondu à un besoin. Les sciences participatives sont populaires, notamment dans les organismes publics, parce qu'elles paraissent gratuites ».

Une idée reçue

Un point de vue que ne partage pas Michael. « Les sciences participatives semblent permettre de récolter des données de façon gratuite mais si l'on prend en compte toutes les étapes de la collecte à l'analyse des données, c'est faux. Au Royaume Uni, 24 indicateurs de la biodiversité sont utilisés par l'État afin d'établir la politique environnementale. Sept d'entre eux sont basés sur les sciences participatives. Chacun de ces indicateurs coûtent environ 178 000 € par an. Parce qu'il est nécessaire de motiver les troupes de volontaires ! Donc, les sciences participatives ne sont certainement pas gratuites. » Mais le chercheur ajoute « que ces projets sont efficaces et qu'ils permettent probablement de réduire les coûts tout en augmentant la durée des suivis de la biodiversité ».

Honnêteté et qualité

« Le plus important » souligne Michael « c'est d'être honnête sur la qualité de ses données ». A ceux qui posent la question, « peut-on faire confiance aux données des sciences participatives? », il répond que cela revient à se demander si l'on peut faire confiance à la science. « Tout dépend du programme. Si la qualité des données est de 100%, tant mieux, mais si elle comporte un biais, il faut le dire et le prendre en compte ». _______________________________________________________________________________________

Lisa Garnier, le lundi 14 octobre 2013

Pour s’abonner au blog, cliquez sur lgarnier@mnhn.fr

 

Dans les multiples définitions des sciences participatives auxquelles Michael Pocok fait allusion, Vigie-Nature se reconnaît dans celle où les programmes proposent au citoyen de devenir producteur ou collecteur de données à des fins de suivis scientifiques de la biodiversité.

 

Voici la référence du guide anglais et gratuit :

Tweddle, J.C., Robinson, L.D., Pocock, M.J.O. & Roy, H.E (2012). Guide to citizen science: developing, implementing and evaluating citizen science to study biodiversity and the environment in the UK. Natural History Museum and NERC Centre for Ecology & Hydrology for UK-EOF. Le rapport sur plus de 200 projets de sciences participatives en Grande-Bretagne est disponible ici

 

En France :

vous trouverez une ébauche de l'annuaire des sciences participatives en France ici et le livret de l'lnstitut de formation et de recherche en éducation à l'environnement (Ifree) « Sciences participatives et biodiversité »

 

En Europe :

il s'est crée de façon plus formelle l'European Citizen Science Association (ECSA) en juin 2013 

 

Dans le monde :

une association sur les sciences participatives à l'échelle internationale est en cours de discussion.

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