Back to top
bandeau.jpg

Habiter en oiseau à Paris, la première thèse Birdlab

Sciences participatives

Le nourrissage des oiseaux sauvages est l’une des formes les plus communes de lien à la vie animale dans le monde occidental. Comment agit-il sur les communautés d’oiseaux et sur les personnes qui le pratiquent ? Une thèse qui s’appuiera sur les données de Birdlab débute. Découvrez la doctorante et ses questions de recherche.

Nourrir les oiseaux
Savez-vous que le pain et leurs dérivés, bien différents de leurs ressources alimentaires habituelles, peuvent rendre malade les oiseaux ? Et que l’apport alimentaire en toute saison n’est pas sans conséquences néfaste puisqu’il peut créer une dépendance, notamment pour les juvéniles, qui doivent plutôt apprendre à rechercher de la nourriture par eux-mêmes. D’autres raisons, énoncées sur cette page de la ville de Paris, font que le nourrissage des oiseaux est interdit par des arrêtés municipaux et passible d’amendes.
Mais les millions de personnes qui mettent des graines ou boules de graisse à disposition des oiseaux en hiver contribuent à leur survie. C’est entre mi-novembre et fin mars que la LPO recommande le nourrissage. C’est donc à cette période que l’on peut jouer à Birdlab si l’on a préalablement installé 2 mangeoires à ses fenêtres, son balcon ou dans son jardin et téléchargé l’application. Depuis 10 ans, les parties de Birdlab permettent, en plus de nourrir des oiseaux, de générer des données sur les comportements des oiseaux à la mangeoire qui sont étudiés par des scientifiques. Aujourd’hui, l’équipe de Birdlab est heureuse d’annoncer le lancement de la première thèse qui s’appuiera sur les données de ce programme. Et alors que les études ont jusqu’alors porté essentiellement sur des questions d’écologie, cette thèse sort des frontières disciplinaires, puisque Camille Tourtelier va explorer la question suivante : Quels sont les enjeux socio-écologiques autour de la pratique du nourrissage des oiseaux en milieu urbain ?

Une thèse pluridisciplinaire
Le premier axe concerne l’influence à long terme de la pratique du nourrissage en milieu urbain sur l’écologie des oiseaux. Avec un recul d’une dizaine d’années de données, comment varient la diversité des espèces et le temps que les oiseaux passent sur les mangeoires ? Ces variables dépendent-elles des différents contextes urbains et aménagements situés autour des mangeoires ? De la période (début, milieu et fin de l’hiver) ? Est-ce lié à un nombre d’années de nourrissage ? Est-ce que certaines espèces sont plutôt facilitatrices ou antagonistes (leur présence attire-t-elle d’autres oiseaux ou au contraire en repousse) ?

Le second axe s’articule autour des enjeux, tensions et bénéfices humains autour de la pratique du nourrissage. Comment l’observation des oiseaux aux mangeoires joue sur les motivations et perceptions des participant.es à Birdlab ? Dans quelle mesure ce type de programme de sciences participatives et leur dimension pédagogique participe à l’apprentissage scientifique, aux connaissances naturalistes et aux expériences de nature ?

Enfin, il s’agira d’établir à partir des résultats des deux premiers axes les compromis et les synergies entre cette pratique de nourrissage et leurs conséquences écologiques sur les oiseaux. Quelles sont les conditions optimales et concrètes pour développer les expériences de nature en fonction des différents contextes urbains étudiés, et notamment là où le besoin est le plus fort ?  Cet axe s’inscrit directement dans la volonté de la Mairie de Paris de favoriser le développement d’une ville accueillante et résiliente à la nature, et il répond à plusieurs éléments du plan biodiversité Paris 2018-2024 : connaître et faire connaître la biodiversité urbaine, penser la ville et ses aménagements comme des atouts pour la biodiversité, et permettre aux animaux de mieux vivre en ville.

Camille_Tourtelier.jpg

Encadrée par François Chiron (Université de Strasbourg), Carmen Bessa Gomes (Université Paris-Saclay), qui sont les référents scientifiques de Birdlab et Ana-Cristina Torres (Lab’Urba, Ecole d’Urbanisme de Paris), Camille a commencé sa thèse la semaine dernière. Entre le projet et la forme qu’elle lui donnera à terme, il se peut que les découvertes en chemin réorientent des questions… mais il faudra patienter pour le savoir ! En attendant, voici les réponses de Camille à quelques questions.

Quel a été ton parcours jusqu’à cette thèse ?
J’ai un parcours un peu particulier, plutôt pluridisciplinaire : j’ai fait une licence Économie-Gestion à l’université Paris Dauphine, un master en science des organisations. Finalement je me suis réorientée, j’ai fait un an de master en sciences de l’environnement en Irlande, et c’est vraiment à ce moment-là que je me suis formée en autodidacte en ornithologie, que je ne connaissais pas. Personne dans mon entourage est de près ou de loin dans le milieu de l’environnement.
Pendant ce master, j’ai eu envie de continuer à faire de la recherche et faire une thèse en écologie, mais n’ayant pas de master en Écologie, j’ai passé un an a acquérir de l’expérience de terrain : Un service civique dans un centre de soin de la LPO à Clermont-Ferrand, plusieurs bénévolats dans des réserves naturelles, des suivis scientifiques de populations, de migration, etc. Je postulais à des thèses mais le fait de ne pas avoir de master en Écologie était une barrière. Et, en mars 2024 j’ai vu cet appel à projet de la Mairie de Paris, et j’ai proposé aux responsables scientifiques de Birdlab qu’on monte un sujet là-dessus. Mon profil pluridisciplinaire cadrait bien avec l’appel à projet qui comporte une dimension Sciences Humaines et Sociales, et Birdlab aussi, en tant que programme de science participative. On a donc travaillé ensemble à l’élaboration du sujet, et on a obtenu le financement.

Comment est né ton intérêt pour les oiseaux ?
Un jour j’ai fait une balade sur les bords de Seine avec une paire de jumelles qu’on m’a prêtées. C’était un mois d’avril, à un moment de confinement à cause du Covid, on ne pouvait se déplacer que dans un périmètre restreint. J’ai vu quelques oiseaux, et… Ça a fait un déclic, je me suis offert une paire de jumelles et le guide ornitho pour mon anniversaire, et pendant les vacances d’été je n’ai fait qu’observer les oiseaux.  En Irlande je faisais 3 à 4 sorties par semaine de façon assez intensive pour être dehors et apprendre le plus possible. Depuis, j’essaye d’être dehors dès que je peux, de faire du terrain. Donc c’est venu un peu de nulle part, je ne sais pas trop comment c’est venu, mais c’est venu !
Et alors que le déclic s’est fait en banlieue parisienne, je fais finalement une thèse sur les oiseaux en milieu urbain à Paris :)

Quels aspects de la thèse te portent particulièrement ?
Ce qui est vraiment important pour moi c’est la dimension science participative, d’être en contact avec les citoyen.nes, et de comprendre en quoi les sciences et l’écologie peuvent transformer la vie des gens. Qu’est-ce qui motive les gens à participer à ce genre de programme ? Quels sont les profils socio-économiques des personnes qui y participent ? Est-ce qu’il y a des barrières pour certains publics et comment pourrait-on les lever ? C’est ma fibre sciences humaines et sociales qui parle. Et c’est une dimension qui intéresse la Mairie de Paris, également. A pars cela, mon défi personnel c’est de maitriser l’analyse de données à la fin de cette thèse.

Est-ce que tu joues à Birdlab ?
J’ai un petit studio sans balcon mais ce week-end, on a acheté de quoi faire des mangeoires Birdlab dans notre jardin familial. J’ai expliqué Birdlab à toute ma famille, ils ont installé l’application, et moi, je vais pouvoir démarrer la saison 2024-2025.

 

HD.

Découvrir Birdlab 

 

 

 



 

Vous aimerez aussi

Sciences participatives
journee_florilege_propage_24.png
16 Janvier 2025

Papillons, fauche et paysage

Sciences participatives
algue-lomentaria_articulata.png
9 Janvier 2025

Bonne année de la mer !

Sciences participatives
Hervé Caffin et Yann Pivain.jpg
19 Décembre 2024

Agriculture et biodiversité, à la bonne Eure !

Fond de carte