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Le jardin idéal

Sciences participatives

Si l’on vous laissait un terrain en ville pour en faire un jardin public ou privé, comment le construiriez-vous ? Avec de la pelouse ? Des gravillons, de l’eau, des arbres ? Combien d’arbres ? Combien d’espèces ? Voulez-vous des animaux ? Des insectes ? Des mammifères ? Assaf Shwartz, post-doctorant au laboratoire Conservation des espèces, restauration et suivi des populations du Muséum national d’Histoire naturelle ainsi que trois de ses collègues (Hélène Cheval, Laurent Simon et Romain Julliard) ont imaginé un logiciel en trois dimensions permettant de créer son jardin idéal virtuel en partenariat avec Natureparif. Tel dans votre supermarché, vous y faites vos courses en éléments vivants (36 espèces d’animaux, 23 espèces de fleurs et 15 espèces d’arbres) et non vivants (bassin, sentier, espaces de jeux), à ceci près que vos choix sont ensuite analysés par Assaf, intéressé par la biodiversité que se représente les citadins dans leurs parcs et jardins.

Certes, l’étude sort du cadre des sciences participatives puisque les observateurs ne rendent pas compte de la faune ou de la flore présentes en France. Cependant, les travaux d’Assaf permettent d’un peu mieux comprendre les relations qu’entretiennent les urbains avec la nature en ville. 732 personnes se sont prêtées au jeu. L’idée d’Assaf était de ne surtout pas prononcer le mot « biodiversité » pour ne pas les influencer. Ces personnes ont pendant une demi-heure crée leur jardin idéal virtuel au sein de l’hôpital parisien dans lequel elles se trouvaient. Ces personnes étaient aussi bien des patients, des visiteurs et du personnel de l’hôpital. Pourquoi l’hôpital ? Tout simplement parce que dans ses couloirs, on n’y voit rarement d’espaces verts et que beaucoup patientent…Le temps compté était nécessaire pour rendre les jardins comparables. Trop de temps augmente le fignolage et donc le nombre d’espèces choisies. En général, les personnes réalisaient leur jardin en 20 minutes.

Les personnes ont en moyenne choisi 9 éléments non vivants, 5 animaux, 8 fleurs et 5 arbres différents. Près de 60 % des jardins ne comptaient pas (30 % des jardins) ou peu (moins de 5) d’animaux. Comme quoi le lien entre la végétation et les insectes ou les oiseaux ne va pas de soi…. La coccinelle était l’espèce préférée suivie par le papillon paon du jour et la mésange charbonnière. Les mammifères étaient peu choisis. Par exemple, l’écureuil roux, est apparu le moins souvent dans les choix des personnes interrogées. Pour Assaf, il est possible que comme les animaux étaient représentés de manière statique dans le logiciel, les participants ne les considéraient pas en tant qu’éléments essentiels du jardin. Et puis, il semble que les parisiens aient surtout choisi les espèces animales qui vivent déjà dans Paris (81% des animaux préférés sont communs) les plus colorées et les moins exotiques possibles.

L’analyse a également révélé que les hommes préfèrent les jardins avec moins de fleurs et d’animaux que les femmes. Les personnes âgées ainsi que celles ayant un haut niveau d’étude ont tendance à construire des jardins plus divers en espèces florales et d’arbres. Est-ce parce que les anciens ont grandi dans des environnements moins urbanisés et plus proches de la nature ? Assaf montre aussi que les personnes ayant grandi en dehors des villes présentent des jardins plus riches en espèces végétales. Pour les scientifiques, ces résultats tendent à conforter que l’expérience de la nature dans sa vie de tous les jours et lors de l’enfance affecte la relation que chacun vit avec la biodiversité.

Pour tous ceux qui seraient intéressés par se prêter au jeu ou qui voudraient utiliser le logiciel : cliquer sur www.tinyurl.com/3DVirtualGarden Il est gratuit et fait pour ça !

______________________________________________________________________________ Lisa Garnier, le lundi 26 août 2013

Pour s’abonner au blog, cliquez sur lgarnier@mnhn.fr

Liens :

Virtual garden computer program for use in exploring the elements of biodiversity people want in cities. 2013. A. Shwartz et al. Conservation Biology.Les interactions entre la biodiversité et les citadins au cœur d'une métropole. Thèse de doctorat en écologie, Assaf Shwartz, 2013.Natureparif

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