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Les oiseaux aussi ont leurs heures de repas !

Sciences participatives

 

D’apparence anarchiques, les visites aux mangeoires sont finalement assez bien réglées, comme nous le montre une récente analyse des données BirdLab

 

rougegorge ©  darron_birgenheier (Flickr)

 

On a coutume de dire que pour observer des oiseaux, il faut se lever tôt, au chant du coq. Or il suffit d’avoir des mangeoires dans son jardin en hiver pour constater que les espèces y défilent tout au long de la journée. De l’aurore jusqu’au couchant. Est-ce à dire que les mésanges et autres rougegorges n’ont pas d’heures de repas ? Que toutes les espèces viennent picorer de façon aléatoire, au gré des petits creux ?

Dans le cadre de son stage au Muséum, Claire Martin a tenté de répondre à ces questions en étudiant les données de BirdLab, notre jeu consistant à reproduire sur smartphone le déplacement des oiseaux aux mangeoires. Pour visualiser l’influence seule des heures de la journée sur les comportements alimentaires, ne furent retenues que les mangeoires situées dans les zones péri-urbaines (les plus représentées) et sur les deux mois d’affluence (décembre et janvier). Cette dernière précaution visant aussi à réduire les multiples variations liées à la saisonnalité.

Verdict de l’analyse ? D’apparence anarchiques, les visites aux mangeoires sont finalement assez bien réglées : à chaque espèce ses heures de repas. Claire distingue trois « régimes » principaux. Les mésanges charbonnières et mésanges bleues, véritables « piliers » de mangeoires, peuvent venir casser une graine à tout moment. Ce n’est pas le cas des verdiers d’Europe, chardonneret élégants, pinson des arbres et moineaux domestiques que l’on rencontre surtout en milieu de journée. Ils repartent ensuite assez tôt, bien avant le coucher du soleil, pour laisser place au plus noctambule de tous : le rouge gorge, dernier et premier à manger en solitaire à l’orée de la nuit. Inutile de préciser que ces constatations sont des moyennes, des grandes tendances, il n’y a rien de systématique dans ces comportements. 

Mobilité et comportement social

Pour expliquer ces habitudes, Claire soulève une première hypothèse. « En hiver les journées sont courtes, le temps de recherche alimentaire est donc limité, écrit-elle dans son mémoire. La prise de risque relative à la prédation devient impérative face au besoin de se nourrir. Mais la luminosité plus faible du crépuscule (lever et coucher du soleil) diminue la capacité de détection des prédateurs, en particulier de ceux actifs pendant ces périodes, tels que les nombreux mammifères prédateurs. »

En milieu urbain et périurbain, les chats en particulier, très actifs la nuit, représentent une sérieuse menace. Or si quelques oiseaux peu mobiles, comme le rouge gorge et dans une moindre mesure les mésanges, n’hésitent pas à s’aventurer sur les mangeoires au soleil couchant, ce serait en raison d’un sentiment de sécurité doublé d’une plus grande efficacité alimentaire. Explication de Claire : « les espèces territoriales ont une meilleure connaissance de l’emplacement des ressources et des caches et sont donc potentiellement plus à même d’être rapidement en sécurité, même si la détection du prédateur est tardive. De plus elles ont une meilleure appréhension d’où peuvent se trouver les ressources, ce qui permet de réduire le coût en temps de la recherche alimentaire et favorise la surveillance des prédateurs. » Au contraire, les oiseaux migrateurs – verdiers, chardonnerets notamment -, préfèrent se restaurer lorsque le soleil est à son zénith, en pleine luminosité, par prudence. « Les oiseaux jonglent en permanence entre la peur de se faire tuer et la nécessité de venir se nourrir » résume la chercheuse Carmen Bessa-Gomes qui a encadré ce travail.

Le comportement social des espèces pourrait aussi influer sur les habitudes alimentaires. Les espèces « de journée » - chardonneret, verdier, pinson, moineau - sont toutes grégaires, partageant la mangeoire avec deux, trois, parfois quatre congénères en même temps. Résultat, la compétition est telle que les autres espèces, comme le rouge-gorge, préfèrent attendre les heures creuses en début et fin de journée. Malgré le danger.

Ces deux hypothèses de la mobilité et de la sociabilité expliqueraient la propension de certaines espèces à venir se nourrir à des heures préférentielles. S’il débouche sur de nombreuses interrogations, ce travail confirme l’influence des heures de la journée dans l’alimentation des oiseaux. « Cela nuance la croyance populaire selon laquelle les oiseaux ne mangent que le soir et le matin » conclut Carmen.

 

Soyez prêts pour la prochaine saison de BirdLab. Démarrage le 15 novembre 2020.
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