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Opération Escargots ressort de sa coquille

Sciences participatives

L'Opération Escargots revient sur la plateforme QUBS. C'est le moment de plonger dans le monde des mollusques terrestres avec quelques extraits en avant première du guide Coquilles et mucus qui sera diffusé très prochainement.

Les escargots n’ont pas fini de nous étonner !
Quelques espèces d’escargots bien connues des cultivateurs de potager mangent des feuilles de plantes vivantes… Mais le potager n’intéresse pas la plupart des escargots ! Certaines espèces sont détritivores et consomment des matières organiques en décomposition, d’autres “broutent” les algues sur les troncs ou les rochers, d’autres encore sont carnivores, se nourrissant d’autres invertébrés à corps mou qu’ils rattrapent à la course.
Oui, à la « course », vous avez bien lu ! Les escargots se déplacent lentement, comme l’escargot de Bourgogne qui parcourt un millimètre par seconde, mais le record de vitesse enregistré pour un escargot est de 2,75 centimètres par seconde, soit plus de 27 fois plus rapide ! De quoi relativiser la lenteur… Mais il est bien vrai que face à leurs prédateurs (grives, hérissons, blaireaux et renards, etc.), la fuite n’est pas une option. Alors, comment survivre lorsqu’on ne peut pas fuir ? Les escargots ont des stratégies pour se protéger, comme l’émission de mucus mousseux pour faire barrage, le camouflage au moyen de débris végétaux collés sur la coquille, la production d’un mucus extrêmement visqueux qui colle le prédateur au support, des déplacements brusques provoqués par des contorsions vigoureuses du pied...
« Lents » peut-être, mais voyageurs malgré tout, sur des radeaux de végétation, des tubes digestifs d’oiseaux ou encore sur des pattes de canards, dans des valises ou des cargaisons de pierres (Les escargots, des voyageurs immobiles).
Les escargots sont présents dans presque toutes les régions du monde. Il y en a dans les zones désertiques, qui se mettent en dormance entre deux pluies ; on en trouve en haute montagne, à la limite des neiges éternelles ; d’autres vivent dans des galeries dans le sol et n’apparaissent que très rarement à la lumière du jour ; d’autres encore ne vivent que dans des grottes.
Étonnant, non ?

L’état des populations des mollusques terrestres
En 2021, un état des lieux des connaissances sur les mollusques terrestres et d’eau douce de France métropolitaine était effectué par des spécialistes de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), du Muséum national d’Histoire naturelle et de l’Office Français pour la Biodiversité. Parmi les 421 espèces de mollusques terrestres (escargots et limaces), 14% ont un statut entre « quasi-menacé » et « disparu ». Pour 31% des espèces, le manque de données ne permet pas de définir leur statut. En résumé, on connait mal l’état de leur population. Par contre, on sait qu’au niveau mondial, la Liste Rouge a recensé davantage d’extinctions d’escargots que de mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens réunis. Comme le reste de la biodiversité, les escargots et les limaces sont sensibles aux modifications de l’environnement, en particulier les modifications de leurs habitats.

Opération Escargots est désormais sur la plateforme QUBS
Opération Escargots, lancée en 2009 par l’association Noé et le Muséum national d’Histoire naturelle propose à tous les citoyens de suivre les escargots dans leur jardin. Après un arrêt de 3 ans qui a permis de repenser la manière d’y participer, Opération Escargot revient sur QUBS (QUalité Biologique des Sols), la nouvelle plateforme participative de suivi de la biodiversité qui se trouve à nos pieds ! Si la nouvelle interface facilite la saisie des données, la principale nouveauté est l’utilisation de la photographie dans le protocole : Chaque spécimen est désormais photographié et la photographie mise en ligne, permettant ainsi de développer un réseau d’aide à l’identification, d’échanges et de validation par la communauté d’observateurs et les scientifiques. Des outils pédagogiques revus et réactualisés, dont le guide « Coquilles et mucus » à paraître prochainement, viennent compléter la nouvelle formule d’Opération Escargots.

Merci aux 1 561 participants qui nous ont transmis leurs observations depuis 2009 !
Voici quelques extraits du guide « Coquilles et mucus » à propos des espèces les plus et les moins observées à partir des données qui nous ont été transmises.
Sur les 33 espèces observées, le Petit-Gris est sans conteste le plus présent dans les observations (2 587) suivi des Boutons (565) et des Maillots (523).

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Le Petit gris s’active principalement la nuit. Originaire d'Europe méditerranéenne et d'Afrique du Nord, il a été introduit dans une grande partie du monde et est considéré comme invasif en Amérique et en Océanie. Saviez-vous que le mucus produit par le Petit gris est utilisé comme ingrédient principal de crèmes et de gels pour la peau ?
Chez le Bouton commun, il arrive fréquemment que des individus d'un âge avancé produisent des œufs sans accouplement ! Ces œufs sont un peu moins viables que ceux provenant d'un accouplement. On peut donc supposer qu'il s'agit d'une sorte de stratégie de la dernière chance : l'escargot n'y a recours que s'il ne trouve pas de partenaire. Autre caractéristique, les Boutons pratiquent le cannibalisme. En effet, ils consomment régulièrement les œufs de leur propre espèce, qu'ils préfèrent même à ceux d'autres espèces. Le bénéfice de ce comportement n'est pas connu… mais ce phénomène interroge également sur ce qui peut se passer dans la tête des savants qui ont eu l'idée de faire des expériences sur les préférences alimentaires des Boutons cannibales !
Certaines espèces de Maillots camouflent leur coquille avec des dépôts de terre et sont alors difficiles à distinguer de leur support. Les Maillots doivent leur nom à l’aspect de la coquille, qui rappelle les langes d’un enfant emmailloté. Le Maillot seigle (Abida secale) a été baptisé ainsi en 1801 à cause de la ressemblance de sa coquille avec une graine de céréale. Il existe aussi le Maillot avoine (Chondrina avenacea) et le Maillot froment (Granaria frumentum) !

Du côté des plus rarement observés, il y a les Cochlostomes (2), l’Hélice grimace (1) et le Bulime inverse (1).

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Contrairement aux grands escargots tels que l’Escargot de Bourgogne, qui est hermaphrodite, les sexes sont séparés chez les Cochlostomes. Son mufle donne une silhouette particulière à ce végétarien qui se nourrit de matière végétale en décomposition, ainsi que d'algues microscopiques qu'il broute sur les rochers. Les Cochlostomes sont très timides : lorsqu'on les dérange, il faut attendre longtemps pour les voir risquer un tentacule en-dehors de l'ouverture de la coquille, et encore plus longtemps pour espérer les voir se déplacer. Parfois, ils se rassemblent parfois en nombre sur les rochers calcaires.
L’Hélice grimace est aussi timide… Notez que sa coquille globuleuse brune porte de longs poils légèrement courbés (partiellement absents sur les vieilles coquilles).
À l'exception de la famille des Clausilies, le Bulime inverse est la seule espèce sénestre chez les escargots de France, ce qui la rend particulièrement facile à reconnaitre. À moins que, par un hasard extrême, vous ne tombiez sur un mutant qui tournerait dans le mauvais sens. De tels mutants sont extrêmement rares. En effet, ils ont peu de chances de pouvoir se reproduire, puisque deux escargots qui ne tournent pas dans le même sens ne peuvent pas faire correspondre leurs organes génitaux. Problème insoluble, même en cherchant dans le kamasutra des mollusques... Et pourtant, des malacologues ont découvert plusieurs populations de Bulimes inverses dextres dans les Abruzzes, en Italie. Des analyses génétiques sur ces escargots extraordinaires ont révélé qu'il pourrait s'agir d'une nouvelle espèce, apparentée au Bulime inverse classique.

Retrouvez une présentation du programme sur notre site, et toutes les informations pour participer sur QUBS

HD.

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