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Papillon_citron © yves_p

Opération papillons : les chercheurs ont besoin de vous !

Sciences participatives

 

Depuis le 1er mars vous pouvez commencer à observer les papillons dans votre jardin et à nous envoyer vos données. Les chercheurs en ont besoin. Pourquoi ? Explication

 

« Le papillon blanc annonce le printemps » dit-on. A la faveur des températures exceptionnellement chaudes des dernières semaines, les plus précoces lépidoptères ont déjà commencé à montrer le bout de leurs antennes. Il s’agit des quelques espèces - paon du jour, petite tortue… - qui ont pu traverser l’hiver à l’état adulte. La majorité d'entre elles, ayant suspendu leur croissance sous forme d'œufs, de chenilles ou de chrysalides devront encore patienter un peu avant d'achever leur métamorphose. décoller de leur plantes hôtes et virevolter dans les airs. Lycènes, piérides et tous les autres prendront alors possession de nos jardins jusqu’à l’automne.

L’Opération papillon est le plus ancien programme de sciences participatives destiné au grand public à Vigie-Nature. Depuis sa création en 2006, avec l'association Noé conservation, nous avons rassemblé plus de 10 000 participants ! 12 461 jardins répartis dans tout le pays ont été suivis. Une dynamique globale positive, qu'il faut maintenant accentuer. Nous comptons sur vous, plus que jamais en ce début de saison : une mobilisation d'ampleur est indispensable pour pouvoir avancer dans les recherches, celle-là même qui garantiront des actions de conservation efficaces.

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Le protocole de l'Opération papillon en 5 étapes

 

Les papillons ont besoin de vous !

Car le moins que l’on puisse dire c’est que les papillons battent de l’aile, comme d’ailleurs l’ensemble des insectes. En atteste cette étude publiée début février dans la revue Biological Conservation qui fait froid dans le dos. A l’issue d’une méta-analyse compilant plusieurs publications internationales, les chercheurs ont pu mesurer un déclin de 40 % des insectes lors des dernières décennies. Leur biomasse totale diminuerait de 2,5 % par an ! Cela n’a rien d’un scoop : souvenons-nous de cette étude allemande qui, en 2017, faisait déjà état d’une perte de 75% de biomasse totale d’insectes volants en près de 30 ans.

"Dans les écosystèmes terrestres, les lépidoptères, les hyménoptères et les coléoptères semblent être les taxons les plus touchés." annoncent les auteurs de la dernière étude australienne. A l’instar d’autres groupes d’insectes, les papillons pâtissent fortement des bouleversements provoqués par les activités humaines. Parmi elles : l’urbanisation, la fragmentation des habitats ou le réchauffement du climat. Des agressions d’autant plus violentes que ces organismes sont relativement exigeants et donc vulnérables. Lorsqu’on artificialise une prairie par exemple, commence pour les papillons un véritable parcours du combattant : ils doivent impérativement retrouver ailleurs les plantes hôtes dont ils dépendent pour pondre et nourrir la chenille. Or, si certaines espèces y parviennent, d’autres, du fait de capacités de mobilité plus réduites, se trouvent pris au piège... Ainsi au niveau européen, l’abondance des papillons dépendant des prairies a chuté de 30% en 25 ans entre 1990 et 2005.

L’importance des suivis participatifs

Dans ce contexte, qu’apportent les données de l’Opération papillon ? Si on connait les facteurs responsables du déclin, ce type de suivi participatif est une fenêtre unique sur nos jardins privés. Et ne vous y trompez pas : ce qu’il se passe chez nous n’a rien d’anecdotique ! Les jardins en ville et en campagne font office de refuge pour les papillons fuyant tantôt l’urbanisation tantôt les agressions de l’agriculture intensive. Ils peuvent également représenter une proportion non négligeable de la surface des villes, comme nous l’expliquait la doctorante Marine Levé ici. En Île-de-France, ils occupent même 50,5 % de la surface des « espaces verts » (c'est à dire végétalisés, en excluant les zones agricoles). Sans compter que ces lieux souvent privés restent difficile d’accès pour les chercheurs.

Ainsi vos données de comptage des papillons couplées aux informations sur votre environnement - pollution, aménagement alentours, ressources en fleurs, pratiques de jardinage etc. – permettent d’identifier des liens de cause à effet. « Nous avons des données provenant de tout le territoire et dans la durée. Cette couverture spatiale et temporelle permet de mieux comprendre les facteurs en jeu. Elle nous donne une force de frappe qui serait impossible à atteindre par d’autres moyens », explique Benoît Fontaine, responsable des observatoires naturalistes à Vigie-Nature.

Opération_papillon© Laetitia_Brevet - MNHN

Rencontre avec les participants lors des 10 ans du programme en 2016

 

Pesticides, mobilité, bonnes pratiques : les résultats de vos données

Grâce à l’Opération Papillon, les chercheurs ont ainsi publié plusieurs articles dans des revues scientifiques internationales. Voici trois résultats majeurs.  

-Sur l’impact des pesticides d’abord. Une première étude a pu montrer que l’usage ne serait-ce que d’un pesticide diminue le nombre de papillons observés dans les jardins ! Et ce quel que soit leur surface et leur emplacement (en ville ou à la campagne).(1)

-Sur la mobilité. C’est la capacité de déplacement des diverses espèces qui détermine leur potentielle occupation des milieux, même lorsque ceux-ci sont hospitaliers. Ainsi, en ville, les espèces peu mobiles comme le Soucis ou le Cuivré ne colonisent pas les milieux qui leur sont a priori accueillants. À l’inverse, celles montrant de fortes capacités de vols comme les Piérides, le Paon du jour ou la Petite Tortue composent l’essentiel des communautés.(2)

-Sur les changements de pratiques. La dimension éducative de cet observatoire a aussi été étudiée : l’observation des papillons peut entraîner des modifications de comportements, encourageant entre autres des pratiques de jardinage plus favorables à la biodiversité. Ainsi, 85% des personnes interviewées annoncent avoir des pratiques de jardinage plus bénéfiques aux papillons, portant notamment sur le choix d’espèces de fleurs nourricières, l’intensité de l’utilisation de pesticides ou de la tonte, ou encore la création de zones d’accueil en friches.(3)

Disposer d'un grand jeu de données apporte parfois des résultas inattendus, et fait émerger de nouvelles questions : "Nous avons notamment découvert que l’utilisation de fongicides, de bouillie bordelaise ou d’anti-limaces dans les jardins a un impact sur les papillons et les bourdons, qui ne sont pourtant pas visés par ces pesticides ! précise Benoît. Cela signifie que ces produits peuvent avoir des effets en cascades imprévisibles, sur des organismes non visés, et doit inciter à la plus grande prudence lorsqu’on décide de les utiliser.»  Cela témoigne de la complexité des écosystèmes et de leurs réponses aux perturbations, que les suivis participatifs à grande échelle peuvent éclairer.

Changement de protocole pour des observations plus fines

Les scientifiques de Vigie-Nature ont décidé tout récemment de modifier le protocole. Alors que nous vous demandions jusqu’à présent de reporter vos observations tous les mois sur le site, il sera désormais possible de le faire toutes les semaines. Pourquoi ? « Sachant qu’un papillon adulte ne vit généralement que quelques semaines, il est difficile d’étudier leur cycle de vie avec des données mensuelles. détaille Romain Julliard directeur de recherche au Muséum à l'origine de l'évolution du protocole. 

« Grâce à la nouvelle fréquence de saisie, nous pourrons regarder par exemple l’effet de l’îlot de chaleur urbain. Est-ce que les papillons sont plus précoces en ville qu’à la campagne ? Au moment des vagues de chaleurs, est-ce que certains d’entre eux fuient la ville ? » Les chercheurs pourront ainsi répondre à de nouvelles questions de recherche. Vous concernant, le nouveau protocole donne l’opportunité de fournir des données plus fréquemment, mais sans obligation ; ceux qui le veulent pourront maintenir un rythme mensuel.

 

Maintenant « y a plus qu’à » ! Pour pouvoir faire parler vos données et en tirer de nouveaux résultats, les scientifiques ont besoin d’une forte mobilisation. Les derniers résultats alarmants de l’étude australienne nous y encouragent. De votre côté observez, faites connaissance avec ces êtres extraordinaires et soyez le plus hospitaliers possible envers eux. Que ce soit en ville ou à la campagne, avoir un jardin accueillant est primordial. N’hésitez pas non plus à y planter lavandes et autres orties ou lierre, des plantes dont les papillons sont très friands.

 

(1) Fontaine, B., Bergerot, B., Le Viol, I., Julliard, R. (2016) Impact of urbanization and gardening practices on common butterfly communities in France. Ecology and Evolution 

(2) Olivier, T., Schmucki, R., Fontaine, B., Villemey, A., & Archaux, F. (2015). Butterfly assemblages in residential gardens are driven by species’ habitat preference and mobility. Landscape Ecology, 1-12.

(3) Cosquer, A., Raymond, R., & Prevot-Julliard, A. C. (2012). Observations of everyday biodiversity: a new perspective for conservation? Ecology and Society,17(4

Alors, si vous êtes prêts, rendez-vous sur la page du site, où vous trouverez toutes les informations nécessaires pour commencer vos observations.
 

L'Opération Papillon est un observatoire copiloté par l'association Noé Conservation 

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Découvrez nos autres observatoires de suivi des papillons :

-A destination des naturalistes : STERF

-A destination des gestionnaires : PROPAGE

-A destination des agriculteurs : OAB

 

Pourquoi participer à l'Opération papillon ? Olivier et son fils Maël vous répondent :

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