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Opération Vigie-Nature sur Orléans

Sciences participatives

 

En 2008, la ville d'Orléans faisait l'objet d'une opération Vigie-Nature : PROPAGE, Vigie-Chiro, Suivi temporel des oiseaux communs (STOC)... Complémentaires les uns des autres, les protocoles ont maillé et dressé une carte géographique de la biodiversité dans la ville. Restée dans les cartons, j'ai décidé de vous la faire partager !

Le contexte

Au départ, en 2006, il était question d’accompagner la concrétisation des 17 actions prévues de l’Agenda 21 en faveur de la faune et de la flore d’Orléans. La ville s'étend du nord au sud et est séparée en son milieu par la Loire. Cela faisait aussi plus de 20 ans que le service des espaces verts avait entrepris de gérer selon les besoins et les usages, les différents parcs et jardins de la ville avec des méthodes plus écologiques. Il s'agissait donc aussi d'évaluer cette politique sur la biodiversité.

La base, c'est la bota !

Avant de s'intéresser aux organismes à poils et à plumes, 44 sites de la ville ont vu fleurir des parcelles carrées où la végétation était libre de pousser sans tonte, ni désherbage. Il s'agissait bien entendu de faciliter la tâche aux botanistes dans la détermination des plantes de ces parcelles. Ces 44 parcelles étaient réparties sur toutes les pelouses de la ville, qu'elles soient tondues toutes les semaines, arrosées et « nourries » aux engrais, qu'elles soient ni désherbées, ni arrosées, mais tondues tous les 15 jours, enfin qu'elles soient tondues une fois par mois ou fauchées deux fois par an seulement.

©Anne-Laure Gourmand | MNHN

Des pelouses qui ne sont pas à la même enseigne

Concrètement, l'étude a montré que tondre toutes les semaines ou tous les 15 jours revient au même : ces pelouses ne sont constituées que de peu d'espèces. Les fétuques (Festuca sp.), le ray-grass commun (Lolium perenne L.) et le pâturin annuel (Poa annua L.) sont les espèces les plus abondantes. Elles dominent les surfaces et empêchent les autres de se développer. En revanche, les pelouses n'étant tondues qu'une seule fois par mois sont bien sûr beaucoup plus riche ; mais celles localisées dans le secteur de la Source d'Orléans présentent une richesse étonnamment plus élevée en espèces, autant que les prairies. Après une enquête auprès des jardiniers de la ville, on a constaté que le mode de gestion de ce secteur présentait en 2008 des différences importantes avec les autres secteurs : la tonte, plus haute, était effectuée après la transformation des fleurs en graines ; elle pouvait être sélective, c’est-à-dire que quelques massifs pouvaient être temporairement épargnés par la tonte le temps que le cycle de la plante s’achève. De plus, les graines étaient récoltées et disséminées par les gestionnaires.

Des plantes aux papillons

L’étude des papillons a entièrement reposé sur la participation des agents des espaces verts. Après avoir défini les sites à inventorier (au nombre de 77), les agents ont réalisé les inventaires de 28 espèces communes de papillons de jour (ou groupes d’espèces ressemblantes). Une fois par mois, d’avril à septembre, les agents ont comptabilisé les papillons qu’ils voyaient sur un parcours d’une longueur de 100 mètres, appelé transect, pendant 10 minutes. Vous aurez reconnu le protocole issu du PROPAGE piloté par le Muséum national d’Histoire naturelle et l’association Noé Conservation.

Piérides, tircis et lycènes

Sur les 28 espèces de papillons et groupes d'espèces, 24 ont été recensées au moins une fois dans la ville. Les piérides, tircis et lycènes ont été les plus répertoriés. Les piérides sont les papillons les plus communs aux abords des villes et dans les jardins. Le tircis apprécie la proximité des lieux boisés et les lycènes fréquentent les prairies et lieux enherbés, y compris les friches, parcs et jardins.

Evaluation de la politique écologique

En revanche, l'étude n'a pas permis de montrer qu'il y a un effet bénéfique pour les papillons de la protection biologique intégrée développée dans la roseraie du Jardin des plantes de la ville, alors que celle du Parc floral se montre plus attractive. En effet, depuis 2000, ces jardins expérimentent cette méthode pour diminuer la présence des insectes prédateurs des plantes, type pucerons, en favorisant les organismes auxiliaires (par exemple, les larves de coccinelles qui se nourrissent des pucerons).

Pourquoi ?

Le Jardin des plantes se trouve à proximité de la Loire, qui fait office de « route » accessible aux papillons. Rappelons que les piérides peuvent faire jusqu’à 40-50 km lors de leur unique mois de vie adulte. Ainsi, qu'il soit géré en protection biologique ou pas, les papillons visitent quand même très facilement le jardin. Mais si sa richesse n’est pas plus élevé que dans les autres parcs, c’est très probablement dû au fait que la protection biologique intégrée a été mise en place sur une trop petite surface contrairement au parc floral qui présente une plus grande surface.

Moralité : il est nécessaire de raisonner à l’échelle d'un parc dans sa globalité et de prendre en compte ce qui l'entoure comme les bâtiments, les autres jardins, etc.

La suite lors d'un prochain post !

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Lisa Garnier, le lundi 3 février 2014

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NEWS des autres programmes :

→ L'hiver tarde, les cymbalaires en profitent pour fleurir et fructifier ! Il est donc encore temps d'envoyer vos graines de cymbalaires pour l'opération cymbalaire graines. Toutes les informations ici sur le site de Tela Botanica.

→ Je profite de ce post pour vous informer que les données de Vigie-Nature, et en particulier ceux de l'Observatoire des Papillons des Jardins, participent à la production d'un premier jeu partiel et évolutif d'indicateurs régionaux sur la biodiversité en Auvergne. Ils résultent des travaux menés par le pôle nature de la DREAL Auvergne : le site ici. Vous trouverez l'ensemble de la réflexion dans ce rapport là.

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