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Père et fils à l’affût des papillons

Sciences participatives

 

Nous avons rencontré Olivier et son fils Maël, deux fervents participants à l'Opération Papillons. Complices, ils nous expliquent comment allier farniente et sciences participatives.

par Guillaume Marchand

 

« Notre jardin n’est pas très grand, il fait à peu près 200 m2. Il est plutôt organisé avec une pelouse entretenue, quelques palmiers et un petit potager. » Bordé par le bois domanial de Jouy-le-Moutier (Val-d'Oise), c'est dans cet écrin de verdure que nous accueillent Olivier Tordjman, commercial dans le bâtiment, et son fils Maël de 14 ans. Tous deux partagent la même activité : l’observation des papillons grâce au programme Opération Papillons.

La famille a découvert l’observatoire, en 2006, lors d’un appel à candidature lancé par le magazine Science et Vie. En lisant l’annonce Olivier a directement pensé à son fils aîné, Alvyn, âgé d’une dizaine d’années, alors passionné d’insectes comme lui. Parallèlement membres de l’OPIE, le protocole de l’observatoire, simple et ludique, les a rapidement séduits. 

Olivier nous explique :"Il suffit de répertorier tous les papillons présents dans le jardin et de les noter. Cependant, on peut s’y méprendre : il ne faut pas les compter ou les additionner mais bien inscrire le nombre de papillons de la même espèce que l’on observe simultanément. À titre d’exemple, si on voit un papillon gazé une fois par jour pendant deux semaines, à la fin du mois, nous inscrivons un seul papillon gazé. En effet comment être sûr que ce n'est pas le même individu qui revient tous les jours... Enfin, à la fin de chaque mois, nous reportons nos observations sur le site de l’Observatoire de la Biodiversité des Jardins."

Gare aux apparences 

Olivier se remémore ses premières observations, il y a 12 ans : "Assis dans le jardin, Alvyn et moi étions à l’affût du moindre mouvement et très concentrés sur la fiche d’identification qui nous est fournie sur le site. Nous tentions de reconnaître avec quelques difficultés certains des papillons présents dans notre jardin. Nous nous sommes sans doute trompés les premières années, reconnaissent-ils. Au début, il est normal de faire des erreurs d’identification et de notation."

Un papillon leur a notamment posé problème : le paon du jour, qui demande une certaine acuité visuelle.  "En plein vol, il semble de couleur noire alors que seule la face extérieure de ces ailes l’est tandis que la face intérieure possède de nombreuses couleurs vives. On a mis longtemps avant de faire le lien entre le paon du jour et ses ailes d’apparences foncées au vol. Seule l’expérience permet de reconaître des papillons comme celui-là."

aporia-crataegi © b.fontaine-MNHN

"Réflexe secondaire "

Entre temps, Alvyn, le plus grand a quitté la maison et Maël, le cadet, a pris le relais. Depuis ses cinq ans, ce dernier suit les observations de son père et de son frère. « On passe du temps ensemble, c’est toujours très sympa » nous confie-t-il. Visiblement les sessions en famille sont un bon moyen de resserrer des liens, de créer des échanges complices. 

Intéressé comme son père par l’environnement, Maël ne limite pas à l’observation de son jardin. Même en vacances, son regard ne peut éviter le moindre battement d'ailes. « Je scrute les papillons partout, même lorsque je fais du vélo dans le quartier » nous avoue-t-il. « Dès que l’on aperçoit une ombre sur l’herbe, nous la suivons des yeux, ajoute le père. C’est devenu un réflexe secondaire ! »

Le principal avantage de ce protocole, selon eux, réside dans sa simplicité. « Lorsque nous sommes dans le jardin, nous faisons tout sauf observer les papillons ! souligne Olivier. Nous pratiquons cette activité surtout le week-end ou les soirs d’été. Généralement on jardine, on bouquine sur une chaise longue.  » Jusqu'à ce qu'un mouvement rapide capte l'attention. L'espèce est aussitôt enregistrée dans la tête ou anotée à la fin de la séance de jardinage ou du chapitre. « C’est aussi facile que ça ! »

Participants OBJ © Hugo Struna -MNHN

Marqueurs sensibles

Cette famille met également un point d’honneur à aider les scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle dans leurs suivis des populations animales. « Nous resentons une certaine satisfaction à participer, même de manière très modeste, à la recherche ainsi qu’à la préservation de la biodiversité. Les papillons sont des marqueurs sensibles de l’état de pollution de la planète. »

Les deux compagnons ont découvert que le nombre général de papillons varie selon les années. Il y a des années à papillons et d’autres sans ; ces dernières devenant plus fréquentes, selon eux, au fil des observations. Une tendance qu'Olivier retrouve ausi à l'échelle nationale lorsqu'il reçoit chaque année le bilan annuel. Les corrélation étalées sur un an sont flagrantes, « et ce, même si notre jardin n’est qu’une miette parmi tous les jardins des observateurs de la France entière ».

Aujourd’hui, cela fait douze ans qu’Olivier participe à l'Opération papillons avec ses fils. Une décénnie à admirer, identifier, compter les lépidoptères qui parcourent le jardin. En espérant que cette tradition naturaliste familiale se perpétue.

 

Guillaume Marchand

 

 

Comme Olivier et Maël, recensez les papillons dans votre jardin avec l’Opération Papillons du Muséum national d’Histoire naturelle et de Noé. Un observatoire grand public. Plus d’informations ICI.
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