Les observatoires participatifs de Vigie-Nature reposent sur des protocoles pensés pour la métropole. Mais comment fait-on pour les adapter à d'autres latitudes, d'autres climats ? C'est la question qui s'est posée pour le Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC) en Martinique.
En métropole
Le STOC possède en effet un plan d'échantillonnage pensé pour les espèces d'oiseaux communs européennes. Les points d'écoute de 5 minutes sont réalisés dans un carré de 2x2 kilomètres tiré au sort. Ces carrés sont relativement accessibles en raison d'un géographie française plutôt favorable. L'observateur vient écouter les oiseaux dans ses carrés avant et après le 8 mai parce qu'elle correspond à peu de chose près à la charnière entre la période de reproduction des espèces sédentaires (merle, mésanges, etc.) et celle des espèces migratrices transsahariennes (les hirondelles, les fauvettes, etc.).
… et chaque année
Ensuite, les relevés des oiseaux et de leurs habitats sont répétés chaque année aux mêmes points et aux mêmes dates, dans la mesure de conditions météorologiques favorables, par le même observateur. Le terme « même » dans la phrase précédente a toute son importance puisque c'est grâce à lui que l'on peut comparer d'année en année la présence ou l'absence des espèces d'oiseaux communes dans un habitat (forêt, champs, prairie, ville, etc.).
En Martinique
Tout cela, c'est donc pour la métropole. Grâce au programme Life + CAP DOM financé par l'Union européenne, Christelle Béranger, alors chargée de mission sur les actions du Life en Martinique, a coordonné la mise au point d'un protocole STOC adapté à la Martinique, tout en créant un réseau d'observateurs motivés. « Nous avons débuté le STOC en 2012. Avec deux premières années test, nous avons recruté des « stockeurs », testé le protocole et formé des observateurs ».
ici une vidéo sur la formation des observateurs au STOC en Martinique
La sollicitation du Muséum
Souhaitant avoir l'avis du professeur Frédéric Jiguet, responsable du programme STOC au Muséum national d'Histoire naturelle, le groupe STOC-Martinique désormais constitué de 11 partenaires institutionnels et associatifs et animé par l'association Le Carouge, a pris contact avec le Muséum. C'est là que certaines questions se sont posées : comment se répartit la reproduction des oiseaux « communs » de Martinique ? Et quand chantent-ils le plus dans la journée ? Diane Gonzalez chargée d'étudier les données STOC s'est attelée à l'analyse de leurs données récoltées pendant deux ans.
Tyran gris ©Frédéric Jiguet | MNHN
Un plan d'échantillonnage adapté
Les « stockeurs »de Martinique avaient fait trois passages. Etait-ce vraiment utile ? Il semble que non. Deux sessions suffisent : l'une d'avril à mi-mai et l'autre de mi-mai à fin juin. Cela allège le protocole et permet peut-être de multiplier les sites d'écoutes. Concernant l'heure de réalisation des relevés, il semble que l'abondance des espèces est la plus forte à 5h30 du matin et diminue significativement au fur et à mesure que la matinée s’écoule. Il faut donc démarrer les comptages dès que la visibilité le permet, pour détecter un maximum d’individus – et répéter les comptages à la même heure d’une année à l’autre.
Ailleurs
Le programme Life + CAP DOM s'est aussi déployé sur l'île de La Réunion et en Guyane. Là encore, il est probable que le STOC subisse des adaptations : notamment sur les fameux carrés tirés au hasard... Difficile de s'y tenir dans des conditions d'accessibilité difficile... A Mayotte, Bacar Oussemi employé au conseil général, est le seul observateur. Depuis cinq ans, il réalise tout seul 300 points d'écoute ! Mais il a demandé à Frédéric de lui tirer au sort ces points comme en métropole. En Guadeloupe, de 2009 à 2011, 1000 points d'écoute ont été réalisés dans le cadre d'une collaboration entre l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage et le Parc national de la Guadeloupe, mais personne n'est encore repassé sur les mêmes points. Une bonne base de travail pour caler un protocole adapté avec l'ornithologue local porteur du projet, Anthony Levesque.
Dans l'Océan Pacifique
Enfin, en Nouvelle-Calédonie, le STOC s'est également répandu grâce à l'animation de la Société Calédonienne d'Ornithologie depuis trois ans. Là-bas, ils se nomment les Stoteurs. Le programme est tellement bien parti que Christian Kerbiriou, responsable du Suivi des chauves-souris, travaille sur un protocole adapté à ces mammifères sur l'archipel de l'Océan Pacifique.
A chaque lieu, sa stratégie d'adaptation !
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Lisa Garnier, le lundi 10 février 2014
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Liens :
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