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Les vers de terre touchent-ils le fond ?

Sciences participatives

Sans couleurs vives pour être vu, ni chants pour être entendu, il fait partie des discrets. De ceux qui façonnent le monde dans l’ombre, et participent à nous le rendre habitable. Caché dans ses galeries, il pourrait vite paraître insignifiant et pourtant il est si fondamental. Puisqu’on le sait maintenant, il participe pleinement à l’existence du sol qui nous porte et nous nourrit dans nos régions tempérées. Remplaçable par des machines et des fertilisants ? Que nenni. Lui fait le lien entre l’inerte et le vivant. Son action, fine, subtile et multiple ne saurait être remplacée par une quelconque technologie. Mais nos chers vers de terre pourraient bien être en train de décliner silencieusement à cause d’elle.

 

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Les vers de terre, à ne pas prendre à la légère !
On a recensé 4 000 espèces de vers de terre et on estime qu’il pourrait y en avoir 10 000, dont la taille varie de 10 à 1m10. Il est dit que l’on peut trouver 2 à 3 tonnes de vers de terre par hectare. De grands chiffres, mais surtout un travail colossal ! 250 000 vers de terre ingèrent, fertilisent et brassent jusqu’à 600 tonnes de terre par an. Parmi ses talents, on retiendra son art de la transformation de la matière : Digestion, décomposition, brassage de la matière organique qui se dépose sur le sol. Laissant des nutriments là où il passe, il fait don de vie à des micro-organismes qui favoriseront la croissance des plantes. On notera sa maîtrise d’œuvre : Création d’aérations et structuration du sol, par creusement de galeries et confection de turricules. Modifiant la porosité du sol, il crée les conditions de passage et de la mise en réserve d’eau pour les racines. Ainsi jardinier à son insu, il est également garant d’une mémoire que nous n’avons de cesse de chercher : Il recouvre de couches de sol des traces du passé que nous retrouvons sur les chantiers archéologiques. Il préserve ainsi certains trésors et permet parfois de les dater grâce aux granules calciques qu’il laisse. Et comme toujours pour le vivant, et malgré lui, il est aussi ressource : tout à fait délicieux et nutritif pour certains, il participe de la grande chaine alimentaire. Ce que ne sauraient être les machines et les produits chimiques ! Non décidément, le ver de terre n’est pas une petite chose marronnasse qui trainasse au ras des pâquerettes !
 
Un déclin silencieux…
Sujet de peu d’intérêt pendant longtemps, la biodiversité du sol fait rarement parler d’elle dans l’actualité. Le sol étant un milieu difficilement accessible, il n’existe à ce jour que peu de données sur la tendance globale des populations et communautés de vers de terre. Une étude, dont les résultats ont été présentés au congrès annuel de la British Ecological Society’s en décembre fait état de la disparition d’environ un tiers de la population de vers de terre du sol anglais ces 25 dernières années. A ce rythme, il est plus que temps de tirer la sonnette d’alarme. Le Professeur James Pearce-Higgins, directeur scientifique à la British Trust for Ornithology en appelle à la raison : « Nous devons nous préoccuper de ce qui arrive à la biodiversité souterraine afin de protéger la biodiversité que nous voyons au-dessus du sol. Nous devons nous occuper des vers de terre. »
Et si nous n’avons que peu d’information sur l’état des populations, l’impact de pratiques intensives d’agriculture sur les vers de terre est en revanche scientifiquement bien documenté. Il n’est plus à prouver que des certaines pratiques de travail du sol et l’usage de pesticides ont un impact délétère sur eux.
Il s’agit donc d’adopter de bonnes pratiques. Par exemple : Privilégier des interventions sur sol sec et/ou froid (été/hiver) et en après-midi. Privilégier la fertilisation organique (fumiers et lisiers sans résidus d’antibiotiques et antiparasitaires, compost, pailles, bois fragmenté ...).
Maintenir un couvert végétal et conserver une litière au sol. Lire la suite ici.  
 
Veillons sur nos vers de terre !
Parlons d’eux autours de nous ! De leur importance, des bonnes pratiques, et d’autres histoires : Saviez-vous qu’il y a 2000 ans, reconnaissant leur rôle dans la fertilisation des sols, Cléopâtre en avait fait un animal sacré ? Les sujets devaient les vénérer et les protéger, et des prêtres devaient les étudier pour mieux les connaître. Les emporter hors du royaume était punit par la mort ! Saviez-vous que Darwin, qui a révolutionné les connaissances sur le vivant, avait placé les vers de terre comme sujet d’étude de haute importance ? Son dernier ouvrage « Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale » publié en 1882 est toujours édité. Attention ! La lecture de ses expériences et observations ne vous laissera pas insensible et vous fera sans aucun doute aimer les vers de terre.
Soyons conscient de leur présence ! Voyez les turricules qui parsèment le sol et les « cabanes » qu’ils constituent pour boucher leurs galeries, souvent visible au pieds des arbres.  - photographiée par Victor Dupuy

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Activité lombricienne (turricules) à gauche - Cabane (le ver a ramassé des éléments végétaux et minéraux pour recouvrir le haut de sa galerie) - photographies de Victor Dupuy

Engageons-nous dans les observatoires participatifs !
Rendez-vous à l’Observatoire Participatif des Vers de Terre.
Vous êtes en lien avec le monde agricole ? L’observatoire de l’OAB propose un protocole pour faire un suivi des vers de terre.
Vous êtes enseignant ou vous connaissez des enseignants ? Vigie-Nature Ecole propose un protocole adapté aux scolaires, la placette à ver de terre.
Enfin, cette année sera marquée par le projet #Bouché2022 : En 1972, Marcel Bouché a réalisé en inventaire des espèces lombriciennes présentes sur le territoire français. Cette année, soit 50 ans plus tard, il s’agit de retourner sur les 1400 sites inventoriés à l’époque pour établir l’évolution de la répartition de la diversité des espèces. La participation à l’effort d’échantillonnage est ouverte.
 
 

 
 

 

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