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Suivre les oiseaux communs dans les îles et sous les tropiques

Sciences participatives

Pour une fois, nous allons voyager vers des climats tropicaux. Le prétexte : la mission de Diane Gonzalez, notre spécialiste des indicateurs du suivi des oiseaux communs en Guyane au mois de juin 2014 ! Pour vous rappeler le déploiement du STOC en Outre-Mer, c'est ici.

Le STOC en forêt tropicale

C'était la première fois que Diane se rendait sous les tropiques. Et si elle a pratiqué le STOC en métropole, elle m'a avoué que « c'était difficile dans la forêt tropicale, que j'ai trouvé plutôt silencieuse. Je m'attendais à un vacarme d'insectes...On ne voit pas les oiseaux, la canopée étant très haute et c'est difficile de les identifier au chant. Certains sont très loin. » Et à force de lever les yeux vers le ciel, elle a failli marcher sur une mygale !

Un chantier pas facile

Rendons donc hommage aux coordinateurs du projet Nyls de Pracontal ainsi qu'Olivier Claessens du Groupe d’étude et de protection des oiseaux en Guyane (GEPOG). En 2012, tout était à faire pour développer le STOC : mobiliser les observateurs, désigner et caractériser les sites qui seront suivis, adapter le protocole de métropole et assurer la formation des observateurs à la reconnaissance des oiseaux

Il y a beaucoup beaucoup d'espèces en Guyane

La Guyane, c'est cependant plus de 565 espèces d'oiseaux nicheuses parmi les 720 dénombrées.... Alors comment déterminer celles qui sont les plus communes ? Sur 3 ans, les premiers participants au STOC Guyane ont détecté par la reconnaissance visuelle et le chant des oiseaux, 383 espèces. Mais seules 35 d'entre elles ont été observées plus de 100 fois. Ce sont donc elles qui ont été retenues pour le moment. La liste risque cependant de s'allonger au cours du temps.

Tec-tec (Saxicola tectes) © Bbb | Wikimedia Commons

Au milieu des océans

Sur les îles, la problématique est différente. A la Réunion, par exemple, les espèces d'oiseaux sont peu nombreuses : 40 espèces sont nicheuses mais 30% d'entre elles sont endémiques et ne se trouvent donc nulle par ailleurs dans le monde. Après deux années de développement du STOC par Nicolas Laurent de la Société d'études ornithologique de la Réunion, 34 espèces ont été répertoriées pendant les points d'écoute mais il faut maintenant lister celles qui sont "communes" pour l'île.

Paruline jaune (Setophaga petechia) © Anthony Levesque

A la Martinique et en Guadeloupe

En Martinique, la situation est plus ou moins similaire. Il existe 79 espèces nicheuses et l'association Le Carouge qui anime le groupe STOC-Martinique m'a indiqué que 22 espèces sont contactées lors des points d'écoute. En Guadeloupe, Anthony Levesque qui porte le STOC sans financement Life+, m'a indiqué que sur 80 espèces nicheuses, environ 30 font parties des relevés du STOC. A titre de comparaison, 162 espèces représentent plus de 99% des individus observés toutes espèces confondues en métropole.

Saltator gros-bec (Saltator albicollis) © Frédéric Jiguet | MNHN

D'ici ou d'ailleurs

En revanche, à la Réunion, il s'agit de bien choisir ses itinéraires pour que tous les milieux de l'île puissent être représentés. On peut très facilement passer d'une petite ville, à une zone de friche, à une sylviculture et à une forêt secondaire en quelques dizaines de mètres seulement. L'autre particularité de la Réunion est le nombre élevé d'espèces d'oiseaux exotiques : près de 60 % des oiseaux détectés par le STOC ne sont pas originaires de l'île. Les autres sont presque toutes uniques au monde. Finalement, les espèces les plus rares (7%) sont celles qui se retrouvent naturellement dans d'autre pays de cette région de l'Océan indien par exemple l'Hirondelle de Bourbon (Phedina borbonica) ou la Salangane des Mascareignes (Aerodramus francicus). On les retrouve à l'île Maurice et aux îles Rodrigues, où d'ailleurs un projet de coopération a été lancé pour y déployer le STOC-EPS.

Salangane des Mascareignes (Aerodramus francicus) © Kévin Le Pape | Wikimedia Commons

L'année zéro

Tous ces programmes en sont à leur début. Souhaitons leur bonne chance et bonne continuation ! Mais je n'attendrais pas un quart de siècle (âge du STOC de métropole) pour en reparler ! D'ici là, il leur faudra de la patience ; les données ne pouvant « parler » qu'au bout de plusieurs années. Je conseille vivement à mes nouveaux lecteurs de lire : Observateurs, le temps vous donne raison et Sciences participatives : pourquoi il ne faut pas se décourager.

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Lisa Garnier, le lundi 27 octobre 2014

Pour s’abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr

 

A l'heure de la publication de ce post a lieu le séminaire Patrimoine naturel des Outre-mer organisé par le GEPOG en Guyane : le site ici.

Le site de Life+ CAP DOM ici. et de la Ligue pour la Protection des Oiseaux là

A cette occasion, une présentation des outils de suivi de l'avifaune dans les DOM a été faite par le GEPOG.

Séminaire gepog 27-10-14 from Vigie-Nature

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