Sur l’île de May en Ecosse, les adultes de Macareux moine, de Guillemots de troïl et de Pingouins torda survivent de manière synchrone : leur mortalité augmente les mêmes années et leur croissance aussi (l’article est là). Mais que se passe-t-il à l’échelle d’un pays ? En France, par exemple ? La survie des oiseaux peut-elle être synchrone ?
Chacune ensemble !
D’après les recherches de Manon Ghislain, qui vient de soutenir sa thèse de doctorat, 23 espèces de passereaux, dont les survies adultes ont été mesurées pendant 24 ans sur la France entière, présentent cette synchronie à près de 80 % !
© Manon Ghislain
Quand on parle de l’une, c’est aussi pour l’autre
Ce qui revient à dire que lorsque l’on parle d’une bonne année pour les mésanges charbonnières, on peut dire la même chose pour le troglodyte mignon, la mésange à longue queue et la fauvette à tête noire !
Troglodyte mignon © WJ Postma | Flickr
De l’utilité de la science à long terme
Manon s’est aidée des données patiemment récoltées par les bagueurs participant au Suivi Temporel des Oiseaux Communs par capture depuis 1989. Elle s’est concentrée sur six espèces vivant dans les zones humides (la liste des oiseaux est à la fin du post) et seize autres friandes de milieux buissonnants. Parmi celles-ci, plusieurs migrent vers l’Afrique l’hiver venu. Toutes se nourrissent d’insectes et de végétaux.
© Manon Ghislain
Le climat définit-il la qualité de l’année pour la survie des oiseaux ?
Ensuite, elle s’est demandée si le climat influence de manière identique les probabilités de survie de toutes ces espèces. Elle s’est notamment focalisée sur les températures et la pluviosité printanière qui touche une saison importante dans la vie des oiseaux : celle de la reproduction.
Un mâle Panure à moustache © Cédric Provost | Flickr
Les années « moyennes » sont les meilleures
Et elle a trouvé que toutes les espèces présentent la même réponse ! Avec un optimum de survie pour des températures et précipitations moyennes (soit 14.5 C° de moyenne au printemps et 65 mm de précipitations) mais aussi en cas de canicules printanières.
Les canicules comme exception
En effet, les canicules de 2003 et 2006 induisent de très bons taux de survie. «Pour certaines espèces, il a été montré que ce sont des années à très forte productivité de juvéniles» m’a expliqué Manon. «Cependant, si cela devait se produire plusieurs années de suite, la végétation et donc leurs habitats pourraient se dégrader.»
Rossignol philomène © francois granja | Flickr
Maintenir de bons sites de reproduction
Enfin, à l’échelle des 254 sites étudiés, il semble que la moitié de la survie des espèces s’explique par la spécificité des sites (zone humide, type d’habitat, etc.), ce qui veut dire que la protection des sites de reproductions et de leur qualité, est particulièrement importante pour la survie de vos oiseaux préférés !
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Lisa Garnier, le lundi 19 juin 2017
Contact : lisa.garnier@mnhn.fr
Merci à tous les bagueurs participants ! et Merci à tous les oiseaux qui se sont laissés piéger !
Les 23 espèces d'oiseaux étudiés par Dr. Manon Ghislain
Zones humides
Milieux buissonnants
Sédentaires
Bruant des roseauxPanure à moustachesBouscarle de cetti
Rougegorge familierMésange charbonnièreMésange bleueMésange à longue queueBouvreuil pivoineMerle noirGrive musicienneTroglodyte mignonFauvette à tête noirePouillot véloceAccenteur mouchet
Migrateurs
Rousserole effarvateRousserole verderollePhragmite des joncs
Pouillot fitisFauvette des jardinsFauvette grisetteRossignol philomèleHipolaïs polyglotte
AGENDA
Samedi 24 juin, Vigie-Nature participe à l’inauguration du Parc du Peuple de l’herbe dans les Yvelines !!
Ce sera aussi l’occasion de découvrir la nouvelle Maison des insectes, animée par notre partenaire l'Opie ! L’équipe de Vigie-Nature sera présente pour des animations autour des escargots et des balades botaniques.