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Les pollinisateurs nocturnes n'y voient plus clair !

Sciences participatives

Alors que les jours raccourcissent, que la fin de l'été s'annonce, les pollinisateurs continuent de bourdonner et vibrer de fleurs en fleurs. La nuit, le manège ne s'arrête pas. Au contraire ! De nombreuses espèces d'insectes prennent le relais de la pollinisation l’obscurité venue.

Des fleurs désertées

Seulement voilà ! Eva Knop et ses collègues - dont Colin Fontaine chercheur au laboratoire Cesco - viennent de montrer (ici) que lorsque l'on éclaire une prairie de nuit, les pollinisateurs nocturnes désertent les fleurs ! Plus de la moitié décide de les bouder comparées aux prairies baignées dans le noir !

Senecio jacobaea © Sacha Berna

La pollution du ciel

Avec une augmentation de la pollution lumineuse de 6 % par an, cela titillait depuis un moment les chercheurs de savoir si l'éclairage de nos rues, routes et chemins modifie le comportement des insectes pollinisateurs nocturnes. La pollution lumineuse agit bien sur les chauves-souris (relire L’éclairage nocturne plus fort que le béton ici) !

Dans les prairies suisses

Pour en avoir le cœur net, ils ont planté des lampes LED utilisées pour l'éclairage des rues dans de jolies prairies naturelles des pré-Alpes suisses. Comme dans les rues, elles étaient positionnées à quatre mètres de hauteurs. Chacune de ces prairies avait son homologue « naturel », plongé dans l'obscurité. Ensuite, les chercheurs se sont amusés à déterminer tous les visiteurs des fleurs, de jour comme de nuit lors d'un été.

Un modèle de chardon

Parmi ces fleurs, il y avait le Cirse maraîcher, un beau chardon pouvant atteindre plus d'un mètre de haut. Ça tombait bien, c'est un chardon qui pique à peine ! Et c'est un chardon visité par les insectes nuit et jour. Une caractéristique idéale pour les chercheurs qui souhaitait tester l’effet de la disparition des pollinisateurs nocturnes.

Cirse Maraîcher © Sacha Berna

 

Des chardons qui n'ont rien demandé

Les Cirses n'ont pas trop apprécié leurs nouvelles veilleuses ! Parce qu'avec leur baisse de fréquentation des insectes la nuit, ils ont perdu 13 % de leur production de graines ! Même en étant pollinisé le jour ! 

Plagionathus arbustorum, pollinisateur de nuit rencontré sur les fleurs même avec de la pollution lumineuse © Sacha Berna

De la lumière aux plantes

« Cela veut dire que les pollinisateurs nocturnes et diurnes sont complémentaires, les visites des uns ne pouvant être remplacées par celle des autres » m'a dit Colin, « et que l'éclairage artificiel a un effet négatif sur la reproduction des plantes par l'intermédiaire des insectes pollinisateurs nocturnes ».

…Des plantes aux pollinisateurs diurnes

Les chercheurs se sont donc demandé si beaucoup de plantes de la prairie sont comme le Cirse maraîcher. Parce que si elles sont autant visitées le jour que la nuit, il y a de bonnes chances pour qu'un certain nombre d'entre elles voient leur nombre de graines réduire aussi.... Et il semble que oui ! Si l’éclairage nocturne diminue la reproduction de ces plantes, cela pourrait aboutir à moins de ressources florales pour les pollinisateurs de jour également !

 

Perce-oreille (Forficula auricularia) pollinisateur de nuit (surtout) et de jour complétement absent dans les prairies éclairées © Sacha Berna

 

Des pièges ?

Mais cet éclairage venu de nulle part planté au milieu de la prairie, quel est son effet sur les insectes ? « Est-ce qu'ils fuient la source lumineuse ou au contraire sont-ils attirés et piégés ? » se demande Colin. « Et sur le long terme, peuvent-ils s'adapter, changer de comportement face à une lumière installée de manière impromptue ? »

 

Ouvrez l'oeil !

Silvia pratensis © Sacha Berna

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Lisa Garnier, le lundi 11 septembre 2017

Contact : lisa.garnier@mnhn.fr

Nous remercions Sacha Berna, stagiaire au laboratoire Cesco dans le cadre de ses études à l'école Duperré pour l'illustration de ce post !

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