En six ans d’existence, l’observatoire des papillons de jour à destination des gestionnaires d'espaces verts, le PROPAGE (PROtocole PApillons GEstionnaire), livre son premier bilan (ici). Anne-Laure Gourmand, responsable de sa coordination scientifique, m’en a expliqué les grandes lignes.
Le Propage en quelques mots ?
« Le PROPAGE animé par Julie Valarcher de l’association Noé est destiné aux gestionnaires d’espaces verts. Il est né de la volonté d’évaluer l’efficacité des actions entreprises pour favoriser la biodiversité dans les communes. »
Est-ce que ça marche ?
« Oui, si l’on se donne le temps d’observer plusieurs années de suite les communautés de papillons. Or, nous remarquons que bien souvent le suivi des papillons n’est réalisé qu’une seule année. Cette première année ne représente qu’un point de départ, une année zéro. Elle doit être comparé aux années suivantes. »
Un peu comme le suivi de sa consommation d’eau ou d’électricité ?
« Tout à fait. Ce n’est que lorsqu’un agent est venu relever le compteur, que le chiffre peut être comparé à ceux des années précédentes. Dans un même ordre d’idée, comme il est possible de comparer sa consommation d’eau à la consommation moyenne des ménages, on a cherché à mettre au point un indice qui permet de situer ses propres relevés de papillons par rapport à l’ensemble des données nationales. »
Comment ?
« Chaque espèce de papillons est plus ou moins sensible à la vie urbaine. Grâce aux données de l’Opération Papillons, un observatoire pratiqué dans les jardins, mon collègue Benoît Fontaine, responsable des observatoires naturalistes, a pu calculer pour chaque espèce un indice de sensibilité à l’urbanisation. Cela nous permet d'établir des indices de sensibilité local comparable aux indices de sensibilité national. Ainsi, la commune peut évaluer la qualité de son milieu. Par exemple, l’indice de la prairie 1 187 du département de la Seine-Saint-Denis, est globalement supérieur à l’indice national des prairies. Ce résultat préfigure une prairie de bonne qualité. »
Quels sont les habitats les plus étudiés ?
« Les friches et les prairies fauchées. C’est aussi là où il y a le plus de probabilité d’observer une diversité d’espèces de papillons. L’analyse des données récoltées depuis 6 ans nous a permis de mettre en évidence des tendances connues : moins les prairies sont fauchées dans l’année, plus y a d’espèces de papillons et plus l’urbanisation augmente, moins il y a d’espèces. Contrairement aux prairies, les cimetières sont relativement peu suivis. Pourtant, il est intéressant de noter que c’est dans les cimetières que l’on rencontre surtout le Brun du Pélargonium, une espèce exotique qui est l’une des espèces les moins sensibles à l’urbanisation puisque ses chenilles se développent sur les pélargoniums en pots. »
Comment les gestionnaires d’espaces verts accueillent ces résultats ?
« Quand je réalise des restitutions locales, les gestionnaires aiment comparer leurs mesures d’abondance et de richesse spécifique aux moyennes nationales. Si un lieu présente une communauté de papillons très faible, nous réfléchissons ensemble à la cause de ce résultat et ils se rendent compte que c’est souvent lié à l’environnement du site (un rond-point, une pelouse longeant une route…). »
Un mot de conclusion ?
« Regardez la vidéo de l’association Chico Mendes ! Ils présentent leur démarche Biodivert dans laquelle a été intégrée le Propage. »