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Des plantes à fleurs aux pollinisateurs, en passant par une thèse !

Sciences participatives

Grâce aux nombreuses données collectées par les participants de Vigie-Flore et d’autres programmes, Solène Agnoux débute une thèse sur la relation entre les plantes à fleurs et les pollinisateurs.  

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Liés pour le meilleur et pour le pire
La majorité des espèces de plantes à fleurs entretiennent une relation mutualiste avec des insectes pollinisateurs : Ils ont besoin d’elles pour se nourrir et elles ont besoin d’eux pour se reproduire. Alors, le déclin des pollinisateurs signifie le déclin des espèces de plantes qui en sont dépendantes pour se reproduire. Et le déclin d’espèces de plantes à fleur est supposé être un des facteurs majeurs impliqués dans le déclin des pollinisateurs. Ainsi, un cercle vicieux pourrait être à l’œuvre et conduire à des extinctions, via ce que l’on peut nommer des « boucles de rétroaction plantes-pollinisateurs ». Celles-ci restent mal comprises, parce que peu d’études ont été menées sur les deux groupes de manière conjointe. C’est à ce sujet que Solène Agnoux va consacrer sa thèse, pour laquelle elle a rejoint le laboratoire du Cesco la semaine dernière.

Le message de Solène
« Bonjour !
Je débute cette semaine une thèse sur l’étude des changements de composition de la flore en Île-de-France face aux changements globaux et les conséquences pour les interactions plantes/pollinisateurs. Coencadrée par le CESCO (Emmanuelle Porcher) et l’Agence Régionale de la Biodiversité d’Île-de-France, je vais avoir le plaisir d’analyser et de mettre en avant l’ensemble des données Vigie-Flore de la région depuis la mise en place du programme ! Pour cela, je vais dans un premier temps chercher à caractériser les espèces de plantes en déclin ou en augmentation puis analyser les conséquences des changements au sein des communautés végétales sur les ressources disponibles (nectar et pollen) pour les insectes pollinisateurs. Le dernier axe sera consacré aux relations entre les tendances temporelles des plantes et les tendances temporelles des insectes, en lien avec les changements d'occupation du sol et les changements climatiques.
Durant mon Master en Écologie de la Conservation au Muséum, j'ai eu l'opportunité de travailler sur les données de suivis participatifs de papillons en France1. Les résultats obtenus étaient très encourageants concernant l'utilisation des données de sciences participatives. De nombreuses études ont déjà été menées à partir des données Vigie-Flore et pouvoir à mon tour mettre en valeur l'investissement des participants au cours des années et leur passion pour la flore me tient beaucoup à cœur. »

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Une histoire qui s’inscrit dans « les tendances temporelles »…
Comparer et mettre en lien les tendances temporelles des plantes à fleurs et des insectes pollinisateurs, pour pouvoir mieux connaître leur relation et comprendre comment les variations dans le temps des un.e.s et des autres s’influencent, nécessite des bases de données bien fournies, à la fois sur ces plantes, ces insectes, mais aussi sur les variables environnementales qui les influencent (urbanisation, météo…). Grâce à l’essor de bases de données environnementales et des différents programmes de sciences participatives, Solène pourra s’appuyer sur des données déjà existantes (suivi floristique Vigie-Flore, données d’occurrence de la flore et des insectes pollinisateurs du GBIF, suivi SPIPOLL, bases de données de traits floraux et environnementales).
A peine arrivée, Solène a déjà commencé à se plonger dans le jeu de données de Vigie-Flore, son principal support d’analyse. Vigie-Flore propose aux botanistes amateurs et professionnels d’inventorier la flore selon un protocole défini, pour permettre un suivi des changements d’abondance des espèces végétales les plus communes en France. Les "Vigie-floristes" participent ainsi à l'amélioration des connaissances sur l’impact des activités humaines et des changements globaux sur la flore métropolitaine, et ce depuis 14 ans ! Il est indispensable d’avoir à disposition des données récoltées sur du temps long pour pouvoir faire des analyses robustes en Ecologie, dégager des tendances et des processus qui s’affirment au-delà d’évènements épisodiques. D’où l’importance de la participation régulière et à long terme même si les retours scientifiques restent ponctuels et espacés dans le temps. Solène se sent d’autant plus motivée et investie par cet effort de récolte et la fidélité des participants au protocole : « ce n’est pas comme si tu avais juste fait ton protocole, tes analyses et ta publication, là il y a beaucoup de personnes qui se sont impliquées et sans elles, je ne pourrais pas faire ce travail. Je remercie vraiment les gens qui participent et pouvoir partager les résultats avec eux me tient beaucoup à cœur ».

…Et qui s’écrit avec « les traits de vie ».
Traiter autant de données exige un travail de mise en forme, de compréhension, d’harmonisation pour éviter des biais et pouvoir faire de bonnes interprétation des résultats, ce qui anime particulièrement Solène : « Les tendances temporelles sont calculées pour des espèces, on sait un peu à quoi s’attendre mais ce qui devient intéressant c’est de confronter ces tendances avec les traits de vie des plantes, et de comprendre pourquoi on obtient ce résultat ». Les traits de vie des plantes sont des caractères morphologiques, physiologiques et écologiques (par exemple, la période de floraison, la taille de la corolle, des motifs sur les pétales ou encore la production de parfum pour attirer les pollinisateurs...). Chacun de ces traits peut être un avantage ou un désavantage pour la survie et la reproduction des individus selon l’environnement dans lesquelles ils se trouvent, les pressions qui y apparaissent, l'absence ou la présence d'autres espèces... Il s'agit donc de « Pouvoir mettre à jour que les espèces qui présentent tels traits ou tels traits sont en déclin ou en augmentation, et voir ce que cela implique pour d’autres groupes que les plantes, comme les pollinisateurs... j’aime bien le voir comme une histoire : tu observes ça, pourquoi, qu’est-ce que cela implique, et du coup on s’attend à quoi ? Je suis très curieuse » conclut Solène. Nous aussi, mais il va falloir patienter encore un peu pour connaître les résultats !

1 Solène a précédemment travaillé sur les données relatives aux papillons issues de plusieurs programmes de sciences participatives : Opération Papillon pour le grand public, le STERF pour les naturalistes et le PROPAGE destiné aux gestionnaires d’espaces verts.
Consulter l'article sur les résultats de son travail

HD.

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